Image de la semaine | 24/01/2011
Une cellule à enclumes de diamant
24/01/2011
Résumé
Presse haute pression à enclumes de diamants.
Les géologues, physiciens… qui veulent faire des expériences à très haute pression (jusqu'à 500 GPa ≈ 5 millions d'atmosphères) utilisent des presses appelées cellules à enclumes de diamant (CED), dont le principe est très simple : il s'agit de comprimer l'échantillon à étudier en l‘écrasant entre les corps les plus durs qui existent, à savoir des diamants. Le principe de fonctionnement de telles cellules à enclumes de diamant a déjà été détaillé dans un précédent article. Cet article détaillait la plus standard des CED, celle dont les diamants sont rapprochés grâce à un jeu de vis et de levier. Il existe un autre type de cellule, dont les diamants sont rapprochés grâce à un piston mis en jeu par du gaz comprimé. Comme c'est ce dernier type de cellule que nous avons utilisé pour faire les films sur les changements de phases de l'eau, nous vous montrons cette semaine des images de ce type de CED.
Ces cellules comprennent 3 parties (cf figure 2)
- Un cylindre de guidage, fixe. C'est à l'intérieur de ce cylindre que se trouve fixé l'un des diamants, sur lequel repose un joint métallique percé d'un trou servant de chambre à l'échantillon.
- Un piston mobile qui peut rentrer en coulissant à l'intérieur du cylindre. Sur la face interne du piston se trouve fixé le deuxième diamant, en saillie. C'est en faisant rentrer à fond le piston dans le cylindre et en resserrant très fort l'un sur l'autre que le diamant en saillie écrasera le joint.
- Un capot, qu'on peut visser sur le cylindre en enserrant ainsi piston mobile entre cylindre et capot. Ce dernier comporte une membrane métallique torique déformable reliée à une bouteille de gaz comprimé par un fin tuyau métallique. Ce gaz comprimé peut déformer la membrane torique en la faisant gonfler. C'est cette membrane métallique qui va pousser le piston et son diamant en saillie vers le cylindre.
Quelques éléments techniques sur cette cellule. La membrane déformable en forme d'anneau « gonflable » appuie sur la partie supérieure du piston, lui aussi en forme d'anneau de rayon externe Re = 20 mm et de rayon interne ri = 15 mm, donc de surface S = π.(Re2-ri2) = 3,14.(202 – 152) = 550 mm2. La tablette terminale du diamant (culasse) fixée au piston mesure 0,25 mm de rayon, soit une surface s = 0,2 mm2. Le rapport des surfaces S/s est égal à 2750. Une pression appliquée sur la face supérieure du piston sera donc multipliée par 2750 au niveau de la tablette (ou culasse) du diamant. Il s'agit d'un rapport théorique ne tenant pas compte des contraintes mécaniques (frottement, élasticité de la membranes …). La bouteille de gaz comprimé délivrant une pression de 100 atmosphères (1.107 Pa), la pression à l'extrémité du diamant pourra atteindre 100 x 2750 = 275 000 atmosphères (28 GPa). On est loin des possibilités maximales des cellules à enclumes de diamant, mais cela permet sans problème d'observer les changements de phase de l'eau à 22°C, à 0,9 Gpa pour la transition liquide - glace VI et à 2,2 GPa pour la transition glace VI - glace VII.
Source - © 2010 Philippe Gillet, modifié