Image de la semaine | 29/05/2017
Microplis dans les marnes bajociennes d'Embrun, Hautes Alpes
29/05/2017
Résumé
Microplissement de couches calcaires compétentes au sein de marnes.
La déformation en masse d'un grand volume de roches non parfaitement plastiques engendre des déformations différentielles pour de simples raisons géométriques, par exemple des phénomènes de dysharmonie (cf. Les plis disharmoniques de Saint-Julien-en-Beauchêne, Hautes Alpes). La situation peut devenir encore plus complexe si le massif rocheux qui se déforme est hétérogène. Si la masse qui se déforme comporte des volumes très incompétents, ceux-ci vont pouvoir subir une déformation plastique continue plus ou moins homogène. Par contre, s'il existe de rares niveaux compétents au sein de la masse globalement incompétente, ceux-ci vont subir une déformation différentielle, moins homogène et plus localisée, associant plis, fractures…
En 2005, au hasard d'une rapide halte en bord de route juste au Sud d'Embrun (Hautes Alpes), j'ai photographié "vite fait" de superbes et spectaculaires microplis affectant le Bajocien, couches situées à la base des « terres noires » jurassiques (Bajocien terminal, Bathonien, Callovien et Oxfordien) du parautochtone dauphinois. Douze ans plus tard, on peut essayer d'interpréter ces déformations, à la simple vue de ces vieilles images, et sans retourner faire une étude précise sur le terrain. Ces interprétations forcément partielles et sujettes à caution devront s'intégrer dans le contexte tectonique régional : on est situé dans l'autochtone (ou le parautochtone) dauphinois, juste sous le Chevauchement Pennique Frontal, chevauchement par lequel la zone dauphinoise se fait chevaucher par un empilement de nappes de charriage, dites nappes de l'Embrunais-Ubaye. Dans un tel contexte, deux hypothèses extrêmes semblent théoriquement possibles.
(1) L'ensemble du volume rocheux a subi un important raccourcissement Est-Ouest (droite - gauche) associé à un allongement bas - haut. L'essentiel de la masse rocheuse, argilo-marneux, s'est déformé de façon plastique, plus ou moins homogène et continue. Au sein de cette masse plastique, une mince couche de calcaire non plastique s'est micro-plissé pour "encaisser" le raccourcissement.
(2) La zone micro-plissée, fine strate de calcaire au sein d'une couche d'argile, correspondrait à un couloir de déformation où se serait localisé un cisaillement, la partie supérieure de la zone photographiée "glissant" vers la droite. Les microplis auraient alors une signification de plis d'entrainement.
Le contexte tectonique régional est plutôt en faveur de cette deuxième hypothèse.
Mais sans vouloir trancher entre ces deux hypothèses et beaucoup d'autres envisageables, ce qui nécessiterait une étude de terrain, nous vous montrons des images de ce même bord de route (sur la rive gauche de la Durance) et une vue d'ensemble d'un affleurement homologue, 300 m en amont, mais sur la rive opposée (rive droite) de la Durance.