Article | 22/05/2025
Le couple diamictites - cap carbonates, signature d'un épisode de snowball Earth – Implication pour la formation néoprotérozoïque de Tsagaan-Oloom (Sud-Ouest de la Mongolie)
22/05/2025
Résumé
Formations typiques de glaciation-déglaciation dans le bassin mongole de Zavkhan et introduction au modèle de la Terre boule de neige.
Table des matières
Cet article vient compléter diverses publications dédiées à la géologie de la Mongolie. Il s'intéresse aux diamictites et aux carbonates de couverture du bassin de Zavkhan. Il introduit la théorie de la Terre Boule de Neige. Il comprend donc deux parties relativement indépendantes qui peuvent être lues séparément : une partie “régionale” (mongole) et une partie “globale” sur la théorie de la Terre boule de neige.
Les terrains néoprotérozoïques de Tsagaan-Oloom
Le bassin de Tsagaan-Olom (également connu sous le nom de bassin de Zavkhan, voire Dzabkhan) est situé sur le terrane tectonostratigraphique de Zavkhan, dans le Sud-Ouest de la Mongolie (région occidentale du Khangai) (Badarch et al., 2002[3]).
Nous nous intéressons ici à un affleurement où l'on trouve le couple diamictite glaciaire datée de la fin du Cryogénien et un carbonate basal de la calotte de l'Édiacarien sus-jacent au sein de la formation de Tsagaan-Oloom.
L'affleurement permet d'étudier une période allant de −716 à −580 Ma (Ma : million d'années) regroupant deux épisodes de Terre boule de neige (Maikhan-Uul et Khongor) et un épisode interglaciaire (Tayshir). Ces formations ont fait l'objet de plusieurs études géologiques et stratigraphiques complétées par des études géochimiques (Khomentovsky et Gibsher 1996[19] ; Lindsay et al., 1996[29] ; Macdonald et al., 2009[27] ; Macdonald, 2011[28] ;Bold et al.,, 2013[4]).
Source - © 2013 D’après Bold et al. [4]
Figure 1. Carte de situation du bassin de Zavkhan (ou Tsagaan-Olom, Mongolie)
A) localisation au sein de la CAOB (Central Asian Orogenic Belt). B) carte géologique simplifiée. C) Zone d'étude (localisation de la figure 4).
Des roches préservant les caractéristiques des glaciations sturtienne et marinoenne se retrouvent sur tous les continents. Des sections notables ont été identifiées en Australie, au Canada, en Chine, en Éthiopie, en Namibie, en Sibérie et au Svalbard puis maintenant en Mongolie (figure 2).
Les premières descriptions en anglais de cette zone d'étude ont été publiées en 1996 dans un numéro du Geological Magazine consacré à la stratigraphie néoprotérozoïque-cambrienne du Sud-Ouest de la Mongolie (Brasier et al., 1996(a)[5]). Deux excursions internationales ont été réalisées : l'une en 1991, dans le cadre de la 21e expédition paléontologique soviéto-mongole (Zhegallo et Zhuravelev, 1991[38]) ; l'autre en 1993, parrainée par le projet 303 du PICG et l'Académie des Sciences de Mongolie (Dorjnamjaa et al., 1993[11]). Les résultats de ces excursions comprennent la traduction en anglais de cartes géologiques et de coupes stratigraphiques mesurées (Khomentovsky et Gibsher 1996[19]), une caractérisation chimiostratigraphique de reconnaissance des formations de Tsagaan-Oloom et Bayan-Gol (Brasier et al., 1996(b)[6]), et une étude stratigraphique détaillée de la diamictite de Maikhan Ul à Tsagaan Gol (Lindsay et al., 1996[25]). Ces travaux ont été complétés par ceux de Macdonald et al. (2011[27]), Bold et al. (2013[4]) et Moore et al. (2017[29]).
Les diamictites
En Mongolie, les diamictites (D) (définitions et descriptions ci-dessous) se retrouvent principalement dans les formations du Néoprotérozoïque qui sont associées aux glaciations globales sturtienne (−715 à −680 Ma) et marinoenne (−640 à −635 Ma). Ces dépôts glaciaires, caractérisés par la présence de dropstones (pierres prises dans des glaces flottantes et tombées dans des sédiments fins lors de la fonte de ces glaces), révèlent une origine liée aux environnements périglaciaires et glaciaires.
Les diamictites sont des roches sédimentaires composées de matériaux d'origines variées, allant des argiles aux blocs rocheux de grande taille (dropstones), souvent mal classés. Elles témoignent de processus géologiques complexes et variés, mais elles sont très souvent associées à des environnements glaciaires. Leur texture hétérogène résulte d'un dépôt par des glaciers, des courants de turbidité ou des coulées de débris. Leur présence est étroitement liée à l'histoire des glaciations globales, épisodes de « snowball Earth » (Terre boule de neige) du Néoprotérozoïque, où de vastes parties du globe étaient recouvertes de glace. Ces roches sont des marqueurs stratigraphiques importants. Elles permettent de retracer les phases de glaciation et d'interglaciation, de comprendre les variations climatiques anciennes et d'étudier l'impact de ces changements sur l'évolution de la vie et des écosystèmes. L'étude des diamictites mongoles revêt une importance majeure pour la reconstitution des paléoclimats et la compréhension des cycles géodynamiques passés.
Rappelons que le Néoprotérozoïque (–1000 à –542 Ma) est divisé en trois périodes : le Tonien (−1000 à −720 Ma), le Cryogénien (−720 à −635 Ma) et l'Édiacarien (−635 à −542 Ma).
D'autres diamictites, d'origine non glaciaire, peuvent se former dans des contextes tectoniques où des coulées de débris sont générées par des mouvements de masse sur des marges instables. En Mongolie, ces dernières sont souvent associées aux zones de convergence tectonique qui caractérisaient les blocs crustaux de la région pendant le Paléozoïque (dislocation du supercontinent Rodinia qui s'est assemblé autour de −1,1 Ga – Ga : milliard d'années – et qui va se déliter entre −800 et −750 Ma).
La présence de diamictites témoigne d'une activité glaciaire intense à la fin du Cryogénien, tandis que les cap carbonates (Ccs) (voir ci-dessous) forment une couverture globale et indiquent une transition vers des conditions plus chaudes au début de l'Édiacarien. En effet, les CCs se forment dans des conditions marines particulières après la fonte des glaces, indiquant un réchauffement rapide et une hausse de la teneur en dioxyde de carbone atmosphérique. Ce contraste géologique est un argument clé de la théorie de la Terre boule de neige.
