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Article | 25/05/2012

Quand la nappe de Beauce, particulièrement basse au printemps 2012, ressort dans les alluvions quaternaires de la Loire

25/05/2012

Pierre Thomas

ENS de Lyon - Laboratoire de Géologie de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

La nappe de Beauce et les sources de Tavers (Loiret).


Introduction

Depuis quelques mois, les météorologues, les pouvoirs publics en général, les responsables agricoles en particulier, s'inquiètent du déficit de pluviométrie qui a régné en France métropolitaine de septembre 2011 à mars 2012, l'époque des précipitations dites efficaces qui rechargent les nappes phréatiques. En effet, à partir du mois d'avril, et jusqu'en août, l'évapotranspiration est si importante que seul un infime pourcentage des précipitations peut gagner les nappes phréatiques et les alimenter. Un printemps et/ou un été pluvieux dispensent certes d'arroser, mais ne rechargent pas les nappes.

Déficit des cumuls de précipitations efficaces en France métropolitaine pendant la période septembre 2011 / février 2012

Figure 1. Déficit des cumuls de précipitations efficaces en France métropolitaine pendant la période septembre 2011 / février 2012

On voit que l'automne-hiver 2011-2012 a été particulièrement déficitaire en précipitation par rapport à la période de référence 1971-2000. Le secteur de la nappe de Beauce étudié ici est localisé par la croix rouge.


Figure 2. Précipitations en mars 2012 en Europe par rapport à la normale (100%)

La situation de la France n'est pas particulière, mais représentative de ce qui se passe dans une bonne partie de l'Europe. La pluviométrie de mars 2012 en Beauce n'a été que de 25 à 50% de la moyenne mensuelle locale.


La nappe de la Beauce

Nous allons étudier le cas d'une nappe précise, la nappe de Beauce, l'une des nappes phréatiques françaises les plus sollicitées par l'agriculture, en regardant (1) ce qu'est cette nappe, (2) la situation ce cette nappe au printemps 2012, et (3) comment se manifeste "sur le terrain" l'existence de cette nappe et sa sortie dans le Val de Loire au niveau d'exutoires situés sur la commune de Tavers (Loiret).

La nappe de Beauce est l'une des grandes nappes phréatiques françaises. C'est une nappe karstique remplissant les cavités et surtout les fissures des calcaires de Beauce, calcaires lacustres déposés à l'Oligocène terminal - Miocène inférieur. Cette nappe couvre 9 000 à 10 000 km2, et a une contenance d'environ 20 milliards de m3 d'eau (18 fois le lac d'Annecy). Elle est limitée par le Loir à l'Ouest, la Seine et quelques-uns de ses affluents au Nord et au Nord-Est, le Loing à l'Est et la Loire au Sud. Dans l'ensemble, il s'agit d'une nappe libre, sauf dans la région à l'Est d'Orléans où elle est recouverte d'argiles miocènes, et ici ou là quand des bancs marneux imperméables s'intercalent dans les calcaires. Cette nappe est limitée à sa base par des niveaux imperméables (à dominante argileuse) d'âge éocène ou crétacé supérieur au Sud et à l'Ouest, oligocène inférieur à éocène ailleurs. Au Nord-Est, cette nappe des calcaires de Beauce peut être en continuité avec des nappes dans les sables de Fontainebleau ou d'autres calcaires oligocènes inférieurs et/ou éocènes.

La Beauce est l'une des régions les plus sèches de France ; la pluviométrie moyenne annuelle y est de l'ordre de 0,6 à 0,7 m/an (moyenne française de 0,85 m/an). Les infiltrations efficaces (l'eau qui rejoint la nappe) sont égales au total des pluies diminuées du ruissellement et de l'évapotranspiration ; elles sont estimées à 0,2 m/an par Ary Bruant (Université d'Orléans) et al. (Étude et gestion des sols, 1997). Pour une surface de 9 000 à 10 000 km2 (1010 m2), la recharge annuelle de la nappe est d'environ 1010 m2 x 0,2 m = 2.109 m3. À l'équilibre, en régime stationnaire et en dehors des prélèvements humains, cette eau qui s'infiltre ressort par les exutoires naturels, dont le débit cumulé doit être égal au débit entrant (2.109 m3/an).

Le débit de ces exutoires naturels est remarquablement stable au cours d'une année "normale", car le volume de la nappe "tamponne" et lisse les variations mensuelles de pluviométrie.

