Image de la semaine | 01/03/2004
La limite Permien / Trias
01/03/2004
Résumé
La limite Permien / Trias dans l'arrière-pays niçois (Alpes maritime).
La crise Permo-Trias (P.T.) est la crise biologique connue la plus importante dans l'histoire de la Terre, avec 57% des familles et 95% des espèces marines qui disparaissent. Les causes de cette crise sont très discutées, mais il y a sans doute synergie de différents évènements géologiques : crise volcanique majeure, grande régression, réchauffement climatique, crise de salinité…
En France, la limite PT se voit en de très nombreux endroits, mais jamais en contexte de sédimentation marine continue à cause d'une régression généralisée : Permien supérieur et Trias basal sont continentaux, avec très souvent interruptions de sédimentation, surface d'érosion… Ils sont très souvent presque azoïques.
L'arrière pays niçois (région du Haut Var) expose magnifiquement cette limite PT, en particulier grâce à 3 vallées qui recoupent cette limite avec de très bonnes conditions d'affleurement : le gorges du Var (appelée gorges de Daluis), la vallée de la Roudoule et les gorges du Cians.
La première figure montre dans sa partie inférieure un affleurement de pélites gréseuses couleur rouge violacé, dite "lie de vin" : il s'agit du Permien supérieur. Au dessus affleure un banc gris-jaunâtre, beaucoup plus résistant à l'érosion : c'est le Trias inférieur (appelé Werfénien sur la carte géologique). La limite exacte PT se trouve dans le liseret d'ombre juste sous la barre triasique
La deuxième figure montre cette limite PT. En bas, les niveaux permiens "lie de vin" ; ces niveaux sont surmontés d'argilites vertes (toujours du Permien); au dessus, les grès conglomératiques du Trias. La surface basale du Trias est ondulée, et recoupe légèrement les strates argileuses : il s'agit d'une surface d'érosion. Le sommet du Permien est de couleur verte, alors que la masse des argiles est plutôt rouge-violacé. La couleur rouge-violacé vient de la présence de Fe3+ ; la couleur verte vient de l'absence de Fe3+ (et de la présence de Fe2+). De tels niveaux verts existent dans le Permien du Haut Var, mais n'en représentent qu'une infime fraction. Le parallélisme entre la limite PT et la couche verte n'est sans doute pas un hasard. Vraisemblablement, le sommet du Permien, juste avant l'arrivé des grès conglomératiques triasiques devait être " hors d'eau " et recouvert d'un sol, avec une litière importante. La matière organique de ce sol aurait réduit le Fe3+ des argilites permiennes, le transformant en Fe2+. La surface sur laquelle s'est déposé le grès conglomératique est une surface d'érosion ; mais l'érosion a vraisemblablement été suffisamment faible pour avoir épargné la base des niveaux réduits infra-pédologiques. Il n'est pas exclu aussi que des circulations d'eaux réductrices (chargées de sulfures) dans la barre gréseuse soient à l'origine de ce niveau vert. Ces faciès sont presque azoïques et leur attribution stratigraphique précise est impossible. On ne sait donc pas quel écart de temps sépare ces deux couches.
Les figures 3 et 4 montrent une vue d'ensemble de cette limite P.T. telle qu'on la voit dans le paysage.
La figure 5 montre un extrait de la carte géologique de Puget Théniers et la légende correspondante.
La semaine prochaine, nous vous montrerons la limite Crétacé-Tertiaire, toujours dans la région du Haut Var, à environ 15 km au Sud de la limite P.T.