Les cap carbonates (CCs)
Les cap carbonates (Ccs) (ou carbonates de couverture – cap : limite(r), couronner / recouvrir) représentent une unité d'épaisseur métrique à décamétrique d'éléments lithologiquement distinctifs de carbonates (dolomite et/ou calcaire) qui recouvrent nettement le Cryogénien constitué de dépôts glaciaires à l'échelle mondiale. Ils s'étendent généralement bien au-delà des zones de dépôts glaciaires sous-jacents et sont liés à des transgressions marines de grande ampleur. Les transgressions syn- et post-glaciaires résultent de la fonte des glaces et de la dilatation thermique des océans, respectivement, modifiées par les effets gravitationnels de la calotte glaciaire et l'ajustement isostatique de la lithosphère continentale et océanique (rebond post-glaciaire). Les dépôts de CCs jusqu'à au moins 50° de paléolatitude, bien au-delà de la gamme phanérozoïque de production de carbonates non squelettiques (organiques), suggèrent un état anormal de sursaturation en carbonate dans les océans.
Les carbonates de couverture apparaissent comme des couches continues de calcaire (CaCO3) et/ou de dolomite (CaMg(CO3)2) qui recouvrent nettement les dépôts glaciaires du Néoprotérozoïque, ou les surfaces d'érosion sous-glaciaire là où les dépôts glaciaires sont absents. Ils ont généralement une épaisseur de 3 à 30 m et sont présents sur les plates-formes, les plateaux et les pentes de l'ensemble de la planète. Les CCs sturtiens (~ 700 Ma) et marinoens (635 Ma) sont lithologiquement distincts et tous deux présentent des caractéristiques inhabituelles (par exemple : ciments épais du fond marin, ondulations de vagues géantes, monticules microbiens à structure tubulaire verticale, barytine – BaSO4, diagénétique, primaire et précoce) qui les distinguent des carbonates standards. Les CCs marinoens sont transgressifs (c'est-à-dire que les profondeurs d'eau déduites augmentent avec la hauteur stratigraphique) et la plupart des chercheurs les associent à l'inondation des plateaux et plateformes continentaux lors de la fonte des calottes glaciaires. La plupart des CCs sturtiens n'ont été déposés qu'après les inondations post-glaciaires. La préservation des CCs et des dépôts de hautes altitudes associés après ajustement isostatique (rebond post-glaciaire) implique une érosion importante et/ou un affaissement tectonique au cours de la période glaciaire.
Les conditions environnementales postulées qui ont permis aux CCs de se déposer ne font toujours pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique, en grande partie parce que les hypothèses ne parviennent pas à expliquer la masse globale des CCs, les échelles de temps de dépôt et la géochimie des eaux mères.
Épaisseur des CCs
Source - © 2020 D’après Yu et al. [37]
Abréviations des cratons : Am Amazonia, Ar Arabie, Au Australie, Ba Baltique, Co Congo, EA Est Antarctique, ES Svalbard Est, G Groenland, In Inde, Ka Kalahari, La Laurentia, Nc Nord Chine, SC Chine du Sud, SF Sao Francisco, Si Sibérie, Ta Tarim, TM Touva-Mongolie, WA Afrique de l'Ouest.
Les données paléogéographiques proviennent de Li et al. (2013[24]) et de Qi et al. (2018[30]).
Les modèles climatologiques laissent entendre que les CCs ont probablement été produits par une combinaison de processus chimiques et microbiens dans un environnement post-glaciaire impliquant un océan fortement stratifié et à faible salinité. La corrélation des profils δ13C (figure 13) montre que les précipitations des CCs ont commencé de manière synchrone, mais se sont terminées de manière diachrone à l'échelle mondiale. Les CCs sont nettement plus épais dans les régions de faible paléolatitude, suggérant une plus grande production d'alcalinité et/ou des précipitations carbonatées plus rapides dans ces régions, ce qui favorise la production d'alcalinité par altération continentale plutôt que par remontée d'eau océanique ou oxydation du méthane.
En Mongolie, les carbonates de couverture (CCs) de la formation Ol sont composés de particules finement laminées (micropéloïdes) et contiennent des stromatolites tubéreux, des ondulations géantes (figure 7), et des éventails de cristal pseudomorphisés. Ces structures sédimentaires particulières, leur ordre spécifique et le profil sigmoïdal δ13C distinct, sont caractéristiques des carbonates basaux de la “calotte carbonatée” de l'Édiacarien à l'échelle mondiale (Hoffman et al., 2017[17]). Ceci suggère que la diamictite de Khongoryn sous-jacente est un dépôt glaciaire de la fin du Cryogénien.
Éléments stratigraphiques
L'affleurement étudié a fait l'objet de nombreuses études et sa stratigraphie est maintenant stabilisée. De manière simplifiée on peut résumer la stratigraphie comme suit.
- La formation de Maikhan-Uul est composée de diamictites glaciaires dont l'épaisseur peut atteindre 304 m. Elle est datée du Sturnien et signe un premier épisode de Terre boule de neige.
La formation de Tayshir se superpose à la formation de Maikhan-Uul. Elle est composée de 600 m de calcaires parfois dolomitiques au sommet. Cette formation comprend trois sous-étages (T1 à T3) :
- T1 correspond aux cap carbonates sturniens composés d’environ 10 m de calcaires laminés surmonté de 100هm de carbonates (CCs sturniens).
- T2 commence par une unité mince et relativement récessive (~ 10 m) de marne, de schiste et de calcaire gris foncé, de calcaire noir avec nodules et lit de chert (roche sédimentaire siliceuse indurée à cassure conchoïdale composée essentiellement de quartz micro- à crypto-cristallin) noir en lits minces, suivi par un calcaire gris foncé massivement en lits (~ 200 m).
- T3 commence avec une soixantaine de mètres de calcaire finement lité et de coulées de débris avec d'abondants nodules et lits de chert qui s'élèvent en bancs vers le haut en un épais calcaire noir massivement lité avec des ooïdes géants (> 3 mm de diamètre) au sommet.
- La formation de Khongor se superpose aux formations précédentes. Elle est corrélée avec les diamictites marinoennes (−635 Ma) (Macdonald et al., 2009[27] ; Bold et al., 2013[4]). Elle signe le deuxième épisode de Terre boule de neige (Marinoen).
- Enfin, on trouve la formation Ol épaisse d'une quarantaine de mètres. La base de la formation d'Ol marque le début de la séquence édiacarienne dans le bassin de Tsagaan-Olom.
- La formation Shuurgat recouvre Ol.
- La formation Ulaan Bulagyn (UB) datée de 580 Ma (Édiacarien) (Halverson et al., 2005[14]) succède aux formations précédentes.