La nappe ayant un volume estimé de 20. 109 m3, on peut calculer le temps de résidence de l'eau dans la nappe : temps de résidence = volume de la nappe / débit entrant (et sortant) = 20. 109 m3/ 2. 109 m3 = 10 ans. Ce temps est relativement court et montre la grande sensibilité de la nappe aux périodes de plusieurs années sèches ou humides cumulées.

Schéma classique d'une nappe phréatique karstique, comme on peut en trouver dans les Causses

Figure 3. Schéma classique d'une nappe phréatique karstique, comme on peut en trouver dans les Causses

Le toit de la surface piézométrique est figuré par le pointillé violet. Le relief au centre du Bassin Parisien est évidemment beaucoup plus faible, et pourrait ressembler à l'image écrasée du bas. Dans cette image du bas, la rivière correspondrait à la Loire, et la falaise dessinée en blanc au calcaire de Beauce


Extrait de la carte géologique de la France au 1/1 000 000 montrant (entres autres) la localisation des affleurements de calcaire de Beauce (jaune clair, m)

Figure 4. Extrait de la carte géologique de la France au 1/1 000 000 montrant (entres autres) la localisation des affleurements de calcaire de Beauce (jaune clair, m)

La nappe de Beauce est contenue dans ces calcaires miocènes, ainsi que dans d'autres niveaux perméables de l'Oligocène (jaune foncé, g) situés au NE. La croix rouge localise les exutoires naturels de Tavers (Loiret) objets de la deuxième partie de cet article.


Carte géologique détaillée de la région de la nappe de Beauce

Figure 5. Carte géologique détaillée de la région de la nappe de Beauce

Cette nappe est principalement contenue dans les calcaires de Pithiviers et les calcaires d'Étampes. Elle peut "déborder" dans les niveaux perméables adjacents ou sous-jacents au NE. La croix rouge localise les exutoires naturels de Tavers (45), objets de la deuxième partie de cet article.


Log stratigraphique synthétique détaillé du Sud et du Sud-Est de la région parisienne, où est situé la nappe de Beauce

Figure 6. Log stratigraphique synthétique détaillé du Sud et du Sud-Est de la région parisienne, où est situé la nappe de Beauce

La sédimentation, souvent lacustre, a déposé des couches de surface limitée, et induit de fréquentes variations latérales de faciès. La nappe de Beauce est principalement contenue dans les calcaires de Pithiviers et d'Étampes, ainsi que localement dans les sables de Fontainebleau et les calcaires sous-jacents. Dans la région du Val de Loire, objet de la deuxième partie de cet article, la nappe de Beauce est contenue dans les calcaires de Pithiviers, qui reposent directement sur la craie du Crétacé supérieur (les calcaires d'Étampes, de Brie… ne se sont pas déposés dans ce secteur du Bassin Parisien), par l'intermédiaire d'un niveau imperméable d'argiles de décalcification et de caillasses datant du Crétacé terminal –Paléocène-Éocène.


Carte de l'altitude de la surface de la nappe (libre) de Beauce

Figure 7. Carte de l'altitude de la surface de la nappe (libre) de Beauce

L'altitude maximale du toit de la nappe se situe vers 150 m, les points bas en dessous de 80 m. L'eau interne à la nappe s'écoule (flèche verte) en direction de ces bas niveaux, vers le N et le NE (la Seine et ses affluents) et vers le Sud (la Loire) en ce qui concerne la fin de cet article. La croix rouge localise les exutoires naturels de Tavers (45), objets de la deuxième partie de cet article. Le trait rouge (1) localise la coupe de la figure suivante.


Coupe schématique Nord-Est / Sud-Sud-Ouest de l'aquifère de la nappe de Beauce, qui s'écoule vers la Seine au NE, et vers la Loire au SSO

Figure 8. Coupe schématique Nord-Est / Sud-Sud-Ouest de l'aquifère de la nappe de Beauce, qui s'écoule vers la Seine au NE, et vers la Loire au SSO

Coupe correspondant au tracé (1) sur la carte précédente.

La flèche rouge situe la situation géologique des exutoires naturels de Tavers (45), objets de la deuxième partie de cet article.


