Image de la semaine | 19/05/2025
Survoler l'Ardèche en avion à l'Ouest de Montélimar, 1/ la couverture sédimentaire
19/05/2025
Résumé
Principales formations et figures sédimentaires ardéchoises vues depuis un avion de tourisme.
La première partie du trajet que nous vous montrons aujourd'hui concerne le premier tiers du trajet (de Montélimar, Drôme aux Vans, Ardèche, au-dessus des cartes géologiques BRGM à 1/50 000 du Crest, d'Aubenas et de Bessèges), et ne survole que la couverture sédimentaire (du Trias au Crétacé). Les deux autres tiers feront l'objet de l'article de la semaine prochaine où nous survolerons le socle hercynien. Le socle et sa couverture sont séparés par une discordance (parfois par une faille) matérialisée ici par la ligne jaune pointillée. Les numéros blancs correspondent à localisation approximative de l'avion là où ont été prises les photos ayant ce numéro, numérotées dans l'ordre chronologique (sauf les photos 5 et 6).
Localisation du point de départ, Montélimar et du point le plus à l'Ouest du survol, La Garde-Guérin.
La première partie du trajet que nous vous montrons aujourd'hui concerne le premier tiers du trajet (de Montélimar, Drome, aux Vans, Ardèche), qui ne survole que la couverture sédimentaire (du Trias au Crétacé). Les deux autres tiers feront l'objet de l'article de la semaine prochaine où nous survolerons le socle hercynien. Les numéros blancs correspondent à localisation approximative de l'avion là où ont été prises les photos ayant ce numéro, numérotées dans l'ordre chronologique (sauf les photos 5 et 6).
Les photographies présentées ici sont des photographies aériennes prises en avril 2025 lors d'un survol de l'Ardèche en petit avion de tourisme piloté par mon ami Mehdi Bennourine. Les conditions de prises de vue “artisanales” expliquent la netteté pas toujours parfaite, la présence de reflets…
Figure 3. Juste après l'aérodrome de Montélimar, le vol franchi le Rhône
À droite (à l'Est), la Drome ; à gauche (à l'Ouest) l'Ardèche, département au-dessus duquel se déroule toute la première partie du vol. On voit très bien au bord de la rive Ouest du Rhône les tours de refroidissements et les panaches de vapeur de la centrale nucléaire de Cruas. Cette centrale est, géologiquement parlant, dangereusement située. En effet, elle n'est qu'à une quinzaine de kilomètres au Nord d'un des derniers séismes importants de France, le séisme du Teil, de magnitude 5,4, cf. Le séisme du 11 novembre 2019, Le Teil (Ardèche). Lors de ce séisme, la centrale s'est mise automatiquement à l'arrêt mais elle n'a pas subi de dégâts, alors qu'il y a eu 4 blessés et de nombreux bâtiments endommagés au Teil et dans des villages voisins.
Après avoir traversé le Rhône, le vol se dirige vers le Sud-Ouest en survolant des marnes et calcaires datant du Crétacé inférieur. Au niveau du point 4, en regardant vers le Nord, on voit que ces marnes et calcaires sont recouverts par les coulées basaltiques du Coiron (cf. Le Plateau du Coiron (Ardèche), un empilement de coulées de basalte mio-pliocènes recouvrant des marno-calcaires mésozoïques ainsi que les figures 11 à 15 de Le volcanisme ardéchois basaltique vu du ciel). Nous rajoutons ici 2 photographies prises sur le trajet retour (figures 5 et 6) de ces mêmes basaltes du Coiron recouvrant des marnes et calcaires mésozoïques. Ces deux photographies, prises en direction de l'Est-Nord-Est, montrent les Alpes à l'arrière-plan, Alpes encore enneigées en ce mois d'avril.
La limite basalte / marno-calcaire se matérialise par une falaise sombre que l'on peut suivre sur toute la photo. Au fond, dans la brume, le “socle hercynien” des Cévennes. | |
Figure 5. Vue large sur la partie Ouest du plateau basaltique du Coiron (Ardèche) Ces basaltes recouvrent les marnes et calcaires mésozoïques. À l'arrière, la chaîne des Alpes. Le sommet enneigé correspond sans doute au Grand Veymont (2341 m), le sommet du Vercors. |
Figure 6. Vue de détail sur la partie Ouest du plateau basaltique du Coiron (Ardèche) Ces basaltes recouvrent les marnes et calcaires mésozoïques. À l'arrière, la chaîne des Alpes. Le sommet enneigé correspond sans doute au Grand Veymont (2341 m), le sommet du Vercors. |
Figure 7. Survol des affleurements calcaires et marno-calcaires du Crétacé inférieur (Hauterivien) Le paysage est plus ou moins sec et rocailleux suivant que le sous-sol est marneux ou calcaire. De nombreux murets de pierres sèches ont été bâtis au cours des siècles pour épierrer les champs et prés et délimiter les parcelles. L'agglomération visible au centre droit de la photo est celle de Villeneuve-de-Berg. Au pied du socle cévenole de l'arrière-plan, on devine l'agglomération d'Aubenas. |
