Image de la semaine | 29/06/2009
Les anciennes mines de cuivre, argent et barytine du secteur Padern-Montgaillard (Aude)
29/06/2009
Résumé
Sites miniers accessibles dans les Corbières.
Ces concrétions s'observent à plat sur des plans de fracture minéralisés, que l'on peut obtenir en cassant des échantillons selon ces plans de fracture.
Où trouver de tels échantillons ? En se promenant dans les montagnes quasi-désertes des Corbières, sur les communes de Padern et de Montgaillard (11), à moins de 35 km de la foule des plages sur-fréquentées du Languedoc-Roussillon. Dans ces montagnes sauvages, on trouve, perdus dans les bois au bout de petits chemins, des excavations, des tranchées, des fronts de carrières, des déblais… plus ou moins colonisés par la riche végétation méditerranéenne, pas plus dangereux (mais pas moins non plus) que n'importe quels surplombs rocheux, fossés, falaises ou tas d'éboulis naturels en montagne. Ces anciennes mines et leurs trésors minéraux ont plusieurs ennemis, dont la végétation qui recouvre tout et les services de l'état, qui, atteint d'un « principe de précautionnite » aigu et exacerbé, risquent de tout détruire (on appelle cela « sécuriser » en langage administratif). Allez-y avant qu'il ne soit trop tard ; c'est l'occasion de belles ballades, et cela permet de passer des vacances géologiquement riches.
Toutes les photographies de cet article ont été prises en juin 2008.
Cette région des Corbières est géologiquement très riche. Si on tape « Corbières » sur le moteur de recherche interne de Planet-Terre, on tombe sur 8 « image de la semaine » :
- Relations entre cisaillement et schistosité (plans C-S) à la base de la nappe des Corbières (Ripaud, 11), Plans de cisaillement et plans de schistosité.
- Schistosité moulant des stromatolites (oncolites) à la base de la nappe des Corbières, Pont de Ripaud (11), Schistosité défléchie par des corps « durs ».
- Failles normales associées à une nappe de charriage (Padern, 11), Des failles normales locales dans un contexte régional de raccourcissement
- Plis d'entraînement dans l'autochtone à la base d'une nappe de charriage (Ripaud, 11), Déformation de l'autochtone à la base de la nappe des Corbières.
- Failles inverses conjuguées cisaillant un galet (Coustouge, 11), Déformations dans la nappe des Corbières : failles inverses conjuguées dans un galet.
- Conglomérat affecté par un micro-chevauchement, Cucugnan (11), Déformations dans la nappe des Corbières : micro-chevauchement dans un conglomérat
- Un chevauchement décamétrique à la base de la nappe des Corbière, Padern (11), Déformations dans la nappe des Corbières : chevauchements dans le Trias
- Déformations dans les gypses de base de la nappe des Corbières (Durban Corbières, 11), Déformations dans la nappe des Corbières : plis anisopaques, brèches.
Bonnes vacances.
La bibliographie sur les gisements dans ce secteur des Pyrénées est des plus réduite. La géologie des Corbières est fort complexe. Sur un socle hercynien (fait de roches sédimentaires paléozoïques plissées) repose localement (et en discordance) des terrains mésozoïques. L'ensemble Paléozoïque + Mésozoïque est recouvert par une nappe de charriage (plus ses écailles basales) : la nappe des Corbières, qui est un charriage d'âge cénozoïque (pyrénéen) constitué de terrains mésozoïques. Les anciennes mines de Padern-Montgaillard exploitaient des remplissages hydrothermaux de filons et/ou de poches affectant des terrains du Carbonifère inférieur (Tournaisien à Viséen supérieur), de nature principalement carbonatée. La nature du remplissage est majoritairement constitué de barytine (BaSO4), parfois de silice ou de carbonates. Le cuivre, mais aussi des métaux en plus faible proportion comme l'argent, se trouvent disséminés dans barytine et quartz. Le cuivre est surtout présent sous forme de carbonates : malachite (Cu2(CO3)(OH)2) et azurite (Cu3(CO3)2(OH)2). L'âge de ces remplissages est vraisemblablement tardi-hercynien, mais il est fort probable qu'ils aient été remobilisé pendant l'orogénèse pyrénéenne.
Ces mines ont été exploitées du temps des romains, au Moyen-Âge, au XIXème siècle ; les dernières exploitations (pour la barytine) datent des années 1960.