Figure 3. Séquence de cap carbonates et de diamictites au Sud de la chaine de Khongoryn (Mongolie) La formation Tayshir correspond à l'épisode interglaciaire. L'affleurement de diamictite (Ol) a localement une épaisseur de 21,7 m et les CCs ont une épaisseur de 7,1 m. Sur la crête, la silhouette de M. Detay donne l'échelle. Position GPS : 46°39'45,37"N, 96°15'13,90"E. |
Source - © 2013 D’après Bold et al. [4]. modifié |
Figure 5. Diamictite au Sud de Bayan Gol dans le lit du ruisseau (Mongolie) Les clastes sont du calcaire de la taille d'un galet (diamètre approximatif 15 cm pour le gros galets) avec du gravier calcaire au sein d'une matrice de marne noire faiblement stratifiée. |
Figure 6. Diamictite de la formation de Gowganda (Ontario, Canada) Le diamètre des galets est d'environ 20 cm. En savoir plus, voir la page dédiée de l'université de Toronto : The Gowganda Formation. |
Figure 7. Ondulation géante dans les dolomies des CCs au sud de Tayshir dans la formation Ol (Mongolie) M. Detay donne l'échelle. |
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Figure 9. Dolomies de la formation Ol (Mongolie) M. Detay donne l'échelle. |
Source - © 2017 D'après Moore et al. [29]
Âge des principales formations
On a longtemps pensé que le terrane (voir Detay et Thomas, 2022[10], pour la notion de terrane) de Zavkhan reposait sur un socle cristallin daté de l'Archéen au Protérozoïque et qu'il avait été sujet à un volcanisme d'arc continental de 800 Ma (formation de Zavkhan). Cependant, les études isotopiques εNd suggèrent une formation crustale entre −1,3 et −0,86 Ga (Kozakov et al., 2012[21] ; Kozakov et al., 2013[20]). Par ailleurs, des datations U-Pb et ID-TIMS[1] sur les zircons contraignent la formation de Zavkhan entre −770 et −805 Ma (Levashova et al., 2010[22]).
La formation de Tsagaan-Oloom contient jusqu'à 2 500 mètres d'épaisseur de sédiments. À la base se trouvent des tillites témoins d'anciennes moraines laissées par des glaciers (glaciation sturtienne). Ces tillites sont les témoins d'une glaciation globale que la Terre a connue durant le Néoprotérozoïque (« Terre boule de neige ») et qui s'est terminée il y a 635 Ma : la glaciation marinoenne. Le calcaire a commencé à se déposer dès qu'elle s'est achevée, la région étant inondée grâce à la mise en place d'un rift, et la sédimentation s'est poursuivie jusqu'au Cambrien, en alternance avec des sables et des graviers.
Cette formation est recouverte par des dépôts syn-rift connus sous l'appellation « suite de Khasagt » (Ruzhentsev et Burashnikov, 1996[34]), et par la formation Maikhan-Uul, interprétée comme une diamictite glaciaire du Sturtien (Lindsay et al., 1996[25] ; Brasier et al., 1996(b)[6] ; Macdonald, 2011[28]).
Source - © 2002 D'après Hoffman et al. [16]
Contexte géodynamique
Sur le plan tectonophysique, il semble que les ~ 1 500 m inférieurs de la formation de Tsagaan-Olom se soient déposés dans un contexte de marge passive en affaissement thermique après le rifting rodinien, tandis que le membre Zunne Arts et les ~ 1 600 m sus-jacents des strates du Cambrien précoce se soient déposés dans un bassin d'avant-arc profond qui s'est formé sur la marge Sud du terrane de Dzabkhan, elle-même subduite sous l'arc Khantayshir-Dariv.
Source - © - D'après Encyclopædia Universalis France, modifié
Cette figure représente la position relative des continents au Cryogénien vers −715 Ma. La rupture continentale s'accompagne de l'émission d'une grande quantité de basaltes (LIP – large igneous provinces) au niveau des rifts puis des dorsales océaniques. Leur altération en milieu tropical abaisse le taux de CO2 atmosphérique. Par ailleurs, de vastes zones de mers chaudes et peu profondes apparaissent, où la photosynthèse est optimale. Ces deux processus constituent les deux principaux puits de CO2. La baisse de CO2 qui en découle aurait amorcé les glaciations.
L'étoile noire localise approximativement les terranes de Mongolie.
Source - © 2008 D'après la reconstitution de Li et al. [23]
Géochimie
L'identification de la limite Cryogénien-Édiacarien, couplée à des profils chimiostratigraphiques δ13C, a permis l'intégration et la comparaison de la stratigraphie néoprotérozoïque de Mongolie avec des enregistrements de même nature connus ailleurs sur la planète et signant un épisode de « Terre boule de neige ». Ces corrélations indiquent qu'une anomalie cryogénienne δ13C de –16 ‰, est présente dans le membre Tayshir de la formation de Tsagaan-Oloom. De plus, les relations chimiostratigraphiques et lithostratigraphiques suggèrent une présence d'environ 35 Ma de hiatus de dépôt sous le membre Zunne Arts contenant des phosphorites de la formation supérieure de Tsagaan-Oloom et cet affaissement s'est renouvelé au cours de la dernière période édiacarienne – début du Cambrien.
Il y a 2,2 Ga, l'augmentation du δ13C dans les carbonates s'explique par une fixation de matière organique plus importante, notamment dans les stromatolites (structures en carbonate de calcium édifiées par des cyanobactéries). Ceci a pour effet de fixer du carbone sous forme réduite et, par voie de conséquence, d'enrichir l'atmosphère en dioxygène. C'est à cette date que se généralisent les formations ferrifères rubanées, preuve d'une atmosphère oxydante. À partir de 1,8 Ga, les paléosols s'enrichissent en fer Fe3+. La pression partielle de dioxygène est de l'ordre de 15 % de la valeur actuelle. Après un épisode glaciaire à 700 Ma et ses nouveaux gisements de fer rubanés, les océans cessent d'être anoxiques pour devenir riches en sulfates.
Source - © 2014 D'après Lyons et al. [26]
Figure 14. Variation du δ13C dans les calcaires au cours des temps géologiques
Le champ rose montre les changements et la plage des valeurs mesurées pour le carbone. Les symboles et les groupes affichés en marron et gris représentent les données isotopiques du soufre. Les flèches cyan montrent les périodes de conditions glaciaires généralisées.
En période pré-glaciaire les cap carbonates présentent un enrichissement en δ13C et un appauvrissement systématique en δ13C en période glaciaire. On en déduit les faits suivants.
- Une réduction drastique de la productivité organique pendant un épisode de Terre boule de neige qui en 1 à 10 Ma amène le δ13C des océans à une valeur proche de sa valeur mantellique (–6 ‰) enregistrée dans les exhalaisons hydrothermales de CO2 aux dorsales.
- Lors de la débâcle glaciaire et pendant la période inter-glaciaire ou post-glaciaire, malgré un taux de sédimentation élevé, la fraction de matière organique mobilisée en profondeur reste faible d'où un taux δ13C faible enregistré dans ces carbonates.
- Lors du processus d'altération des silicates, le fractionnement cinétique favorisant le δ13C lors du transfert de CO2 atmosphérique aux bicarbonates est de l'ordre de 8 ‰ ce qui abaisse progressivement le δ13C du réservoir atmosphérique d'où une diminution temporelle du δ13C des cap carbonates.
Introduction à la théorie de la Terre boule de neige
Les affleurements étudiés en Mongolie se retrouvent dans de très nombreux sites répartis sur toute la planète, on y retrouve les mêmes séquences diamictites - cap carbonates (figure 15). Ce marqueur litho-stratigraphique est devenu au fil des découvertes de nouveaux affleurements, répartis sur les 5 continents, un incontournable de la théorie de la Terre boule de neige.
