Image de la semaine | 27/09/2010
Modèle réduit de l'origine et de la mise en place de granites d'anatexie au sein des migmatites basiques de la Sand River, Afrique du Sud
27/09/2010
Résumé
Fusion partielle, drainage et accumulation : modèle réduit d'échelle métrique.
Nous avions vu, il y a peu de temps, ce qu'étaient des migmatites : « Migmatite, du grec μιγμα (migma) = mélange. Ensemble qui, à l'échelle de l'affleurement et non du petit échantillon isolé, est un mélange de roches de type granite et de gneiss ou micaschiste. […] Leur genèse est liée à une fusion partielle (= anatexie) de roche type gneiss ou micaschistes, roches typiques de la croûte continentale. Certaines parties de la roche fondent et constituent alors le mobilisat (= leucosome), magma de composition granitique. D'autres parties restent solides, et constituent le restat (ou restite = mélanosome) particulièrement riche en minéraux ferromagnésiens, principalement de la biotite.»
Cette définition, issue du Dictionnaire de Géologie (A. Foucault et J.F. Raoult) n'est pas tout à fait générale, bien qu'elle concerne la majorité des migmatites visibles en France (dans les chaînes hercynienne et cadomienne). La fusion partielle peut affecter des roches autres que des gneiss ou des micaschistes, même en domaine continental. Elle peut en effet affecter des roches basiques.
C'est le cas de nombreuses migmatites archéennes ou du Protérozoïque inférieur, comme sur des affleurements visibles (à la saison sèche) dans le lit de la Sand River en Afrique du Sud, juste au Sud du Zimbabwe, où la fusion partielle affecte aussi bien des roches acides (anciens granites, gneiss et sédiments) et basiques (anciens gabbros et amphibolites).
Ces migmatites font partie de la Ceinture du Limpopo, très vielle zone de suture entre les cratons sud-africain et zimbabwéen. L'âge de la migmatitisation serait de 2,5 Ga ; l'âge du protolite (granites de type TTG et roches basiques) serait de 3,2 Ga.
Dans le cas de migmatites se faisant au dépens de roches basique, la fusion partielle est en général beaucoup plus limitée que dans les roches acides, car les roches basiques (plus ou moins hydratées) commencent à fondre à une température plus élevée que les roches acides ou pélitiques. Les minéraux ferro-magnésiens du résidu de fusion ne sont pas majoritairement des biotites, mais des amphiboles (voire des pyroxènes). Mais le liquide ainsi formé est un magma acide, qui par cristallisation donnera du granite. Ces granites seront assez peu différent « macroscopiquement » des granites issus de la fusion partielle de roches acides ou pélitiques bien que des analyses minéralogiques ou chimiques fines montrent des différences notables.
Cette fusion partielle de roches basiques à l'origine de granites a très vraisemblablement eu un rôle non négligeable (voire majeur) à l'Archéen et au Protérozoïque inférieur dans la genèse de la croûte continentale.
Des compléments scientifiques sur cette province migmatitique sont disponibles sur le site de Jean François Moyen (Voyage géologique en Afrique du Sud) qui m'y a guidé.
Outre ces migmatites basiques, le lit de la Sand River (Afrique du Sud) révèle d'autres merveilles géologiques que nous verrons au cours des prochaines semaines.