Article | 10/01/2019
Les plages de l'ile de Groix (Morbihan) : modèles géodynamiques de la subduction de l'océan Galice – Massif Central et de l'exhumation des roches métamorphiques
10/01/2019
Résumé
Paragenèses, protolithes, rétromorphoses, déformations, datations, rôle des fluides, géométrie : du terrain aux modèles de subduction et d'exhumation de roches.
Table des matières
- L'ile de Groix
- Structure générale de l'ile de Groix et caractéristiques de la déformation
- La nature du protolithe des roches de l'ile de Groix et les questions sur l'origine des roches basiques
- Les chemins P – T – t enregistrés par les roches de l'ile de Groix
- Les modèles de formation et de structuration de l'ile de Groix
- Quelle géométrie pour la subduction océanique de l'océan Centralien ?
- L'isograde du grenat : une paléozone de cisaillement ?
- Rétromorphose des roches métamorphiques : une influence des fluides et de la déformation ?
- Conclusion sur le contexte géodynamique de l'ile de Groix et questions en suspens
- Bibliographie
Qui voit Ouessant, voit son sang
Qui voit Molène, voit sa peine
Qui voit Sein, voit sa fin
Qui voit Groix, voit sa croix.
L'ile de Groix
Ouessant, Molène, Sein et Groix, quatre iles bretonnes, redoutées des marins. Redoutées des marins certes, mais aussi, et surtout pour Groix, réputée des géologues et des enseignants de SVT.
L'ile de Groix, dans le département du Morbihan, est accessible par bateau depuis le port de Lorient.
Nous nous intéresserons principalement, ici, à une zone de l'ile de Groix : la Pointe des Chats et alentours où affleurent des roches métamorphiques témoins de la subduction de l'océan Galice - Massif Central (ou océan Centralien) lors de l'orogenèse varisque.
Après avoir abordé, dans un premier article, la diversité pétrologique des roches métamorphiques de l'ile de Groix, nous discuterons dans ce deuxième article du contexte géodynamique préservé dans les paragenèses des roches métamorphiques de l'ile de Groix : la subduction de l'océan Galice – Massif Central et l'exhumation de ces unités.
Structure générale de l'ile de Groix et caractéristiques de la déformation
L'ile de Groix se subdivise en deux grands domaines, tous deux présentant une foliation peu pentée avec des orientations variables : une unité occidentale composée de métabasites et de micaschistes à graphite en faciès schistes verts surmontée par une partie orientale composée des métabasites et de métapélites en faciès schistes bleus et/ou éclogites.
La partie orientale appelée unité supérieure présente une foliation légèrement pentée vers l'Est. La partie occidentale appelée Unité inférieure montre des plans de foliation peu pentés définissant un antiforme (pli à courbure vers le haut) d'axe NW–SE. La limite entre ces deux unités correspond à l'isograde (c'est-à-dire, la ligne qui pour une chimie de roche donnée définit l'apparition ou la disparition d'un minéral) d'apparition du grenat vers l'Est dans les métabasites.
Les roches de l'ile de Groix montrent différents indices de déformation. Nous avons déjà vu les linéations, la schistosité et les déformations à l'échelle de la lame mince dans l'article précédent (cf. Les plages de l'ile de Groix (Morbihan) : diversité des roches métamorphiques associées à la subduction de l'océan Galice – Massif Central). Des figures de déformation ductile, notamment des plis, sont aussi visibles.
Des marqueurs de cisaillements ductiles, marqués par des bandes de cisaillement, des ombres de pression, des plis en fourreau, des tronçonnements de minéraux et des linéations d'allongement sont aussi observables.
Source - © 2009 Philippon et al. [11] | |
Source - © 2016 Damien Mollex / Lithothèque ENS de Lyon |
À l'échelle des affleurements, les glaucophanites sont souvent boudinées dans les micaschistes ce qui témoigne d'un contraste de compétence (une roche est dite compétente quand elle se déforme mal et a tendance à former des boudins ou à casser ce qui est le cas des glaucophanites, et incompétente quand elle se déforme facilement ce qui est le cas des micaschistes).