Source - © 2017 D'après Hoffman et al. [17], modifié
Figure 15. Répartition actuelle des dépôts glaciaires et périglaciaires cryogéniens
(A) Marinoen (environ −645 à −635 Ma) et (B) Sturtien (−717 à −659 Ma).
Les points jaunes indiquent des dépôts à l'échelle régionale d'origine glaciaire et/ou périglaciaire. Les points rouges indiquent dépôts glaciaires-périglaciaires avec formation sédimentaire associée d'oxydes de fer. Les étoiles noires dans les points jaunes indiquent la présence authigène de barytine (BaSO4) dans les cap carbonates.
Au cours du Néoprotérozoïque, la Terre est passée par plusieurs évènements de glaciation globale suggérés par la présence de dépôts glaciaires (tillites) présents sur tous les continents et systématiquement surmontés par des séquences carbonatées postglaciaires (cap carbonates ou carbonates de couverture). Les études paléomagnétiques indiquent que certaines de ces séquences se sont déposées à basse latitude, menant la communauté scientifique à spéculer que la glace recouvrait la totalité de la planète à cette époque. Cette hypothèse, plus connue sous le nom de Terre Boule de Neige (snowball Earth), évoque les changements climatiques extrêmes. Elle est maintenant admise par la grande majorité des géologues. Les discussions actuelles concernent l'existence (ou non) d'un faible pourcentage de la surface de la planète dépourvue de glace. Ces glaciations ont peut-être également influencé la grande diversification des espèces vivantes du début du Cambrien (« explosion cambrienne »).
Les données géochronologiques et isotopiques de ces roches obtenues au cours de ces dernières années indiquent la présence d'au moins trois événements glaciaires au cours du Néoprotérozoïque. En revanche, les données paléomagnétiques disponibles à l'heure actuelle sont insuffisantes pour tester le caractère global de ces glaciations qui demeure un sujet de recherche au sein de la communauté scientifique. Suivant le modèle de la Terre boule de neige, le dégel aurait été un mécanisme brusque et rapide, mais ce sujet reste également encore assez spéculatif. Le contexte géographique et géochimique dans lequel se sont déposés les CCs, et plus particulièrement la partie basale dolomitique, est encore peu documenté et sujet de discussions. Les réponses à ces questions nécessitent une plus grande quantité de données paléomagnétiques et géochimiques, actuellement limitées à quelques continents.
Source - © - Mikkel Juul Jensen / Science Photo Library in CNRS-Le journal
La Terre boule de neige devait avoir un aspect analogue aux satellites gelés comme Europe et Encelade, mais avec quand même une dualité d'altitude (continents élevés, irréguliers et recouverts de calottes glaciaires et océans plus bas et plats entièrement gelés), dualité d'altitude qui n'existe ni sur Europe ni sur Encelade.
Les mécanismes déclencheurs
Rappelons que, sur Terre, l'effet de serre est d'abord sous le contrôle de la teneur en eau de l'atmosphère (les nuages notamment). Le gaz carbonique n'intervient qu'en seconde position. C'est surtout grâce à la vapeur d'eau que la température moyenne à la surface de notre planète est de 15°C et non de –18°C. En l'absence d'effet de serre, la température de surface de la Terre, déduite des lois de Stefan-Boltzmann, vaudrait –18°C. La différence entre cette valeur et la température moyenne de la Terre (15°C) est liée aux gaz à effet de serre (H2O, CO2, CH4, N2O et O3). L'évolution de la teneur de certaines de ces molécules, en particulier la vapeur d'eau, le CO2, et le méthane, est susceptible de créer un effet de serre supplémentaire (forçage de l'effet de serre). C'est grâce à l'effet de serre que la vie telle que nous la connaissons est possible à la surface de la Terre.
La théorie de la snowball Earth suggère qu'un refroidissement global aurait été déclenché par des facteurs comme :
- une diminution des gaz à effet de serre (le dioxyde de carbone, notamment) dans l'atmosphère,
- une configuration particulière des continents favorisant la réflexion de la lumière solaire (albédo) à cause de surfaces enneigées ou gelées,
- une réduction de l'effet de réchauffement dû à l'érosion chimique des roches qui aurait “capturé” / “pompé” du CO₂.
Conséquences climatiques :
- avec une rétroaction positive, une fois que suffisamment de glace s'est formée, l'albédo de la Terre augmente (la glace réfléchit davantage de lumière solaire que les surfaces sombres), ce qui renforce le refroidissement et l'extension des glaces.
Sortie de la Terre boule de neige :
- l'activité volcanique aurait continué à libérer du CO₂ pendant ces périodes glaciaires extrêmes. Avec une faible absorption par les océans et les sols gelés, la concentration de CO₂ aurait augmenté progressivement jusqu'à un niveau suffisant pour provoquer un réchauffement planétaire rapide, entrainant une fonte des glaces.
Notons que certains chercheurs pensent que la Terre n'a pas été entièrement gelée, mais plutôt partiellement, avec des zones d'eau libre (hypothèse de la Terre glaçon, ou slushball Earth).
Sans effet de serre, une énergie laissant une Terre gelée
L'énergie disponible à la surface de la Terre provient presque exclusivement du Soleil. Le volcanisme et la géothermie y contribuent peu en période normale (Detay M., 2017[9]), et ont une influence négligeable (60 mW.m–2 soit environ 4 000 fois moins que ce que la Terre reçoit du Soleil). Des événements géologiques majeurs comme la mise en place de trapps ou des impacts structurants de météorites ont certainement joué un rôle signifiant sur le climat dans le passé de la Terre, mais il s'agit d'événements extraordinaires qui n'entrent pas en compte dans le calcul en période normale. L'énergie reçue du Soleil moyennée sur toute la planète (moyenne jour-nuit, pôles-équateur…) est de 342 W.m–2 au sommet de l'atmosphère et de l'ordre de 160 à 180 W.m-2 au sol. La quantité d'énergie varie dans le temps en fonction des caractéristiques orbitales de la Terre dans l'espace et dans le temps (cycles de Milanković, variation de l'excentricité, de l'obliquité et précession des équinoxes). Le flux solaire n'est évidemment pas le même suivant la position géographique. Il est maximum à l'équateur et minimum aux pôles. Un certain lissage thermique s'opère donc sur la planète grâce aux deux fluides géophysiques que sont l'eau et l'air. Compte tenu de l'albédo terrestre (31 % actuellement), seulement 1015 W environ sont ainsi transportés à parts égales entre les circulations atmosphériques et océaniques. L'eau a une chaleur spécifique élevée (4 185 J.kg-1.K-1) alors que celle de l'air vaut 1 004 J.kg-1.K-1. En terme de vitesse de déplacement, ces deux fluides ont des comportements bien différents à la surface de la Terre.
Entrée et sortie de phase snowball Earth
Les épisodes de snowball Earth du Protérozoïque supérieur se déroulent au Cryogénien (entre −900 et −580 Ma) qui est marqué par plusieurs épisodes glaciaires d'ampleur globale. Les données géologiques attestent de la succession de trois épisodes qui auraient duré quelques millions d'années chacun et se seraient déroulés vers −715 (glaciation sturtienne), −635 (glaciation marinoenne) et −580 Ma (glaciation varangienne ou de Gaskiers).
