Classification phylogénétique du vivant - Les Métazoaires
Après un premier tome paru en octobre 2016, ce printemps 2017 voit sortir le second tome de la quatrième édition de l’ouvrage de Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader, initialement paru en un seul tome en 2001 et dont la troisième édition remonte déjà à 2006. C’est à partir de cette troisième édition que cette référence était passée d’un volume à deux, en 2013. Ce deuxième volume venant compléter les manques du premier, qui, de l’aveu même des auteurs, mettait l’accent sur « les taxons les plus importants pour les étudiants ». Cette quatrième mouture se marque donc, en premier lieu, par un changement majeur de la répartition des groupes entre les deux tomes, dans un souci de rationalisation. Le tome 2 est exclusivement dédié aux Métazoaires, autrement dit les hétérotrophes pluricellulaires, ou plus prosaïquement… les animaux, un groupe finalement assez petit, tant en diversité qu’en biomasse, comparé à la diversité des unicellulaires et des pluricellulaires autotrophes, et qui remplit pourtant un volume plus imposant encore que le premier.
Ce choix se justifie par l’ampleur des connaissances dont on dispose aujourd’hui sur ce groupe monophylétique, le plus anciennement étudié après celui des végétaux vasculaires (les « plantes ») et par un « point de vue pédagogique » qui considère « indispensable de détailler les grands embranchements animaux ». L’ensemble des deux tomes gagnent aussi ainsi en cohérence : au premier un aperçu de « l’ensemble du vivant », au second la focalisation sur ce groupe particulier des Métazoaires dont l’Homme fait partie et se croit encore le représentant le plus éminent.
Pour l’éditeur, ce peut être aussi un moyen d’assurer le succès de ce second tome, en attirant un public plus large, plus enclin à acquérir un volume consacré aux organismes les plus connus qu’un ouvrage qui mêlerait à ceux-ci d’autres groupes moins familiers, comme les champignons. Inversement, il mécontentera forcément ceux qui souhaiteraient que d’autres groupes, notamment les végétaux, bénéficient d’autant d’attention ou fassent l’objet d’un troisième volume.
Sur la forme, ces deux ouvrages conservent l’organisation assez particulière mise au point dès l’origine : une fiche par nœud de l’arbre phylogénétique (donc par groupe monophylétique), des plus larges aux plus restreints, indiquant systématiquement les principaux caractères dérivés propres au taxon, quelques groupes représentatifs et ses plus anciens fossiles ; aucune photographie, mais des dessins et des schémas soignés et d’une grande lisibilité ; un livret en fin d’ouvrage regroupant les arbres et faisant office de table des matières en renvoyant aux fiches. Évidemment, des différences apparaissent dans ces arbres (et donc aussi dans les noms des clades, quand ils sont nommés) par rapport aux éditions précédentes puisque, comme le rappellent les auteurs, il ne peut y avoir de « classification définitive » puisque la recherche se poursuit et que « [s’ils] avaient tenu compte de l’avis de tous les scientifiques, tous les nœuds de l’arbre du vivant auraient été noyés dans des multifurcations », ce qui leur a imposé des choix. Soulignons également que ce second tome brosse en quelques pages une synthèse historique de la classification des animaux, qui fournit un rappel bienvenu sur la façon dont la systématique, ses méthodes et ses représentations ont changé en même temps que la biologie passait d’une vision fixiste à une conception évolutive du monde vivant, conception qui a elle-même changé depuis deux siècles.
Une lecture à recommander à tous les enseignants de sciences naturelles pour conserver une vision large, rétrospective et critique, de leur discipline.
H. Le Guyader, G. Lecointre, mai 2017. La classification phylogénétique du vivant, 4e édition – Tome 2, Belin, coll. Référence sciences, 832p., ISBN : 978-2-410-00385-7 - 44,90€
Cyril Langlois (ENS de Lyon)- 18/05/2017