La cartographie du Sud de l'ile publiée par Philippon et al. en 2009 [11] a montré l'existence de deux sens de cisaillements marqués dans les ombres de pression. Le premier localisé uniquement au niveau de la zone de contact entre est les deux zones est orienté vers le Sud–Est (orienté N140, c'est-à-dire que sur un plan horizontal, sa direction forme un angle de 140° avec la direction N-S). Ce sens de cisaillement est uniquement visible quand la lawsonite (ou sa pseudomorphose) est préservée. Ainsi ce cisaillement est contemporain des paragenèses basiques de haute pression (les glaucophanites). Un autre sens vers le Nord–Ouest (orienté N350) est marqué uniquement dans les micaschistes dans les paragenèses formées lors de la rétromorphose (vers les schistes verts). Cette rétromorphose est marquée par la disparition de la lawsonite. Ce jeu marque les processus d'exhumation des unités de haute pression.
La nature du protolithe des roches de l'ile de Groix et les questions sur l'origine des roches basiques
Les métapélites de l'ile de Groix ont un protolithe pélitique qui témoigne d'un matériel continental détritique avec localement des passées volcano-sédimentaires.
La géochimie des métabasites montrent que ces roches dérivent de protolithes magmatiques basiques : basaltes et dolérites (équivalents microgrenus des basaltes). Dans le détail, la chimie varie entre deux pôles : celui des N-MORB (Normal - Mid Ocean Ridge Basalte), basalte typique des dorsales océaniques actuelles, et celui des basaltes formés sur les iles océaniques associées à un point chaud ou en zone intraplaque continentale (pour plus de détail sur la chimie des basaltes, se reporter à l'article Les magmas primaires basaltiques issus de la fusion du manteau).
Ces données permettent de discuter le contexte d'origine des roches basiques. Contrairement à ce qui est visibles dans la zone liguro-piémontaise des Alpes occidentales (cf. Prisme d'accrétion dans les Alpes), les paragenèses sont celles des faciès schistes bleus et éclogites (marquant une subduction), mais aucune structure de type ophiolite indiscutable n'est observable à l'ile de Groix (même si un affleurement de serpentinite est observé au Nord-Ouest de l'ile). Le fait de retrouver des unités franchement océaniques, telles que des MORB et dunites plutôt de type bassin marginal ou de bordure de marge, ressemble à une zone de type prisme d'accrétion, comme au niveau des subductions actuelles sur la côte Ouest-andine, la côte Est du Japon ou les Antilles, ou à un bassin marginal, ou à un pied de marge (comme certains affleurements du Pays basque, cf. Un volcanisme bien méconnu et pourtant si riche d'enseignement : le volcanisme du Crétacé supérieur du Pays Basque, ses pillow-lavas et la salinité de l'eau de mer). Ainsi l'ile de Groix serait un ancien prisme d'accrétion sédimentaire ou un ancien bassin marginal ou un ancien pied de marge continentale avec des fragments des roches magmatiques basiques subductées préservées.
Les chemins P – T – t enregistrés par les roches de l'ile de Groix
Les chemins pression – température reconstitués pour les métapélites montrent deux pics de pression – température (voir l'article de Valérie Bosse, Les glaucophanites de l'île de Groix) :
- 450°C-500°C pour 16 à 18 kbars (50 à 60 km de profondeur) pour la partie orientale de l'ile (Unité Supérieure),
- 400°C-450°C pour 14 à 16 kbars (45 à 50 km de profondeur) pour la partie occidentale de l'ile (Unité Inférieure).
Source - © 2002 D'après Bosse et al. [7], redessiné
Les âges des paragenèses en faciès schistes bleus sont datés de 370 à 360 Ma et celles en faciès schistes verts de 360 à 340 Ma. Ces âges permettent donc de caler la subduction entre 370 et 360 Ma et l'exhumation des unités entre 360 et 340 Ma.
Les modèles de formation et de structuration de l'ile de Groix
Récapitulons les différentes caractéristiques à prendre en compte.
- L'existence des métabasites emballées dans les métapélites.
- La subdivision de l'ile en deux unités montrant des chemins P-T-t analogues mais des pics de P moindres dans l'Unité inférieure à l'Ouest que dans l'Unité supérieure à l'Est.