L'origine de la glaciation peut avoir diverses causes non indépendantes (astronomique, volcanique, effet de serre, diminution de l'activité solaire, formation ou dislocation d'un supercontinent…).
La première des glaciation (la glaciation sturtienne) est précédée par la mise en place de très vastes LIPs (large igneous provinces) plutôt au milieu du super continent Rodinia. Lors de la dislocation de la Rodinia, les vastes trapps, initialement loin des côtes et peu soumis à la pluie se retrouve près des côtes, à un climat plus humide et donc soumis à une altération plus intense. Or l'altération des silicates calciques (et les basaltes sont riches en silicates calciques –ô plagioclases calciques, pyroxènes) piège beaucoup plus de CO2 que l'altération des granites.
Ces glaciations se caractérisent par un cortège d'indices géologiques inhabituels :
- très forte baisse du ∂13C mesuré dans les carbonates sédimentaires (CCs)
- présence de dépôts de fer rubanés (BIF – banded iron formations), qui avaient disparu depuis près d'un milliard d'années, car l'oxygénation de l'océan avait été suffisante pour oxyder le fer et le faire disparaitre de l'eau sous forme dissoute (Fe2+ soluble) ;
- dépôts sédimentaires glaciaires (tillites) recouverts d'une couche épaisse de carbonate (CCs) ;
- présence de dropstone, de moraines, de témoins géomorphologiques glaciaires (tillites) localisés à l'équateur historique.
Une Terre totalement gelée, où les continents sont couverts par une calotte glaciaire et les océans par une banquise, verrait son cycle du carbone coupé et donc le ∂13C serait grossièrement celui de l'émission volcanique qui est aujourd'hui, au droit des zones de divergence et des points chauds, d'environ –4±2,5 ‰, ce qui est cohérent avec les enregistrements fossiles. De même, le recouvrement global de tout l'océan par une banquise provoquerait une anoxie océanique d'où la réapparition du fer rubané après la disparition de la banquise et la remise en contact entre l'eau de l'océan et l'atmosphère. Enfin, la présence de CCs, serait le témoin d'un puits de CO2 dû à l'extrême rapidité de la débâcle glaciaire, car la Terre aurait connu un réchauffement brutal et un déluge de pluie tropicale provoquant une altération chimique extrême des surfaces continentales, conduisant à l'arrivée massive d'ions Ca2+ et HCO3− à la mer et à l'enfouissement de grandes quantités de carbonates dans les océans. Les CCs en seraient les témoins.
L'altération des basaltes de ces vastes LIPs pourrait être suffisante pour abaisser suffisamment le taux de CO2 et diminuer l'effet de serre comme le propose Goddéris et al., (2003[13]). L'altération de basaltes consommerait de l'ordre de 180 Mt de CO2 par an ce qui correspond à ~ 30 % du flux d'altération annuel des silicates continentaux. Ainsi, l'altération des silicates joue un rôle déterminant en piégeant le CO2 dans les carbonates. Une fois enclenché, le mécanisme s'accélère, mais la « Terre boule de neige » n'est pas un objet stable dans le temps à relativement court terme. En effet, sous la calotte de glace, le phénomène responsable du piégeage des silicates cesse dès que la Terre est recouverte de glace alors que du CO2 sera toujours émis par le volcanisme. La concentration en CO2 augmente alors jusqu'à provoquer un effet de serre qui lui-même provoque la sortie de la glaciation. La sortie de glaciation requiert des taux de CO2 atmosphérique élevés (de l'ordre de 4 fois la concentration actuelle au minimum ; de 300 à 1 000 fois pour sortir d'un épisode où les océans sont gelés jusqu'au fond d'après les travaux de Crowley et al. (2001[7]) pour créer un effet de serre suffisant à amorcer une débâcle glaciaire. Faute de mécanisme de piégeage durant la glaciation, le CO2 toujours libéré par les volcans “normaux” (hors LIPs) induit relativement rapidement un effet de serre qui fera fondre la glace et mettra fin à l'épisode glaciaire. Le mécanisme retournera alors vers un équilibre entre émission de CO2 et piégeage du CO2 dans les carbonates. Chaque grande période glaciaire est suivie par une précipitation massive de carbonates tels les carbonates du Cap en Afrique du Sud. Ces séries carbonatées semblent indiquer que de grandes quantités de CO2 auraient été piégées dans ces roches carbonatées réparties sur toute la planète. Les CCs représentent des niveaux continus de carbonate de calcium (CaCO3) et/ou de dolomite (CaMg(CO3)2) qui recouvrent directement les dépôts glaciaires néoprotérozoïques. Ils ont une épaisseur comprise en moyenne entre 2 et 30 m. Les CCs auraient ainsi été produits par l'extrême rapidité de la débâcle postglaciation généralisée.
Des rétroactions positives et négatives
Une rétroaction (ou feedback) peut être positive ou négative, selon l'effet qu'elle produit sur le système concerné. Une rétroaction positive amplifie un phénomène ou une action ; elle entraine une augmentation ou une accélération du processus en cours. Une rétroaction négative stabilise un système en corrigeant ou réduisant un changement et permet le maintien d'un équilibre.
CO2
Dans le cas du CO2, une augmentation de sa teneur entraine un réchauffement de la troposphère par effet de serre. Ce dernier conduit à une augmentation de l'évaporation de l'eau des océans (donc à une augmentation de la vapeur d'eau) qui contribue à un accroissement encore plus fort de l'effet de serre. Mais s'il a plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère, il peut y avoir une plus grande variété de nuages, qui, augmentant l'albédo de la planète, diminue sa température. Ceci représente une rétroaction dite positive pour la première, négative pour la deuxième, qui viennent se surimposer à l'effet initial. Dans le même temps, les mêmes causes produisant ici des effets contraires, dans un environnement plus chaud et plus humide, la végétation va se développer et entrainer une rétroaction en fixant le CO2 par la croissance des arbres dans le processus de photosynthèse. Cette rétroaction est dite négative, car elle a pour conséquence de faire diminuer la teneur en CO2 et donc de diminuer l'effet de serre. Dans le cas de cette action biologique, la réalité peut être plus complexe est pas toujours bien quantifiée. Une augmentation de la température augmente la photosynthèse (augmentation de la biomasse des plantes vivantes, donc baisse du CO2), mais augmente aussi la vitesse de décomposition de la matière organique des sols (donc hausse du CO2). C'est cette imbrication complexe de rétroactions positives et négatives qui rend difficiles (mais pas impossibles) les modélisations climatiques.
Océan
Les océans peuvent jouer dans un sens comme dans l'autre. Les masses d'eau océaniques peuvent dissoudre une grande quantité de CO2. La mise en solution du CO2 est d'autant plus importante que l'océan est froid (la solubilité du CO2 dans l'eau est de 0,9 g.cm–3 à 20°C et de 1,7 g.cm–3 à 0°C). Cependant, ce phénomène entraine un abaissement du pH qui a pour conséquence de modifier les équilibres géochimiques des carbonates. Les océans se comportent ainsi comme puits ou comme source de CO2 en fonction de la température qui elle-même fluctue en fonction de la teneur en CO2 dans l'atmosphère. Des rétroactions entre les enveloppes fluides peuvent ainsi se déclencher en cas de réchauffement et en cas de refroidissement.