Débit moyen mensuel de la Mauve de la Détourbe (en litres/seconde) mesuré à la station hydrologique de Meung-sur-Loire (45) au cours d'une année « moyenne »

Figure 9. Débit moyen mensuel de la Mauve de la Détourbe (en litres/seconde) mesuré à la station hydrologique de Meung-sur-Loire (45) au cours d'une année « moyenne »

Le terme de Mauves correspond au nom local des ruisseaux affluents de la rive droite de la Loire dans la région de Meung-sur-Loire, ruisseaux alimentés par la nappe de la Beauce. La Mauve de la Détourbe est situé à quelques km des exutoires naturels de Tavers. Le débit de ces ruisseaux varie peu au cours d'une année (d'un facteur 1 à 2) du fait de la présence de la nappe de Beauce qui tamponne les variations saisonnière de pluviométrie. Le débit de la Loire, le grand fleuve de la région, varie beaucoup plus, d'un facteur 1 (en août) à 7 (en janvier).


Les prélèvements annuels par les divers utilisateurs (principalement les agriculteurs) sont estimés à environ 500 millions de m3, ce qui correspond à un quart de la recharge annuelle moyenne. La nappe de Beauce est donc très sensible aux prélèvements humains, absolument non négligeables par rapports aux apports naturels, surtout en périodes d'années sèches successives, périodes où la nappe se remplit peu l'hiver et où l'homme y puise beaucoup l'été.

Répartition des différents types de prélèvements dans la nappe de Beauce sensu lato (nappe des calcaires miocènes mais aussi des sables de Fontainebleau et autres calcaires cénozoïques)

Figure 10. Répartition des différents types de prélèvements dans la nappe de Beauce sensu lato (nappe des calcaires miocènes mais aussi des sables de Fontainebleau et autres calcaires cénozoïques)

C'est l'agriculture le principal consommateur, et de loin. La moyenne des prélèvements annuels est d'environ 500 million de m3.


La Nappe de la Beauce au printemps 2012

Si la nappe de la Beauce est peu sensible aux variations rapides de pluviométrie d'une semaine ou d'un mois sur l'autre, elle est très sensible aux longues successions d'années sèches (avec peu de pluies efficaces et beaucoup de prélèvements) ou humides (beaucoup de pluies efficaces et peu de prélèvements). En atteste les relevés réguliers de la hauteur de la nappe dans des puits équipés de piézomètres, ou l'évolution pluriannuelle du débit des exutoires comme les Mauves, qui risquent de s'assécher certaines suites d'années particulièrement sèches. On peut trouver sur le web des sites locaux faisant état d'asséchement ou de risque d'assèchement de ces ruisseaux alimentés par la nappe de Beauce (par exemple, Les Mauves à sec). Avec les risques de sécheresses aggravées et prolongées qui seront vraisemblablement de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique au cours des décennies à venir, il faudrait songer à réduire les prélèvements, c'est-à-dire changer les cultures. Cultiver du maïs (plante avide d'eau comme toutes les plantes à photosynthèse en C4) dans l'une des régions les plus sèches de France relève d'un aveuglement et d'une méconnaissance des choses de la nature !

Variation de la hauteur du niveau piézométrique à Toury (Eure et Loir) de 1875 à 2008

Figure 11. Variation de la hauteur du niveau piézométrique à Toury (Eure et Loir) de 1875 à 2008

Le niveau oscille de 9 m entre les périodes de basses et hautes eaux. Les baisses importantes sont liées à des suites d'automnes-hivers secs comme de 1890 à 1906, de 1988 à 1994… Les baisses récentes sont plus rapides que les baisses anciennes, du fait de l'augmentation des prélèvements (excessifs ?).


L'automne-hiver 2011-2012, particulièrement sec, est le dernier d'une longue série d'une dizaine d'années présentant un important déficit de pluviométrie. Cela se traduit par un niveau exceptionnellement bas de la nappe de Beauce dans la région du Blésois (entre Blois à Orléans), région dont nous étudierons des exutoires naturels sur la commune de Tavers (Loiret).

