Image de la semaine | 15/01/2007
Déformations dans les gypses de base de la nappe des Corbières (Durban Corbières, Aude)
15/01/2007
Résumé
Déformations dans la nappe des Corbières : plis anisopaques, brèches.
Nous avons vu (en septembre-octobre 2006) les déformations dans les gypses de la « nappe des gypses » en Maurienne, à la base du chevauchement des schistes lustrés (semaines 38 à 40). Voici cette semaine des déformations dans les gypses de la base d'une autre nappe de charriage, la nappe des Corbières (11) dans les Pyrénées.
La nappe des Corbières est constituée d'un matériel sédimentaire jurassique et crétacé, qui chevauche un autochtone comprenant des sédiments paléozoïques, mésozoïques et cénozoïques. Le chevauchement, comme souvent dans le Sud et le Sud-Est de la France se fait grâce à un niveau de décollement dans le Trias Supérieur argilo-dolomitico-évaporitique.
Si la déformation interne de la nappe des gypses de Maurienne est relativement homogène et régulière à échelle décamétrique et hectométrique (aplatissement et schistosité, boudinage …) la déformation dans cette semelle triasique des Corbières et beaucoup plus complexe à cette échelle.
L'image 2 montre que cet affleurement est constitué de trois niveaux : un niveau moyen constitué de brèche tectonique, encadré de 2 niveaux stratifiés, dont les strates (constituées d'alternances de gypse rouge et blanc) sont intensément déformées. Les images 1, 3, 4 et 5 représentent des gros plans de cet affleurement.
Comment interpréter cette disposition ?
Dans cette semelle de gypse, la déformation a commencé par intensément plisser ce matériel très déformable. Les plis étaient de nature anisopaque, car le gypse est un matériel très ductile, même à basse température (image 5). Lorsque la déformation a atteint une certaine ampleur, la roche a été entièrement « bréchifiée », et se trouve maintenant constituée d'une matrice constituée de gypse pulvérulent, englobant des blocs de toutes tailles ayant échappé à la déformation maximale, et dans lesquels on retrouve les plis « précoces » (image 4).
Il est très probable que les unités supérieure et inférieure ne soient que de très gros blocs de taille supérieure à celle de l'affleurement.
Les cartes géologiques montrent le contexte de cette nappe des Corbières.
Sur la carte au 1/1 000 000 (figure 6), on voit l'autochtone, constitué d'Ordovicien (o), de Dévonien (d), de Crétacé (n et c) et de Paléocène (e) (les 2/5 du Nord Ouest), chevauché par la nappe de Corbières constituée de Jurassique (j) et de Crétacé (c). Oligocène et Miocène (g et m) recouvrent autochtone et nappe en discordance. Les auteurs de la carte ont distingué, quand l'affleurement était suffisamment vaste, la semelle de glissement triasique (t 2-3).
L'affleurement de cette semaine est situé au sein de cet ensemble t 2-3.
La carte au 1/50 000 (figure 7) montre un agrandissement au niveau de Durban Corbières et la localisation de l'affleurement (flèche rouge). Le corps principal de la nappe se trouve à l'Est (t9, l et J). l'autochtone se trouve au Sud Ouest (o, s, d, t, l et c). La semelle gypseuse correspond au vaste affleurement orange (t 7-8 = Trias supérieur). Les plus gros « blocs » emballés ont été représentés quand ils étaient de nature stratigraphique autre que t 7-8 : des blocs plus anciens (Trias moyen = tm) ou plus récents (Jurassique Inférieur = l 1-2).
La semaine prochaine, nous verrons un autre affleurement (situé 15 km au Sud-Ouest) dans cette semelle triasique, mais dans un site où la lithologie est plus dolomitique qu'évaporitique.