Flux de cryoconite et dépôt de cendres volcaniques
La cryoconite est un dépôt de poussière soufflée par le vent, composée de particules minérales de roches dont des cendres volcaniques, de matière organique (suie, micro-organismes morts) et de micro-organismes vivants (bactéries, spores…), à la surface de la neige et des glaces.
Des couches discrètes de cendres volcaniques se trouvent occasionnellement au sein de couches stratifiées de dépôts glacio-marins d'âge cryogénien.
Là où le volcanisme est absent à l'intérieur des bassins, les couches de cendres sont supposées être issues d'éruption aériennes lointaines. Il a été avancé que le dépôt de ces couches indique des conditions sans glace. Mais si les cendres ont été d'abord déposées sur la glace, puis advectées vers les basses latitudes de sublimation du glacier marin, elles pourraient être rejetées par un moulin[2] dans l'océan sous-glaciaire (figure 17B) et se déposer sur le fond. La cryoconite riche en cendres est susceptible d'être dispersée par les courants océaniques, mais c'est également le cas des cendres déposées sur un océan libre de glace. Dans le cas d'une Terre boule de neige, l'océan est turbulent, mais moins turbulent que la couche mixte d'un océan libre de glace. Le dépôt de couches discrètes de cendres volcaniques lointaines pourrait, finalement, être plus probable dans un océan couvert de glace que dans un océan libre de glace.
Source - © 2017 D'après Hoffman et al. [17], modifié
(A) Paléogéographie globale lors du cryochron sturtien à −680 Ma. Les zones continentales brunes indiquent schématiquement les sources possibles de poussière des vallées sèches. Les zones grises dans la zone de sublimation à basse latitude du glacier marin indiquent l'étendue possible des étangs de cryoconite.
(B) Instantané d'un modèle d'écoulement de glace 2D d'une Terre boule de neige avec un taux global d'accumulation de poussière de 10 m.Ma−1. La cryoconite sombre et exposée au Soleil rend la glace sublimative chaude et fine. Le lessivage de la cryoconite par l'eau de fonte et à travers les moulins est illustré schématiquement. Les parois de glace apparentes à 18° de latitude ont des pentes réelles de 1 m.km−1. La production biologique est presque équilibrée par la respiration aérobie dans les trous de cryoconite et les étangs. La matière organique de la cryoconite évacuée est soumise à la respiration anaérobie dans la colonne d'eau et les sédiments. Le Fe(III) et le sulfate proviennent de la lixiviation de la cryoconite et de l'altération sous-inlandsis. Si la respiration anaérobie est incomplète, la matière organique est enfouie et l'O2 est ajouté à l'atmosphère.
Firn = névé.
Dans l'hypothèse d'une Terre totalement glacée, la vie qui s'était maintenue dans les océans aurait dû être asphyxiée… Certains chercheurs pensent que la Terre n'était pas totalement recouverte de glace, grâce notamment aux sources chaudes, aux volcans. La vie a pu se réfugier dans des cryoconites, sortes de marmites qui forment des trous dans la glace. Ce qui était suffisant pour permettre des échanges entre l'atmosphère et les océans et une continuité de la vie jusqu'à la déglaciation et, par exemple, à l'explosion cambrienne.
L'altération des basaltes, un puits de CO2
Le volcanisme se comporte comme une source de gaz carbonique, en libérant du CO2 dans l'atmosphère, qui va participer à l'effet de serre, mais l'altération des basaltes fraichement produits lors d'éruptions volcaniques joue un rôle de puits de carbonate. L'érosion/altération des basaltes sous l'effet de l'humidité va engendrer un puits de CO2. Depuis les travaux précurseurs de Berner et al. (1983[2]), il est maintenant bien établi que l'altération des roches basaltiques consomme huit fois plus de carbone qu'une surface granitique équivalente d'où une baisse significative du CO2 atmosphérique et concomitamment la sédimentation de carbonate dans les océans.
En effet, les basaltes s'altèrent très rapidement. De 10 à 100 fois plus vite que les autres roches continentales. De ce fait, toute mise en place d'un grand épanchement basaltique (LIP) s'accompagne d'une surconsommation de CO2 atmosphérique par les réactions géochimiques liées à l'altération des silicates de Ca et Mg. Ainsi le volcanisme, outre la libération du CO2 qui a les effets à court terme, amène en surface une quantité importante de basaltes, donc de silicates calciques et magnésiens, sous forme de minéraux ou de verre (le verre volcanique étant plus rapidement altéré que les minéraux cristallisés). L'altération de ces roches volcaniques riches en calcium favorisee la libération de Ca2+, donc la précipitation de calcaire, suivant des réactions du type :
[1] H2O + 2 CO2 + CaSiO3 → (altération) → SiO2 + Ca2+ + 2 HCO3− → (transport vers la mer puis précipitation) → CaCO3 + SiO2 + CO2 + H2O.
Cette altération se poursuit tant qu'il reste du basalte à altérer (action à moyen terme).
De plus, les deux paramètres structurants sont la quantité d'eau qui s'écoule sur ces basaltes et la température. En effet, une température élevée favorise l'altération. Un écoulement d'eau important favorise aussi l'altération des basaltes. Une Terre chaude étant globalement une Terre plus humide, la rétroaction est négative (accroissement des teneurs en CO2 de l'atmosphère → altération qui augmente → baisse du CO2 dans l'atmosphère). Toutefois, il suffit qu'une effusion de basalte ait lieu dans les régions froides ou non pluvieuses pour que leur impact climatique ne soit que de libérer du CO2 à court terme dans l'atmosphère et donc de la réchauffer.
Globalement, le dioxyde de carbone libéré lors de l'altération rapide des basaltes des LIPs peut conduire à refroidissement significatif de l'atmosphère. En effet, lors de l'altération des roches silicatées, le CO2 gazeux passe en solution pour former de l'acide carbonique (H2CO3) qui contribue à la dissolution des minéraux et à la formation d'ions hydrogénocarbonates (HCO3−). Ces ions se retrouvent dans l'océan où, à saturation, ils participent à la précipitation de carbonates (CaCO3). Lors de l'altération des minéraux silicatés, la totalité des ions hydrogénocarbonates provient de l'atmosphère, ce qui représente la consommation d'une mole de bicarbonate ou de CO2 atmosphérique. Alors que dans l'altération des roches carbonatées seule une mole de bicarbonate sur les deux consommée précipite à la réaction, la seconde est relarguée dans l'atmosphère sous forme de CO2 – pour le dioxyde de carbone, le bilan est donc nul. À l'échelle du million d'années, seule l'altération des silicates consomme réellement du CO2 atmosphérique. L'altération des basaltes est un puits de CO2.