Figure 8. Panorama en direction de l'Ouest, pris des points 8-9 (localisation sur les figures 1 et 2) La moitié “avant” de la photo correspond à des terrains marno-calcaires du Crétacé inférieur. Le plateau boisé qui va de gauche à droite au centre de l'image et qui est traversé par la vallée de l'Ardèche correspond à des calcaires plus ou moins dolomitiques du Jurassique supérieur. Ces calcaires forment des falaises au niveau de la vallée de l'Ardèche, falaises sur lesquelles zoome la figure suivante. Ce plateau domine une dépression située plus à l'Ouest et constituée de Jurassique moyen et inférieur principalement marneux. Cette dépression est elle-même dominée, encore plus à l'Ouest, par le socle des Cévennes souvent recouvert (en discordance) par des grès triasiques. |
Figure 9. Zoom sur la vallée de l'Ardèche au niveau de Balazuc (Ardèche) Attention à ne pas confondre la vallée de l'Ardèche avec les célèbres gorges de l'Ardèche (cf. Les gorges de l'Ardèche, ses méandres, ses falaises). Balazuc abrite un musée paléontologique qui vaut le détour, cf. Le Muséum de l'Ardèche à Balazuc, une occasion de découvrir des fossiles exceptionnels. La rivière Ardèche est dominée par des falaises de calcaire blanc irrégulièrement dolomitique, au débit assez caractéristique. Ce calcaire blanc est d'âge kimméridgien-tithonien (155 à 145 Ma) et est l'objet d'une intense karstification. |
Figure 10. Vue aérienne sur un méandre de l'Ardèche connu sous le nom de « Cirque de Gens » La vallée entaille les mêmes calcaires blancs kimméridgo-tithoniens qu'à Balazuc (figure précédente). D'autres vues de ce méandre sont disponibles aux figures 25 à 27 de Les gorges de l'Ardèche, ses méandres, ses falaises. |
Figure 11. Survol d'un plateau calcaire entre Ruoms et le Bois de Païolive (Ardèche) Ce plateau est constitué de calcaires du Jurassique supérieur (Kimméridgien-Tithonien) localement recouvert de calcaires du Crétacé inférieur (Berriasien). On voit, en haut à gauche, que ce plateau calcaire est entaillé par une vallée encaissée, la vallée du Chassezac (affluent de l'Ardèche). Les deux photos suivantes correspondent à des vues détaillées de cette vallée. | |
Figure 12. Vue d'ensemble sur la vallée encaissée du Chassezac et de ses falaises bordières Ces falaises sont constituées des mêmes calcaires blancs kimméridgo-tithoniens qu'à Balazuc (cf. figure 9) et ont d'ailleurs la même morphologie. |
Figure 13. Vue de détail sur la vallée encaissée du Chassezac et de ses falaises bordières Ces falaises sont constituées des mêmes calcaires blancs kimméridgo-tithoniens qu'à Balazuc (cf. figure 9) et ont d'ailleurs la même morphologie. |
Ce plateau est constitué de Kimméridgien supérieur. L'altération de ses calcaires donne de beaux modelés karstiques, en particulier de très beaux reliefs ruiniformes qui font de ce Bois de Païolive un site très apprécié des touristes et des randonneurs (cf. Le bois de Païolive (Ardèche), un exemple de méga-lapiaz dolomitique). |
Figure 15. Zoom sur la surface ruiniforme du Bois de Païolive (Ardèche) On devine les pinacles dolomitiques qui dépassent des arbres pourtant de belle taille (cf. «Le bois de Païolive (Ardèche), un exemple de méga-lapiaz dolomitique» https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Img514-2015-11-30.xml). |
Trois kilomètres après le Bois de Païolive, notre avion survole l'agglomération des Vans qui n'est qu'à trois kilomètres de la limite couverture mésozoïque / socle hercynien. Les quatre figures suivantes correspondent à des vues et à une carte de cette limite couverture/socle.
Figure 16. Vue globale de l'agglomération des Vans (Ardèche), prise en direction de l'Ouest Les trois cinquièmes “avant” de l'image sont constitués de roches mésozoïques : du Trias, surmonté d'un Jurassique inférieur et moyen réduits. Au centre de l'image, on voit très bien des strates horizontales constituées d'Oxfordien (base du Jurassique supérieur) formant un “cirque” connu sous les noms de Cirque de Nave ou Cirque de la Serre du Cocu. Ce cirque est détaillé sur les figures 16 et 17. Tout l'arrière-plan de la photo est constitué de gneiss appartenant au socle hercynien. |
Figure 17. Vue globale sur le Cirque de Naves, ou de la Serre du Cocu, prise en direction de l'Ouest On voit très bien les couches de marnes et de calcaires jurassiques horizontales (Bathonien à Oxfordien). Tout l'arrière-plan est constitué de gneiss. On voit très bien la différence de morphologie entre l'arrière-plan gneissique et l'avant-plan sédimentaire. La simple vue depuis l'avion ne permet pas de déterminer la nature du contact couverture / socle, mais on peut noter l'absence de Jurassique inférieur et de Trias visible. La carte géologique (cf. fig. 19) indique que ce contact est ici une faille. |
Tout l'arrière-plan est constitué de gneiss, affecté par un “débit” quasiment vertical (diaclases, schistosité… ?). On voit remarquablement bien la différence de morphologie entre l'arrière-plan gneissique et l'avant-plan sédimentaire. |
Le socle est figuré en gris, vert, jaune-et beige. La couverture est figurée en bleu (Jurassique) et en différentes teintes de marron-orangé (Trias). Au Nord de la carte (à droite), le contact couverture / socle est un contact “normal” : une discordance (hélas mal visible depuis l'avion). Au Sud (à gauche) et en particulier juste à l'Ouest du cirque, le contact couverture / socle se fait par l'intermédiaire d'une faille. |