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Image de la semaine | 19/10/2009

Traces d'activité biologique au Kimmméridgien, carrière de Cerin (Ain)

19/10/2009

Pierre Thomas

Laboratoire de Sciences de la Terre / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Coprolithes, terriers... fossiles.


Trace de nutrition (coprolithe = excrément fossile), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 1. Trace de nutrition (coprolithe = excrément fossile), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

De telles traces sont nommées lumbricaria. On a longtemps pensé qu'il s'agissait de déjections de vers marins (d'où leur nom). On pense maintenant qu'il s'agit d'excréments de poisson.


Les calcaires de Cerin, tout comme ceux du gisement contemporain et de « qualité » équivalente de Solnhofen (Bavière), contiennent de nombreuses traces de vie (= ichnofossiles), dont des traces de vie aussi « intimes » que des excréments fossiles (= coprolithes) nommés lumbricaria. On a longtemps interprété ces traces comme des déjections de vers (d'où leur nom), en particulier de vers de vase marine comme les arénicoles.

Échantillon à lumbricaria (coporolithe), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 2. Échantillon à lumbricaria (coporolithe), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Vue d'ensemble de l'échantillon de la figure 1.


Échantillon à lumbricaria (coporolithe), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Lumbricaria (coporolithe), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Figure 4. Lumbricaria (coporolithe), Kimméridgien, carrière de Cerin (Ain)

Détail de la figure précédente.


Lumbricaria (coporolithe), Solnhofen (Bavière)

Après de très longs débats, on pense aujourd'hui que ces lumbricaria ne sont pas des excréments de vers déposés à la sortie de leurs terriers, mais des excréments d'animaux nageurs : crustacés, céphalopodes et plus vraisemblablement poissons. Un des fossiles de Cerin exclut de manière convaincante l'idée que ces excréments soient des déjections déposées à la sortie d'un terrier. Outre le fait que jamais ces lumbricaria ne communiquent avec une trace de terrier, un de ces coprolithes recouvre une feuille de Cycadopteris jurensis, ce qui est possible pour un excrément venu « d'en haut », mais difficile pour un excrément venant « d'en bas ».

Excréments d'arénicoles actuelles, quelque part sur une plage bretonne

Figure 6. Excréments d'arénicoles actuelles, quelque part sur une plage bretonne

Les lumbricaria ont d'abord été interprétés comme de tels excréments fossiles.


Une plage bretonne avec de très nombreux excréments d'arénicoles

Figure 7. Une plage bretonne avec de très nombreux excréments d'arénicoles

Les lumbricaria ont d'abord été interprétés comme de tels excréments fossiles.


Lumbricaria (en haut à droite) recouvrant une feuille de Cycadopteris jurensis, carrière de Cerin (Ain)

Figure 8. Lumbricaria (en haut à droite) recouvrant une feuille de Cycadopteris jurensis, carrière de Cerin (Ain)

Ce coprolithe est déposé sur la feuille. Il ne peut pas provenir d'un terrier, il serait alors sous la feuille.


Si les lumbricaria ne sont pas des déjections de vers déposées à la sortie des terriers, de tels terriers existent bel et bien à Cerin. Le nom de ces ichnofossiles est Tubularina lithographica.

Tubularina lithographica du Kimméridgien dans les calcaires de Cerin (Ain)

Figure 9. Tubularina lithographica du Kimméridgien dans les calcaires de Cerin (Ain)

Des terriers sont présents dans la partie supérieure de deux bancs.


Échantillon à Tubularina lithographica du Kimméridgien, Cerin (Ain)

Figure 10. Échantillon à Tubularina lithographica du Kimméridgien, Cerin (Ain)

On peut noter que ces terriers ne sont présents que dans la partie supérieure de deux des trois bancs.


Bancs en place de calcaire lithographique de Cerin (Ain)

Figure 11. Bancs en place de calcaire lithographique de Cerin (Ain)

Ces bancs, ici sans Tubularina, montrent le contexte de l'échantillon précédent.


La quasi totalité des fossiles montrés ici fait partie des réserves du futur Musée des Confluences de Lyon, musée en cours de construction, qui devrait ouvrir en 2014-2015. Sous la conduite éclairée de Didier Berthet, responsable des collections de Cerin, j'ai pu accéder à ces réserves et en photographier une (petite) partie. Merci à lui de m'y avoir guidé et de m'autoriser à diffuser ces photos. À partir de 2014-2015, vous pourrez voir certains de ces échantillons et biens d'autres encore dans les expositions permanentes du musée ainsi que dans des expositions temporaires. Le Musée des Confluences a également publié un « beau livre », livre magnifiquement illustré par un photographe professionnel, livre retraçant l'histoire du site de Cerin qui complétera et approfondira ces dossiers Planet-Terre.