Pour fixer les idées, prenons le cas du plagioclase qui est le plus fréquent des silicates des granites comme des basaltes, on peut résumer le bilan de son altération de la façon suivante :
[2] 2 Al2Si2O8Ca + 4 CO2 + 6 H2O → 2 Ca2+ + 4 HCO3− ± Si4O10Al4(OH)8,
où Al2Si2O8Ca est le pôle calcique des plagioclases calciques (anorthite) et Si4O10Al4(OH)8 la plus simple des argiles, la kaolinite.
Il apparait clairement que cette altération consomme 2 CO2 atmosphériques pour mettre en solution 1 Ca2+. C'est deux fois plus que la simple dissolution des calcaires :
[3] CaCO3 + CO2 + H2O → Ca2+ + 2HCO3–,
qui ne consomme qu'un seul CO2 atmosphérique par Ca2+ mis en solution.
Ceci montre aux enseignants que si l’on doit traiter de l'altération des silicates, il faut choisir l'altération d'un silicate contenant du calcium. En faisant cela, on montre alors (1) la formation d'argile dans le sol, (2) la précipitation de calcaire dans l'océan, et (3) la baisse de CO2 dans l'atmosphère. Si on choisit d'altérer un silicate ne contenant pas de calcium, de l'orthose par exemple (Si3AlO8K), on voit la formation d'argile, mais aucun changement du cycle du carbone (pas de fabrication de calcaire, pas de baisse du CO2 atmosphérique).
Cette différence a un rôle majeur dans les variations du taux de CO2 atmosphérique. C'est la raison pour laquelle, au cours des milliards d'années, du CO2 atmosphérique a été transformé et stocké en CO2 lithosphérique (calcaire). Ce dernier est détruit à chaud dans les réactions métamorphiques et surtout par la subduction :
[4] CaCO3 + SiO2 → CaSiO3 + CO2,
où le CO2 revient alors dans l'atmosphère, recyclé par le volcanisme et la tectonique des plaques.
Les variations de teneur en CO2 atmosphérique aux grandes échelles de temps géologique sont dues aux variations relatives de l'altération continentale (puits de CO2) et du volcanisme (source de CO2). Mais au cours de l'histoire de la Terre, la fabrication de calcaire en “surface” a été globalement légèrement supérieure à sa destruction en profondeur (par métamorphisme et subduction).
La baisse du CO2 atmosphérique lors des périodes glaciaires est liée à la solubilité plus forte du dioxyde de carbone dans l'eau froide. Ainsi, un refroidissement des eaux de surface entraine un “pompage” plus efficace du CO2 de l'atmosphère par l'océan (le carbone du dioxyde de carbone est notamment consommé par les organismes vivants et finit en partie par sédimenter sur les fonds des océans). Nous avons ici une boucle de rétroaction positive entre la température des masses océaniques et l'effet de serre. Un autre phénomène qui explique la baisse du CO2 atmosphérique lors des périodes interglaciaires est lié aux changements hydrostatiques (variation du niveau des océans – isostasie). En effet, l'altération des roches carbonatées et silicatées utilise du CO2 atmosphérique, en relation avec l'acide carbonique (H2CO3) qui se forme quand le CO2 se dissout dans l'eau. Or le refroidissement et les glaciations entrainent une baisse du niveau marin, ce qui conduit à une exposition à l'air libre de roches carbonatées et une utilisation accrue du CO2 de l'air qui est entrainé avec l'eau en direction de l'océan sous une forme dissoute. Nous faisons, là encore, face à une boucle de rétroaction positive : baisse de la température → baisse du niveau marin → augmentation de l'espace continental → augmentation de l'érosion continentale → baisse du CO2 atmosphérique → baisse de l'effet de serre → baisse de la température.
Orogenèse
Enfin, n'oublions pas que la formation d'une chaine de montagnes (suivie de la dislocation d'un super continent, orogenèse – dislocation de la Rodania au Néoprotérozoïque – cycle de Wilson) est aussi un facteur qui favorise l'altération des silicates continentaux et permet également la précipitation de calcaire dans les océans. En tenant compte d'une surface de basalte érodée de 7 millions de km2 les modèles (comme GEOCLIM) mettent en évidence que :
- le ruissèlement entraine une baisse de température de 8°C
- l'apparition des calottes polaires se propage jusqu'à 30° de latitude ;
- la teneur en CO2 atmosphérique atteint un seuil critique et impose une température de l'ordre de –50°C.
D'autres modèles comme GCM (Global Climate Model) montrent que si plus de la moitié de la surface terrestre est gelée on entre alors dans une boucle de rétroaction glace-albédo irréversible amenant à la glaciation des océans tropicaux.
Le mouvement relatif des plaques continentales à la surface du globe, dispersion ou rassemblement des masses continentales (cycle de Wilson), influence de façon notable le climat sur des échelles de temps de l'ordre de 100 Ma. En effet, les propriétés de réflexion (albédo), de stockage d'énergie, etc., sont fondamentalement différentes entre les continents et les océans. Leur position relative et leur évolution modifient également les grands mouvements atmosphériques et les circulations marines.
Un autre effet important lié à la tectonique des plaques est celui de l'ouverture / fermeture des isthmes continentaux qui ouvrent / isolent des bassins océaniques. La configuration actuelle d'un océan polaire pratiquement isolé du reste des océans par un pourtour continental représente une configuration favorable à une glaciation dans l'hémisphère Nord. De même, l'ouverture du passage de Francis Drake (entre la pointe de l'Amérique du Sud et la péninsule antarctique) a isolé le continent antarctique du point de vue continental et contribué à son englacement permanent. La fermeture de l'isthme de Panama a entrainé une modification de la circulation océanique profonde puisqu'auparavant les eaux peu salines du Pacifique se mélangeaient aux eaux salines de l'Atlantique, réduisant ou même stoppant la convection profonde des eaux atlantiques. Les exemples sont nombreux. L'ouverture ou la fermeture du détroit de Gibraltar a également isolé et/ou alimenté la mer Méditerranée et contribué aux importants dépôts de sels au fond de la Méditerranée (crise messinienne).
Les orogenèses, elles-mêmes liées à la tectonique des plaques, ont également une influence certaine sur le climat. Les montagnes Rocheuses, par exemple, sont perpendiculaires au flux d'Ouest des moyennes latitudes. Elles créent une onde planétaire qui favorise les coulées d'air froid en hiver et des remontées d'air chaud à l'amont, c'est-à-dire sur les grandes plaines américaines. La perturbation est globale en fonction de l'intensité du flux d'Ouest, parce que les Rocheuses représentent ainsi une situation de blocage atmosphérique.
Il est vraisemblable que la dislocation du supercontinent Rodinia qui se délite de manière concomitante, entre −800 et −750 Ma, pourrait être un des grands événements géologiques susceptibles de déclencher un puits de CO2. En effet, un vaste système de rifts a pu alors se développer et mettre en place des quantités considérables de basaltes résultant de la présence de plusieurs points chauds. Dans le même temps, la fragmentation continentale s'accompagne de la mise en place de trapps donc d'une altération exacerbée des silicates fraichement mis en place.
