Petites lectures utiles pour expliquer la place des sciences
Deux ouvrages courts à offrir ou à s’offrir pour moins de 5€, pour expliquer simplement avec des exemples clairs ce qu’apporte la science et les scientifiques à la société. Exemples de lectures issues de deux collections d’ouvrages d’idées, d’opinion argumentée, les “Tracts” de Gallimard et la collection “Libelle” du Seuil, ouvrages disponibles en version papier faciles à transporter et en version numérique.
Dans la collection “Tracts” de Gallimard, le n°50 d’Olivier Hamant est intitulé « Antidote au culte de la performance. La robustesse du vivant ». L’auteur, chercheur à l’ENS de Lyon, est membre de l’Institut Michel Serres. Partant de l’étude du vivant et de son évolution, il explique en quoi les organismes les plus “adaptés” à la survie ne sont pas les plus performants (face à un environnement donné à un instant donné) mais les plus robustes (moins “performants” mais s’accommodant de conditions plus larges et variables). Concernant les sociétés humaines, l’auteur rappelle les effets du culte de la performance (sélection, injonction de réussite, démotivation, burn-out…). Il explique que la sobriété est malheureusement souvent conçue comme de la performance technologique dont les résultats positifs sont trop systématiquement annulés par “effet rebond” (le procédé consomme moins = effet positif… donc on hésite moins à l’utiliser ce qui conduit à une plus grand consommation – de ressources, d’énergie…). Est alors expliqué le principe de robustesse aussi bien dans le vivant que dans ses implications lorsqu’il est mis en application pour nos activités les plus diverses, de l’agriculture à l’éducation… Une voie à suivre pour se préparer au monde à venir dont il est certain qu’il sera (est déjà) variable.
Dans la collection “Libelle” du Seuil, le collectif Scientifiques en rébellion a publié en novembre 2024 un opus intitulé « Sortir des labos pour défendre le vivant ». Cet ouvrage explique la naissance de mouvements de scientifiques qui décident de passer à l’action et de passer outre l’injonction plus ou moins explicite de devoir de neutralité leur interdisant de prendre part à des actions politiques ou militantes impliquant leurs “savoirs”. Si, en France, il est parfois rappelé à certains leur devoir de réserve ou de neutralité, c’est souvent pour éviter la prise de paroles de personnes plus aptes à parler de problèmes concrets que les commentateurs divers. Si ces devoirs existent réellement (pas de divulgation de données fiscales, d’échanges ayant eu lieu en conseil d’administration ou en conseil de classe ou de discipline…), les libertés d’expression et d’opinion sont intactes mais des précautions (strictes mais limitées) s’imposent, par exemple, aux agents de l’État. Les auteurs expliquent à partir de témoignages de scientifiques engagés la démarche de ces personnels du monde académique, les limites et les risques réels ou exagérés encourus et défendent l’importance de participer aux actions et décisions importantes pour l’avenir de la société dans le respect des opinions et des capacités d’engagement de chacun. Des exemples d’actions et de réactions sont donnés ainsi que des liens pour qui veut les développer.
Ces deux ouvrages sont des écrits militants qui peuvent faire réfléchir sur la manière d’enseigner les sciences et la place de ses acteurs dans la société. De plus, comme ils exposent très clairement des principes et des démarches, ils peuvent aussi donner des idées de projet et/ou de débats aux enseignants, quel que soit leur niveau d’enseignement ou leur discipline (sciences “expérimentales”, “humaines” ou “sociales”).
O.D. – 19/12/2024