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Image de la semaine | 10/04/2006

Scyphocrinites, crinoïdes d'Erfoud (Maroc)

10/04/2006

Pierre Thomas

ENS de Lyon - Laboratoire des Sciences de la Terre

Florence Kalfoun

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Fossiles de crinoïdes entiers du Silurien : scyphocrinites.


Scyphocrinites (crinoïdes) du Silurien terminal, Erfoud, Maroc

Le 6 et le 13 mars, nous vous avons montré des bioclastes d'échinodermes, actuels et fossiles. Le 20 mars nous vous avons présenté des fossiles d'ophiures complets, montrant la fossilisation d'échinodermes entiers, sans que les pièces soient disjointes contrairement aux images des semaines précédentes. Mais ces ophiures étaient de petites tailles. Dans certaines conditions exceptionnelles, il peut se fossiliser des crinoïdes de plus d'1 mètre de long, dont toutes les pièces sont encore en connexion. C'est ce que nous vous montrons cette semaine, après une parenthèse due à l'éclipse et au 1er avril, avec ces Scyphocrinites sp., fossilisés dans des lentilles calcaires, au sein d'argiles pélagiques du silurien terminal d'Erfoud (Maroc).

Il existe des crinoïdes pélagiques, en général sans tige, et des crinoïdes fixés. Ces crinoïdes fixés comprennent, de bas en haut :

  • un système de fixation, avec des crampons appelés "racines",
  • une tige, souvent absente chez les crinoïdes actuels
  • un calice, d'où partent des bras ou tentacules
  • des bras ou tentacules

Toutes ces pièces sont constituées d'articles juxtaposés, souvent calcitisés. Les crinoïdes actuelles ne constituent pas un groupe biologiquement et écologiquement important. Par contre, au paléozoïque et au mésozoïque, les crinoïdes constituaient un groupe majeur. Ils pouvaient constituer de véritables "prairies" sous-marines. Et à leur mort, l'accumulation des articles de leurs pièces calcitisées constituait d'énormes dépôts sédimentaires (les calcaires à entroques)..

Les Scyphocrinites, crinoïdes paléozoïques, étaient des animaux pélagiques atypiques. L'animal était constitué d'une très longue tige attachée à un flotteur (qui remplaçait les racines) et se terminant vers le bas par son calice où étaient attachés les bras. Il vivait donc "à l'envers" par rapport aux crinoïdes usuels. À sa mort, il pouvait couler, sédimenter (entier) en eaux calmes et se fossiliser. La figure 2 montre une reconstitution de ce mode de vie (d'après Haude et al, 1994)


La figure 3 montre une vue d'ensemble d'une dalle issue du gisement d'Erfoud au Maroc. Cette dalle appartient au Musée des Confluences de Lyon, musée en construction qui devrait ouvrir en 2008-2009. Les figures 4 à 9 montrent six vues de détail de cette dalle.

Vue d'ensemble de la dalle du Musée des Confluences (Lyon)

Figure 3. Vue d'ensemble de la dalle du Musée des Confluences (Lyon)

Le couteau suisse (en haut) donne l'échelle : cette dalle mesure 1,60 m dans sa grande dimension.


Détail montrant la dimension des tiges des crinoides

Tiges, calices et bras des Scyphocrinites

Tiges, calices et bras des Scyphocrinites

Scyphocrinites : détail de deux calices avec leurs bras

Scyphocrinites : détail d'un calice et de ses bras

Figure 8. Scyphocrinites : détail d'un calice et de ses bras

Bien que la symétrie d'ordre 5 soit caractéristique des échinodermes, on voit très bien que les articles du calice sont des hexagones (problème d'occupation de la place), voir l''image de la semaine du 31-01-2005.


Scyphocrinites : détail sur une série de tiges, montrant bien leur division en articles

Figure 9. Scyphocrinites : détail sur une série de tiges, montrant bien leur division en articles

Ce sont ces articles disjoints qui forment les "entroques", circulaires ou pentagonales (voir figures 4 et 5, semaine du 13 mars 2005).


La semaine prochaine, nous vous montrerons d'autres fossiles d'Erfoud, gisement mondialement connu pour ses céphalopodes du Siluro-Dévonien.