- L'existence de deux directions de cisaillement : l'une vers le Sud-Est associée aux paragenèses de haute pression dans les métabasites (facies schistes bleus) et donc à la subduction océanique, et l'autre vers le Nord-Ouest, plus représentée dans le reste de l'ile, associée aux paragenèses formées lors de la rétromorphose (faciès schistes verts) et donc à l'exhumation des roches.
- L'absence de réelles unités ophiolitiques et la présence de métabasites dont la chimie des protolithes est comprise entre celles des MORB et des basaltes intracontinentaux.
- Un chemin prograde avec un pic daté à 370-360 Ma, et un chemin rétrograde associé à l'exhumation daté à 360-340 Ma
Quelle géométrie pour la subduction océanique de l'océan Centralien ?
Les marqueurs de cisaillement associés aux paragenèses de haute pression (par exemple les ombres de pression à glaucophane), notamment au cisaillement des lawsonites qui montrent une croissance prograde, c'est-à-dire lors de l'enfouissement des roches, donc de la subduction océanique, sont dirigées vers le Sud-Est. Cela témoigne (en supposant que la direction n'a pas subi de rotation notable) d'une subduction pentée vers le Nord avec un chevauchement de la plaque supérieure vers le Sud-Est imprimant à la roche un jeu de cisaillement vers le Sud-Est (voir schéma récapitulatif à la fin).
Les cisaillements associés à l'exhumation (cisaillement syn-paragenèse du faciès schistes verts, par exemple les ombres de pression à chlorite) vont dans le sens inverse, soit vers le Nord-Ouest. Ce sens de cisaillement permet de proposer une exhumation associée au jeu d'une faille de détachement pentée vers le Nord-Ouest (voir schéma récapitulatif à la fin).
L'existence de deux unités au niveau de l'ile de Groix a donné lieu à trois types de modèles extrêmes, les trois ayant pu jouer simultanément :
- un premier modèle dans lequel le contact entre les deux zones est un contact tectonique, une zone de cisaillement ductile au niveau de l'isograde du grenat faisant chevaucher l'Unité supérieure sur l'Unité inférieure ;
- un second modèle dans lequel la différence des paragenèses (et donc de rétromorphose) est liée à une différence d'hydratation des roches : l'eau facilitant les réactions métamorphiques de rétromorphose, les zones les plus retromorphosées seraient les plus riches en eau ;
- un troisième modèle dans lequel la différence des paragenèses est lié à une différence de déformation : la déformation en réduisant la taille des grains augmente la quantité de surfaces réactionnelles et permet les circulations de fluides favorisant ainsi les réactions de rétromorphose. L'unité occidentale (“inférieure”) serait donc la plus déformée.
L'isograde du grenat : une paléozone de cisaillement ?
La discontinuité enregistrée par la différence de chemin P–T des unités supérieure et inférieure a conduit à proposer une cause tectonique. L'isograde du grenat (dans les métabasites) représenterait un cisaillement ductile vers l'Ouest (donc un chevauchement de l'Unité supérieure sur l'Unité inférieure). Ainsi l'Unité supérieure représenterait une partie plus profonde du prisme d'accrétion subductée qui viendrait ensuite chevaucher une partie moins profonde. Ce cisaillement ductile à jeu chevauchant vers l'Ouest serait un chevauchement syn-métamorphe (c'est-à-dire contemporain du métamorphisme) ce qui expliquerait qu'il soit difficilement reconnaissable sur le terrain par des marqueurs tectoniques. Il correspondrait à un plan de schistosité portant l'isograde du grenat (l'utilisation d'isogrades pour reconnaitre une zone de cisaillement est un trait classique en déformation ductile : par exemple, une définition du chevauchement central himalayen, le MCT, est la zone marquée par l'isograde du disthène).
Rétromorphose des roches métamorphiques : une influence des fluides et de la déformation ?
