Outils personnels
Navigation

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Vous êtes ici : Accueil RessourcesSource d'hydrocarbures à La Brea Tar Pits en plein centre de Los Angeles (Californie)

Image de la semaine | 14/01/2008

Source d'hydrocarbures à La Brea Tar Pits en plein centre de Los Angeles (Californie)

14/01/2008

Pierre Thomas

ENS de Lyon - Laboratoire des Sciences de la Terre

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Une source de bitume aménagée en plein centre ville à Los Angeles.



Nous continuons cette semaine à montrer des suintements naturels d'hydrocarbures. Après un site auvergnat dans un triste état, la Californie.

 Peu de gens savent que Los Angeles est bâti sur un bassin sédimentaire miocène riche en pétrole. Des dizaines de puits sont en production, en mer comme en pleine ville. Une infime part de ce pétrole s'échappe naturellement dans le parc de La Brea Tar Pits (encore appelé Hancock Park ).

Il y a quelques milliers d'années, ces suintements de bitumes ont créé de véritables mares d'hydrocarbures. De nombreux animaux préhistoriques s'y sont enlisés et fossilisés (American Mastodon ou Mammut americanum, Saber-Toothed Cat ou Smilodon fatalis …). Ces « paléo-mares » ont été excavées et exploitées par les Espagnols pour le bitume (bitume se traduit par « brea » en espagnol, et par « tar » en anglais), puis par les paléontologues. Une seule de ces excavations a été conservée en l'état au sein d'un parc municipal, le Hancock Park. Elle est maintenant remplie d'eau dans laquelle suinte et coule le bitume. Les fossiles extraits sont maintenant exposés dans un musée situé dans ce même parc. Des reproductions grandeur nature des animaux trouvés fossilisés ont été installées au voisinage (et dans) l'excavation maintenant pleine d'eau. Et si on peut discuter du « bon goût » américain concernant ces statues, la comparaison entre ce site et son équivalent de Clermont-Ferrand (Le Puy de la Poix) n'est pas à la gloire de la France.

Vue générale de La Brea Tar Pits, Los Angeles, Californie

Figure 2. Vue générale de La Brea Tar Pits, Los Angeles, Californie

Des flaques d'hydrocarbures flottent sur l'eau, des statues d'animaux préhistoriques ont été installées. Au fond, le musée paléontologique.



Remous occasionnés par des dégagements de méthane (CH4) contenant un peu de sulfure d'hydrogène (H2S), La Brea Tar Pits, Los Angeles, Californie

Figure 4. Remous occasionnés par des dégagements de méthane (CH4) contenant un peu de sulfure d'hydrogène (H2S), La Brea Tar Pits, Los Angeles, Californie

Au fond, immeubles californiens montrant que ce site géologique est situé en pleine ville.


 

Ces deux semaines consacrées au pétrole peuvent aussi être l'occasion de parler des raisons géologiques de l'augmentation du prix du pétrole : en effet, en plus de causes conjoncturelles à court terme (spéculations, troubles au Nigeria ou au Pakistan, hiver rigoureux aux USA, croissance chinoise à deux chiffres …), il y a une raison géologique de fond à l'augmentation du prix du pétrole. Le pétrole est connu depuis toujours. Il a commencé à être recherché et exploité à partir de 1859. Jusque dans les années 1920, la recherche était guidée par les indices de surface. Un forage a d'ailleurs été effectué à proximité immédiate du Puy de la Poix à la fin du 19ème siècle. Puis la recherche est devenue scientifique, avec les outils de la sédimentologie, de la géophysique … Si bien qu'on découvrait de plus en plus de pétrole.

Les compagnies pétrolières et les états producteurs ont le culte du secret, pour ne pas dire du mensonge, et il est difficile d'avoir des chiffres exacts quand aux tonnages des découvertes et des réserves. Mais il semble que ce soit autour des années 1965 que l'on découvrait le plus de pétrole, environ 60 milliards de barils/an, soit environ 10 milliards de tonnes de pétrole découvertes par an (1 baril correspond à 159 litres). Depuis, ces années 1965, on découvre encore du pétrole, mais de moins en moins. Il semble que l'on ne découvre actuellement qu'environ 3 à 4 milliards de tonnes/an (20 milliards de barils/an), surtout dans des petits gisements ; mais on ne découvre presque plus de grands gisements. Pendant le même temps, la production-consommation a augmenté, passant de 0 à 5 milliards de tonnes/an (0 à 30 milliards de baril/an)

Évolution des découvertes de nouveaux gisements (courbe verte) et de la production-consommation mondiale de pétrole (courbe bleue) depuis 1900, en milliard de barils/an.

Figure 5. Évolution des découvertes de nouveaux gisements (courbe verte) et de la production-consommation mondiale de pétrole (courbe bleue) depuis 1900, en milliard de barils/an.

Ces chiffres sont à prendre avec une certaine réserve, vu le culte du "secret" des compagnies et pays producteurs, mais indiquent sans doute les vraies tendances.

Cité par manicore.com.


Jusque dans les années 1980, on découvrait plus de pétrole qu'on en consommait. Malgré une consommation débridée, les stocks s'accroissaient. Les années 1980 représentent une rupture majeure, que bien sûr décideurs, politiques, média et… particuliers ont ignorée. Depuis les années 1980, on consomme plus de pétrole que l'on en découvre, et on est en train de puiser dans des stocks qui diminuent. À moins de révolutions dans l'exploration et l'exploitation pétrolières, ces deux courbes montrent que, indépendamment des fluctuations conjoncturelles à court terme, la tendance est à une raréfaction inéluctable de la ressource, donc à une augmentation des prix.