Ravines martiennes et glace carbonique
L'observation sur Mars, depuis 2000, de pentes d'éboulils montrant cheanux, ravines et cônes de débris "récents" voire "actuels" laissaient penser que de l'eau liquide en était à l'origine, comme sur Terre, et donc que de l'eau parfois liquide en surface existait peut-être aussi en profondeur permettant alors de relancer la recherche de vie pas seulement fossile sur Mars.
L'observation de ravines sur des pentes et dans des conditions telles que de l'eau même très salée ne semble pas pouvoir être liquide alors que la présence de glace carbonique est attestée a stimulé des études pour mieux comprendre le cycle de condensation /sublimation de la glace de CO2 et sa possible implication dans la formation des ravines et cônes de dépôts observés.
Une explication possible est la formation (observée) hivernale d'une couche de glace carbonique sur le régolithe martien. Au printemps, cette couche transparente aux rayons solaire est réchauffée par sa base (le Soleil réchauffe directement le sol). Les conditions sont telles que la glace ne fond pas mais se sublime : elle passe directement à l'état gazeux. Le CO2 gazeux, piégé sous la couche de glace diffuse dans les pores du régolithe dans lesquelles la pression augmente. Cette pression peut alors engendrer la fracturation du couvercle de glace et une rapide décompression du régolithe formé de débris portés par un gaz "porteur" permettant l'écoulement d'une partie du sol. Ce transport solide par un courant gazeux peut être comparer aux fonctionnement des coulées pyroclastiques terrestres.
L'étude permet de préciser les conditions et régions martiennes a priori favorables à ce processus (latitude, pente, exposition au Soleil...) et montre que régions favorables et réions "impactées" concordent assez bien.
Le communiqué de presse du CNRS : Les ravines de la planète Mars formées par la glace carbonique, et non de l'eau liquide.
L'article : C. Pilorget, F. Forget, 2016. Formation of gullies on Mars by debris flows triggered by CO2 sublimation, Nature Geoscience, 9, 65-69
O.D.- 05/01/2016