Le fait que les marqueurs de subduction océanique sont préservés uniquement dans certaines glaucophanites alors que les autres roches ne gardent pas traces de cet épisode peut s'expliquer par la déformation. Pour expliquer cela, il faut faire intervenir la compétence des roches, c'est-à-dire leur capacité à se déformer. On dira qu'une roche est compétente si elle se déforme difficilement. À l'inverse, une roche qui se déforme facilement est dite incompétente. Les observations montrent que les métabasites en faciès schistes bleus sont plus compétentes que les schistes verts et les micaschistes. Or la déformation influence le métamorphisme : via la recristallisation des minéraux et la diminution des surfaces réactionnelles elle peut limiter les processus de diffusion, ou, au contraire, via le tronçonnement des minéraux augmenter les surfaces réactionnelles et donc favoriser les processus de diffusion (et donc la rétromorphose des roches). C'est ce deuxième aspect qui explique les observations : les métabasites qui sont des roches boudinées donc moins déformables sont moins sensibles aux tronçonnements, les paragenèses les plus antérieures (faciès schistes bleus) et les déformations les plus antérieures (celles associées à la subduction océanique) sont préservées tandis que les autres roches, plus déformables recristallisent et enregistrent la déformation associée à l'exhumation.
Un autre aspect important est l'influence des fluides sur le métamorphisme. Dans la partie centrale de l'ile, les glaucophanites sont étroitement associées aux schistes verts à chlorite, albite, paragonite (mica blanc sodique), barroisite (amphibole calcosodique), titanite (aussi appelé sphène), quartz, magnétite et ilménite. Cette intrication est visible à différentes échelles (du cm au m). Les schistes verts forment le plus souvent des niveaux concordants dans la foliation des schistes bleus mais apparaissent également dans des plans de cisaillement ou en plans axiaux de plis.
Source - © 1993 Adapté de Barrientos et Selverstone [6]
Ces deux lithologies sont en contact continu (absence de faille ou de zone de cisaillement pouvant les juxtaposer). Se pose donc la question de l'origine de cette association entre roches de minéralogies si contrastées.
En pétrologie métamorphique, une différence de composition minéralogique entre deux roches peut résulter de la variation de trois paramètres :
- les conditions de pression et de température qui vont influer sur la stabilité d'un assemblage minéralogique donné ;
- la composition chimique du système considéré (qui reflète celle du protolithe), ici celle de la roche ;
- la présence de phases fluides dites “libres” lors de la cristallisation de l'assemblage métamorphique. Il s'agit principalement de fluides supercritiques composés d'H2O et/ou CO2.
Dans le cas présent, on peut tester l'influence de la chimie du système via la construction de diagrammes dits isocones. Ceux-ci permettent de comparer très facilement la chimie de deux échantillons (un schiste bleu et un schiste vert) en indiquant sur chaque axe les teneurs élémentaires respectives (en poids d'oxyde). Si les points ainsi tracés s'alignent sur une droite de pente 1 alors les deux échantillons peuvent être considérés comme chimiquement identiques.
Source - © 1993 Adapté de Barrientos et Selverstone [6]
On montre ainsi que le protolithe (roche initiale ayant subi le métamorphisme) des schistes verts et bleus était identique. Une différence de chimie ne peut pas expliquer les différences de minéralogie observées.
Les outils modernes de la pétrologie métamorphique (mesure locale des compositions chimiques minérales, construction de diagrammes de phases adaptés à la composition chimique considérée) permettent de reconstituer les domaines de stabilité d'assemblages minéralogiques donnés dans l'espace pression – température. Les études conduites à Groix sur les roches basiques ont permis de montrer que l'assemblage minéralogique des schistes verts est stable à plus basse pression que celui des schistes bleus.
Par ailleurs, il est possible de faire les observations suivantes en lame mince :
- les minéraux des schistes bleus sont notablement déformés et définissent une foliation et une linéation d'étirement. À contrario, les minéraux des schistes verts sont dans quelques endroits orientés de façon aléatoire (mais pas tous, voir la figure avec les ombres de pression à chlorite) ;
- des reliques de glaucophane sont observables au sein des cristaux d'albite typiques des schistes verts.
