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Image de la semaine | 12/10/2009

Méduses fossiles, Kimméridgien, gisement de Cerin (Ain)

12/10/2009

Pierre Thomas

Laboratoire de Sciences de la Terre / ENS de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Fossilisation d'organismes mous : (gonades de) méduses.


Empreinte (en creux) d'une méduse fossile, Kimméridgien, carrière de Cerin

Figure 1. Empreinte (en creux) d'une méduse fossile, Kimméridgien, carrière de Cerin

Un liseré d'hydroxyde ferrique souligne le pourtour externe du fossile. L'éclairage rasant met en évidence quatre cavités discrètes au centre du fossile : les empreinte des quatre gonades. L'empreinte de cette méduse est traversée par trois mini-fractures.


Les calcaires sub-lithographiques de Cerin ont un grain tellement fin qu'ils arrivent à fossiliser des méduses, organismes constitués de plus de 98% d'eau et sans aucune partie dure. De tels fossiles de méduses sont rarissimes et ne se trouvent que dans de tels faciès sédimentaires, comme les célèbres calcaires de Solnhofen (Allemagne), bien plus célèbres pour leurs Archéoptéryx que pour leurs méduses.

Méduse fossile, Kimméridgien, carrière de Cerin

Figure 2. Méduse fossile, Kimméridgien, carrière de Cerin

Gros plan du fossile de méduse de la figure 1.


Méduse fossile, Kimméridgien, carrière de Cerin

Figure 3. Méduse fossile, Kimméridgien, carrière de Cerin

Interprétation du fossile de méduse de la figure 1.

On distingue la trace du bord de l'ombrelle ainsi que les 4 gonades.


Contre-empreinte (en relief) d'une méduse, Kimméridgien, carrière de Cerin

Figure 4. Contre-empreinte (en relief) d'une méduse, Kimméridgien, carrière de Cerin

Fossile de méduse semblable au fossile de la figure 1. L'éclairage rasant met en évidence le bord de l'ombrelle et les quatre gonades centrales. Ce fossile est traversé par deux micro-fractures d'où partent de très petites dendrites d'oxyde de manganèse.


Contre-empreinte d'une méduse, Kimméridgien, carrière de Cerin

Figure 5. Contre-empreinte d'une méduse, Kimméridgien, carrière de Cerin

Zoom de l'image précédente. L'éclairage rasant met en évidence le bord de l'ombrelle et les quatre gonades centrales. Ce fossile est traversé par deux micro-fractures d'où partent de très petites dendrites d'oxyde de manganèse.


Cadavres de méduses actuelles sur une plage de Namibie

Figure 6. Cadavres de méduses actuelles sur une plage de Namibie

La méduse de gauche est reprise en gros plan sur la figure suivante.


Cadavre de méduse sur une plage de Namibie

Figure 7. Cadavre de méduse sur une plage de Namibie

Gros plan sur la méduse de gauche de la figure précédente. Ce zoom permet de bien voir les quatre gonades.

Cette méduse a pu laisser une empreinte « en creux » sur la plage, empreinte semblable à celle des figures 1 à 3. Si cette emprunte en creux se fait recouvrir d'eau et de sédiments sans être effacée, on obtiendra une contre-empreinte en relief, comme celle des figures 4 et 5.


Méduse vivante en train de nager, vue par dessous, aquarium de Sydney

Figure 8. Méduse vivante en train de nager, vue par dessous, aquarium de Sydney

On voit très bien les 4 gonades et les 4 bras péri-buccaux. On devine de courts et fins tentacules sur le pourtour de l'ombrelle.


Groupe de méduses vivantes en train de nager, aquarium de Sydney

Figure 9. Groupe de méduses vivantes en train de nager, aquarium de Sydney

On voit très bien les 4 gonades et les 4 bras péri-buccaux.


Les méduses sont des Cnidaires, comme les coraux. Dans la nature actuelle, les méduses sont souvent une des deux formes morphologiques d'une même espèce, alternativement méduse et polype au cours d'un cycle : le polype, fixé, donne naissance par voie asexuée à la forme libre, ou méduse, qui se reproduit par voie sexuée pour redonner un polype. Parfois, chez certaines espèces, l'une des deux formes du cycle est « court-circuitée », et il n'existe alors que la forme méduse ou que la forme polype.


Les polypes étant parfois calcifiés (comme chez les coraux), ils sont très fréquemment fossilisés. On constate alors qu'ils évoluent beaucoup au cours du Phanérozoïque (ce sont même parfois de bons fossiles stratigraphiques). Les fossiles de méduses sont si rares et les détails anatomiques si mal conservés qu'il est impossible de retracer précisément l'évolution des formes de méduses au cours des temps phanérozoïques.

L'un des deux fossiles montrés ici fait partie des réserves du futur Musée des Confluences de Lyon, musée en cours de construction, qui devrait ouvrir en 2014-2015. Sous la conduite éclairée de Didier Berthet, responsable des collections de Cerin, j'ai pu accéder à ces réserves et en photographier une (petite) partie. Merci à lui de m'y avoir guidé et de m'autoriser à diffuser ces photos. À partir de 2014-2015, vous pourrez voir certains de ces échantillons et biens d'autres encore dans les expositions permanentes du musée ainsi que dans des expositions temporaires. Le Musée des Confluences a également publié un « beau livre », livre magnifiquement illustré par un photographe professionnel, livre retraçant l'histoire du site de Cerin qui complétera et approfondira ces dossiers Planet-Terre.