Tectonique et/ou glissement syn-sédimentaire : association de structures compressives et de structures extensives, lignites de Minerve – La Caunette, Hérault
05/01/2009
Résumé
Association de failles normales et de failles inverses dans une même couche sédimentaire.
Sur cette photo, on voit que la moitié droite de la couche de lignite est affectée de structures indiquant un raccourcissement (plis, failles inverses…). La moitié gauche, quant à elle, montre d'abondantes failles normales (limitant parfois horst et graben), ce qui indique que la couche de lignite a subi une élongation. Comment avoir la coexistence de ces 2 types de structures sur une aussi faible distance ? Cet affleurement, situé dans un virage au bord de la D10 à 300 m de Minerve correspond à la continuation « Est » des images de la semaine "micro-plis-failles...". La moitié droite de cette image 1 correspond à l'image 9 de la semaine "micro-plis-failles".
Sur cette photo interprétée, on voit que la moitié droite de la couche de lignite est affectée de structures indiquant un raccourcissement (plis, failles inverses …). La moitié gauche, quant à elle, montre d'abondantes failles normales (limitant parfois horst et graben), ce qui indique que la couche de lignite a subi une élongation. Comment avoir la coexistence de ces 2 types de structures sur une aussi faible distance ?
Cet affleurement situé dans un virage de la D10 à 300 m à l'Est de Minerve montre donc la coexistence de structures compressives (plis, plis failles, failles inverses à l'Ouest de l'affleurement) et de structures extensives (failles normales, à l'Est de l'affleurement). Même quand il n'y a que du raccourcissement, ce dernier affecte inégalement les différents niveaux de lignite (voir par exemple les images 2 et 11 de la semaine "micro-pli-failles à Minerve"). Ces failles affectent rarement la base des calcaires, mais le font parfois. Ces failles n'affectent pas le sommet des couches calcaires. Cela peut s'interpréter en terme de dysharmonie (déformation dans des couches ductile) et/ou en terme de mouvement syn-sédimentaire. Le pendage des failles est parfois « classique », par exemple 60° pour les failles limitant le graben de l'image 7. Il est souvent notablement plus faible que « dans les livres », par exemple 35° pour la faille normale de l'image 11. Un aussi faible pendage pour une faille normale indique un milieu à comportement relativement ductile.
On peut synthétiser toutes ces observations de la façon suivante : ces failles ne résultent pas de mouvements tectoniques sensu stricto, mais de glissements gravitaires synsédimentaires, ou du moins anté-diagénèse. Au fond du lac cuisien se déposaient des alternances de boues calcaires et ligniteuses. Sur ce fond, sans doute non parfaitement horizontal, de légers glissements gravitaires, peut-être déclenchés par des séismes, ont entraîné un déplacement pluri-décimétrique des couches de boues en direction du bas de la pente. La partie « amont » de ces couches a donc subi un étirement, alors que la partie « aval » et son front ont eux subi un raccourcissement. Ces instabilités gravitaires et ces glissement sont sans doutes déclenchés par les séismes accompagnant les mouvements tectoniques affectant la région pendant le dépôts de ces couches : le dépôt de ces couches éocène est contemporain des mouvements tectoniques pyrénéo-languedoco-provencaux.
La semaine prochaine, nous verrons de telles déformations « pseudo-tectoniques » affectant des dépôts d'argiles karstiques quaternaires.
La flèche bleu foncé indique le virage avec lignites déformées par plis et failles inverses. La croix rouge indique l'emplacement d'une galerie de mine de lignite à gastéropodes. La flèche verte correspond à l'emplacement approximatif du secteur de la discordance. La croix bleu clair correspond au site de prélèvement des calcaires à alvéolines. Les pointillés violets correspondent à l'emplacement des ponts naturels de Minerve.