Image de la semaine | 02/12/2019
Barkhanes, champ de dunes, Chandelier de Paracas et autres aspects du désert côtier péruvien
02/12/2019
Résumé
Le désert de la côte pacifique du Pérou : son climat, ses dunes de sable, ses estuaires irrigués et ses géoglyphes.
Dans les zones sans végétation (désert, côte…) et dont la surface est riche en particules et éléments suffisamment légers pour être déplacés par le vent, des dunes peuvent se former par accumulation de grains de sable transportés par le vent. Quand il y a un sens de vent dominant, et que le sable mobile est très abondant, les dunes forment des crêtes et cordons perpendiculaires au sens du vent dominant. Ce sont les dunes transversales, les plus fréquentes. Comment se forment ces dunes transversales ? Le vent va arracher des grains de sables du sol, surtout là où la topographie accélère sa vitesse, comme sur une pente face au vent. Puis le vent va transporter ces grains de sables, et va les déposer là où sa vitesse diminue, comme sur une pente dirigée à l'opposé du vent. Dans ce dernier cas, cette pente va se retrouver tapissée par une couche constituée des grains de sable qui tombent. Ces couches de sable déposées inclinées sur les pentes vont faire progresser la pente dans la direction opposée de celle d'où vient le vent. Dans les régions où il y a une forte accumulation de sable, ces processus d'érosion et de dépôt vont à la longue former des cordons continus de dunes transversales, cordons dunaires s'érodant par leur côté face au vent et s'augmentant par leur côté sous le vent. Ce double processus d'érosion d'un côté et de dépôt de l'autre va entrainer une migration des dunes dans la direction où va le vent. Ce processus explique aussi pourquoi les strates internes aux dunes sont inclinées et arrivent tangentiellement au substratum. Cette structure interne qu'on ne peut voir sur les dunes “vivantes” est parfaitement visible dans les sédiments éoliens anciens (cf. Stratifications éoliennes).
Si la disponibilité en sable est limitée, il ne se forme pas de cordons dunaires continus, mais seulement des dunes isolées. Les extrémités latérales de ces dunes, moins volumineuses et contenant moins de sable que leur centre, progressent plus vite que ce centre, ce qui donne à la dune une forme arquée : une barkhane. La vitesse et la forme des courants d'air autour de la dune arquée sont complexes. Le vent, plus rapide au niveau du sommet central élevé que sur ces côtés, transporte plus de sable que sur les côtés. Mais il y a plus de sable à transporter au centre de la dune que sur ses ailes. Il s'établit ainsi une forme d'équilibre, et la barkhane progresse en gardant une forme constante : la partie convexe et à pente douce de la dune étant dirigé dans la direction d'où vient le vent, la pente raide et concave, et les "cornes" étant dirigées dans la direction où se dirige le vent.
Source - © 2012 D'après David Tarailo / National Park Service, modifié | Source - © 2005 D'après jcboulay, modifié |
Source - © 2005 NASA/JPL/Malin Space Science Systems |
Ces dunes du désert côtier péruvien posent la question de la localisation de ce désert. Toutes les photographies précédentes (sauf celle de Mars bien sûr) ont été prises par 15° de latitude Sud. De l'autre côté du continent Sud-américain, côté Brésil, la côte est verdoyante et non désertique. On retrouve la même dissymétrie vers 15° de latitude Sud sur les côtes africaines et, dans une moindre mesure, australiennes. Les côtes occidentales des continents de l'hémisphère Sud entre 10 et 35° de latitude sont beaucoup plus sèches que leurs côtes orientales. Cette dissymétrie est principalement due à la présence de courants froids longeant les côtes occidentales des continents dans l'hémisphère Sud : le courant de Humboldt le long des côtes chiliennes et péruviennes, le courant de Benguela le long des côtes d'Afrique du Sud, de Namibie et d'Angola, et le courant d'Australie occidentale le long des côtes australiennes. Les eaux de ces courants froids ont une température inférieure de 5 à 8° par rapport aux températures moyennes des eaux superficielles à la même latitude. Ces eaux froides limitent l'évaporation, et surtout maintiennent des hautes pressions sur l'océan, en particulier au voisinage du continent, ce qui a pour effet de limiter considérablement la pluviométrie sur les côtes. La basse température des eaux côtières peut être renforcée par des upwellings. Dans le cas du Pérou et du Chili, la présence de la Cordillère des Andes qui arrête tous les vents venant de l'Est (côté atlantique) renforce cette sécheresse. C'est pour cela que le désert d'Atacama au Chili et son prolongement Nord, le désert côtier péruvien, sont les régions les plus sèches du monde.
Source - © 2008 D'après Météo France |
Ce désert côtier péruvien, coincé entre l'océan Pacifique et la cordillère des Andes permet d'admirer de superbes paysages : des champs de dunes, des côtes arides, une végétation xérophile, des fonds de vallées verdoyants à cause de l'eau venant des Andes, des géoglyphes pré-incaïques que l'absence de pluie a épargnés et que l'absence de végétation rend visibles…
Nous vous invitons à un voyage de 17 autres photographies dans ce désert côtier péruvien, qui n'est pas le plus connu des déserts terrestres.