Image de la semaine | 28/06/2004
Une souche de Sigillaire en position de vie dans des grès
28/06/2004
Résumé
Bassin houiller limnique, fossile de Sigillaire en position de vie dans les grès, Champclauson, bassin d'Alès (Gard).
Depuis 3 semaines, nous vous présentons des photographies prises dans les bassins houillers lacustres stéphaniens (Carbonifère supérieur) du Sud du Massif Central. Dans ces bassins, on retrouve très souvent la même série (qui peut se répéter plusieurs fois) : de haut en bas, avec des transitions souvent progressives, grés/argiles/charbons.
Nous avons vu la semaine dernière que le milieu de dépôt des charbons correspondait à un lac, indemne de tout apport détritique, avec beaucoup d'apports de matière organique, sous forme notamment de nombreux troncs d'arbres flottés. Le passage aux argiles du dessus (argiles sombres, riches en matière organique) correspondait à l'apport de particules détritiques fines. Mais dans quel milieu se sont déposés les grès supérieurs ?
On trouve dans les bancs gréseux de nombreuses stratifications obliques, suggérant des chenaux se recoupant les uns les autres. Ces grès contiennent des souches d'arbres en place, non déracinées, en " position de vie ", c'est à dire verticale (ou perpendiculaire au couches quand celles-ci ont été basculées), avec élargissement de la souche vers la base, élargissement correspondant au départ des racines. Dans certains cas exceptionnels, les racines elles-mêmes sont visibles. Un tel milieu correspond vraisemblablement à une plaine alluviale, à une plaine d'inondation fluvio-torrentielle en cours de formation, avec des chenaux changeant et dérivant au grè des crues. En dehors des crues, cette plaine alluviale était vraisemblablement exondée ou sous une faible tranche d'eau permettant à la forêt de se développer. Lors des crues, très probablement la base des arbres était recouverte de sables et graviers, sans être déracinée. Probablement les arbres ainsi partiellement ensevelis mourraient-ils. Et leurs parties supérieures mortes étaient emportées vers l'aval par la crue suivante, la base des troncs restant enfouie dans sables et graviers, et se fossilisant au cours des temps.
En un même lieu, au cours du temps, on a donc un changement (progressif) de milieu :
- temps 1 : milieu lacustre, indemne d'apport détritique (on est situé loin de la rive du lac), mais recevant des troncs d'arbres morts et flottés qui coulent et se sédimentent.
- temps 2 : en plus de la matière organique, il arrive des argiles qui recouvrent les charbons. Sans doute la rive du lac est-elle plus proche, ce qui permet aux argiles d'arriver. Comme "on" n'a pas bougé, c'est donc la rive du lac qui s'est rapprochée, progradation d'un delta torrentiel par exemple, qui progressivement envahit et comble le lac.
- temps 3 : À force de prograder et de s'avancer, le delta est arrivé au milieu du lac, des grès se sédimentent à chaque crue, en recouvrant les argiles précédemment déposées. Mais entre les crues, des arbres peuvent pousser sur ce delta émergé (ou sous faible tranche d'eau). Les troncs morts emportés par les crues vont peut-être être entraînés vers l'aval, arriver en flottant dans ce qui reste du lac, pour à leur tour devenir charbon.
La semaine prochaine, nous vous montrerons d'autres fossiles de troncs en place dans la couche de grès, toujours dans le même bassin d'Alès.