Ces observations texturales couplées au diagramme (pression-température) de stabilité des assemblages minéraux montrent que les schistes verts sont issus de la rétromorphose des schistes bleus. Autrement dit, l'ensemble de ces roches a été porté à un instant donné dans les conditions du faciès schistes bleus. Au cours de l'exhumation, une partie seulement des schistes bleus ont subi des transformations minéralogiques aboutissant à la formation des schistes verts.
Les réactions de rétromorphose sont donc spatialement contrôlées par un facteur spécifique : la présence d'une phase fluide libre.
L'existence de celle-ci peut être déduite à partir de l'écriture des réactions de rétromorphose.
Par exemple, pour obtenir à partir de l'assemblage schistes bleus un assemblage schistes verts à albite – chlorite dans les proportions modales (proportion de chaque minéral) telles qu'observées à lame mince, il faut écrire la réaction :
- 10 Gln + 10 Grt + 3,1 Ep + 21,4 Rut + 23,6 H2O → 19,6 Alb + 4,4 Chl + 14,2 Tit + 22,4 Qtz + 3,1 Magn + 8,4 Ilm[1]
Réaction qui prend en compte au sein des réactifs une phase fluide libre, H2O. La réaction de rétromorphose est donc bien contrôlée par la disponibilité d'un réactant, ici, une phase aqueuse.
Les datations des schistes bleus et de schistes verts permettent d'estimer une vitesse d'exhumation (de remontée) des unités auxquelles elles appartiennent. Ces résultats semblent indiquer une exhumation rapide bien qu'ils soient à prendre avec précaution compte tenu des faibles températures auxquelles sont soumises ces roches (ce qui limite la diffusion et donc l'enregistrement chimique des évènements géodynamiques).
Cet exemple met bien en évidence le rôle de deux paramètres essentiels sur le métamorphisme, en plus bien sûr de la pression et de la température : les fluides et la déformation. Ce seraient, dans ce modèle, la présence de fluide (ici l'eau) et la capacité des roches à se déformer qui expliqueraient la différence entre l'Ouest et l'Est de l'ile et entre les roches au sein de ces différentes unités.
Dans une telle hypothèse, cela nécessiterait que la partie occidentale de l'ile ait été plus soumise à l'hydratation et à la déformation lors de la rétromorphose.
Des études complémentaires seront donc encore nécessaires pour permettre de trancher ou de quantifier la part de chaque modèle dans l'histoire géologique de Groix. À moins de proposer un nouveau modèle…
Conclusion sur le contexte géodynamique de l'ile de Groix et questions en suspens
Un modèle global peut être proposé pour résumer l'histoire de la subduction de l'ile de Groix. Entre 370 et 360 Ma, il se produit une subduction de l'océan Galice – Massif Central sous le microcontinent Armorica. Puis entre 360 et 340 Ma, à la faveur d'un détachement penté vers le Nord, il se produit une exhumation des unités passées en subduction.
Source - © 2009 Inspiré et Adapté de Philippon et al. [11]
Les associations de roches à protolithes magmatiques océaniques et sédimentaires continentaux ont conduit à interpréter l'ile de Groix comme la relique d'un prisme d'accrétion sédimentaire dans lesquelles des roches basiques de type basaltes océaniques et de type pied de marge continentale sont préservées, comme observées dans certaines zones de subduction actuelles.
Les déformations enregistrées sont cohérentes avec un épisode subduction océanique du Sud sous le compartiment Nord au Dévonien terminal (âge du métamorphisme dans le faciès des schistes bleus) puis une exhumation due à un rejeu en extension de la zone de subduction au Carbonifère inférieur.
Les différences observées au niveau de l'ile peuvent être expliquées par différents modèles : un chevauchement ductile de la partie Est (avec un métamorphisme de plus haut grade) sur la partie Ouest marqué par l'isograde du grenat, une rétromorphose différentielle due à la disponibilité des fluides et/ou à un gradient de déformation de l'Ouest vers l'Est expliquant une rétromorphose plus poussée à l'Ouest qu'à l'Est.
Bibliographie
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[1] Gln : glaucophane ; Grt :grenat ; Ep : épidote ; Rut : rutile ; Alb : albite ; Chl : chlorite ; Tit : titanomagnétite ; Qtz : quartz ; Magn : magnétite ; Ilm : ilménite.