Ces exemples montrent que des modifications du relief terrestre contribuent à la variabilité climatique sur une échelle de temps supérieure au million d'années. Les conditions de relief peuvent être considérées comme stables en dessous de cette échelle de temps.
Actuellement, une partie significative du CO2 est absorbée par les algues photosynthétiques. Cette pompe biologique des océans, dite de Williams Riley, absorbe annuellement environ 6,2.109 tonnes de CO2 soit environ 25 fois plus que les émissions volcaniques en période normale et 20 % des émissions anthropiques. Notons que la décomposition de ces algues photosynthétiques (mangées par des herbivores, décomposés par des bactérie…) libère autant de CO2 qu'elles en ont absorbé pour leur croissance. Mais une grande quantité de carbone est “stocké” sous forme de molécules organiques et n'est donc plus sous forme de CO2 atmosphérique. Cette pompe biologique est essentielle et sa modification aurait des répercussions immédiates et importantes si son fonctionnement venait à être perturbé et si du carbone organique se “déstockait”. Elle tempère en quelque sorte le réchauffement anthropique.
Notons que le métamorphisme de contact par injection de sills et dykes dans des formations riches en carbonates, charbon ou évaporites, peut entrainer un relargage massif de CO2.
La figure 13-A, est une courbe obtenue grâce à la compilation de divers travaux. Certains des affleurements-clés qui ont permis de “caler” cette courbe sont indiqués, ainsi que l'importante marge d'incertitude (flèches bleues ; plus d'un ordre de grandeur). La décroissance du CO2 atmosphérique est forte, elle est exponentielle (elle semble linéaire… avec une échelle logarithmique), la teneur en CO2 est divisée par 10 tous les milliards d'années. Cette baisse est due à sa forte intégration par les calcaires dont la quantité augmente au cours du temps (entre autres à cause de l'altération des basaltes qui libère du Ca2+). Dans le même temps, le volcanisme est l'une des causes de la diminution du CO2 (par l'altération des basaltes), il est aussi une cause possible de son augmentation, puisque le volcanisme libère du CO2 lors des éruptions. Mais cette libération s'est avérée insuffisante pour compenser son piégeage par les calcaires.
Notons qu'il est heureux pour la vie que le CO2 ait été très élevé il y a 4 Ga puis qu'il ait drastiquement baissé. En effet, pendant ce même temps, l'énergie produite par le Soleil a augmenté de 50 %. Une Terre primitive avec le CO2 actuel aurait été intégralement gelée, alors qu'un taux de CO2 égal au taux primitif rendrait la Terre actuelle beaucoup trop chaude pour la majorité de la vie (hors hyperthermophiles).
La figure 13-B représente la même courbe que celle de gauche, mais avec une échelle linéaire pour bien montrer la décroissance exponentielle du CO2 (sans que l'on ne puisse faire figurer la grande marge d'incertitude). Il apparait que les variations depuis 600 Ma sont négligeables par rapport à ce qu'à connu la Terre, même si ces variations modifient le climat de façon spectaculaire : des dinosaures herbivores vivaient en Antarctique (déjà situé dans les hautes latitudes) il y a 70 à 150 Ma alors que la teneur atmosphérique de CO2 était d'environ 10 fois la teneur actuelle.
Source - © 2025 Michel Detay (A), d'après P. Thomas (2012) (B)
Pour avoir des compléments sur les variations des 600 derniers millions d'années, voir par exemple le modèle Geocarb III présenté par Berner et Kothavala (2001[1]) ou par Royer et al. (2004[33]).
Le rôle potentiel du méthane (CH4)
Enfin, le rôle du dégazage potentiellement important de méthane pourrait jouer un rôle de catalyse de climat froid à l'échelle géologique (Schrag et al., 2002[35]), le méthane générant, sur la partie tropicale du supercontinent Rodinia, un climat chaud et des pluies abondantes, qui finissent par piéger une quantité importante de CO2 et conduisant à un refroidissement. Si une littérature abondante existe aujourd'hui sur les mécanismes et les observations des dépôts glaciaires néoprotérozoïques qui ont permis de soulever une partie du doute, des incertitudes demeurent qui maintiendront dans les années à venir ce champ de recherche actif.
En effet, les volcans émettent également d'autres gaz participant au cycle du carbone dont le méthane et le monoxyde de carbone. Ces gaz restent cependant anecdotiques vis-à-vis du flux de gaz carbonique. Les estimations de flux de CH4 d'origine volcanique et para-volcanique (fumerolles, solfatares, zones géothermiques,…) sont estimés autour de 2,5 à 6,3 Mt.a–1.
L'impact du méthane sur l'effet de serre demeure un sujet hautement spéculatif d'autant qu'il est potentiellement très important ; son effet de serre étant environ 20 fois plus fort que le CO2. Les permafrosts (notamment le permafrost sibérien) sont des réservoirs de clathrates (hydrates de méthane) susceptibles de relarguer d'énormes quantités de méthane ; certains fonds océaniques également. Les zones humides relargueraient dans l'atmosphère de l'ordre de 100 à 200 Mt de CH4 par an. Il en a probablement été de même dans l'histoire de la Terre à diverses périodes. Il reste très incertain de quantifier son potentiel effet historique ou futur, ceci constitue encore une limite scientifique. Pour fixer les idées, l'éruption du Lakagigar (1783-84, Islande) aurait relargué environ 9 Mt de CH4 (Gauci et al., 2008[12]).
Conclusion
Le couple diamectites - cap carbonates s'impose comme la signature d'un épisode de Terre boule de neige (snowball Earth). Cette théorie, même si elle comporte encore des incertitudes, démontre toute la beauté de la géologie où à travers des études complémentaires, du terrain au laboratoire, on arrive à retracer l'histoire de la planète. Les modèles mathématiques qui découlent de ces recherches autorisent une certaine projection dans le futur et tentent d'appréhender des impacts climatiques potentiels. Comme nous l'avons vu, les actions et rétroactions demandent des analyses assez fines que l'on ne sait pas toujours totalement contrôler. Ceci souligne toute l'importance de la compréhension des phénomènes et du risque qu'il représente lors du passage du scientifique au politique. Le taux de CO2 sur la planète (figure 13B) illustre bien le décalage entre sa valeur et ses conséquences sur la planète (il faut multiplier par 100 les variations actuelles pour qu'elles apparaissent dans l'épaisseur du trait). Tout cela milite pour une grande humilité. D'autant que nous vivons une époque assez paradoxale où l'essentiel de l'attention est centrée sur le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique, alors qu'en réalité la période géologique dans laquelle nous vivons est une période glaciaire (au sens géologique). Ces périodes glaciaires ont une occurrence très faible au cours de l'histoire de la Terre. Cette mise en perspective est importante à l'échelle géologique parce que, ce que d'aucuns appellent déjà l'“Anthropocène” pourrait aussi voir disparaitre les calottes de glace et la mise en place d'un climat bien plus chaud que l'actuel. Or, c'est à l'échelle géologique, le climat le plus couramment rencontré dans l'histoire de notre planète depuis 4,6 Ga.
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