Évolution de la hauteur moyenne de la surface de la nappe de Beauce en région blésoise, exprimée en mètre de profondeur dans un puits (à gauche) et en altitude (à droite), pendant le début de l'année hydrologique 2011-2012

Figure 12. Évolution de la hauteur moyenne de la surface de la nappe de Beauce en région blésoise, exprimée en mètre de profondeur dans un puits (à gauche) et en altitude (à droite), pendant le début de l'année hydrologique 2011-2012

La croix rouge marque le 7 avril 2012, date des photos et films présentés par la suite. On voit que l'année 2011-2012 est tout à fait exceptionnelle. Le niveau est bas, intermédiaire entre un niveau quinquennal sec et un niveau décennal sec, ce qui est rare, mais non anormal, puisque cela arrive statistiquement plus d'une année sur dix. Par contre la nappe n'a quasiment pas remonté cet automne et cet hiver, moins que pendant les décennales sèches classiques, montrant par là même l'extrême (et atypique) sécheresse de l'automne-hiver 2011-2012. On remarque aussi que le printemps 2012 très humide n'a pas fait remonter le niveau de la nappe, ce qui est normal du fait de l'activité de la végétation.


Évolution du remplissage des nappes phréatiques de la région Centre en avril 2012

Figure 13. Évolution du remplissage des nappes phréatiques de la région Centre en avril 2012

La majorité des nappes ont un taux de remplissage faible ou très faible, et en baisse en ce printemps 2012. La nappe de Beauce, en baisse elle aussi, n'est pas celle dont le taux de remplissage est le plus faible. L'année 2012 risque d'être dure pour les gros utilisateurs d'eau ! La croix rouge localise la commune de Tavers.


Les sources de Tavers (Loiret)

La nappe de Beauce a de nombreux exutoires visibles, et sans doute de plus nombreux cachés sous les alluvions de la Seine, de la Loire… Les exutoires donnent des sources alimentant des ruisseaux et petites rivières, comme la Juine au Nord, les Mauves au Sud… Très souvent les sources ont été aménagées depuis des décennies voire des siècles en lavoirs, en bassins de pisciculture, en cressonnières…

En général, la nappe de Beauce a une surface libre au sein des calcaires de Beauce, mais elle peut être localement captive entre des bancs de marnes locaux. Quand des portions de nappe localement captives sont situées sous des points bas comme la vallée de la Loire, elles peuvent être artésiennes en cas de forage (cf. par exemple des puits artésiens en… Artois), voire naturellement jaillissantes. C'est le cas de certains exutoires faisant partie d'un ensemble de sources situées dans la commune de Tavers (Loiret), sources connues sous les noms des eaux bleues, des sables mouvants, des sables d'or, des Fontenils… Un circuit pédestre montrant nombre de ces sources est d'ailleurs fléché et aménagé dans et autour du village. Plusieurs de ces sources sont captées ou aménagées en lavoir, et tout à fait accessibles aux amateurs ; d'autres sont collectées dans un grand bassin, situé dans une propriété privée et donc non accessibles aux visiteurs, certaines coulent à flancs de coteau quelques mètres au-dessus du niveau de la plaine de la Loire… D'autres enfin, les plus spectaculaires, sortent par des fissures masquées du calcaire de Beauce, calcaire recouvert de quelques mètres de sables des alluvions quaternaires de la Loire. Nous allons "visiter" ces sources qui donnent lieu à des phénomènes intéressants, que ce soit d'un point de vue géologique ou esthétique. Nous ferons cette visiter sur carte, coupe, images IGN/Google earth, puis en photos et films pris sur place. Tous les films et photos ont été pris le week-end de Pâques 2012 (7 avril), à la fin de cet automne-hiver particulièrement sec.

Cadre géologique de la commune de Tavers, au Sud de Beaugency

Figure 14. Cadre géologique de la commune de Tavers, au Sud de Beaugency

Tout le NE de la figure est occupé par le calcaire de Beauce (m1a). Celui-ci n'est que très peu visible, (sauf sur les versants de la petite vallée au NO de Tavers), car recouvert de sable argileux miocène (m1b) et surtout d'une pellicule d'alluvion wurmienne (CRm1a et LP). Les sources situées dans le village de Tavers sortent de ce calcaire de Beauce. Des dolines (Δ) repérées par des punaises vertes rappellent que la Beauce est affectée d'une morphologie karstique, bien que très souvent masquée par la pellicule d'alluvions et de lœss wurmiens.

Tout le SE de la carte est recouvert par les alluvions holocènes et "modernes" de la Loire (Fy, Fz…). Les sources bouillonnantes, dites des Fontenils, sortent au niveau de la punaise rouge. Les croix bleues localisent (approximativement) les sources situées dans le village.


Coupe géologique dans la région de Beaugency analogue à la situation de Tavers

Figure 15. Coupe géologique dans la région de Beaugency analogue à la situation de Tavers

Le calcaire de Beauce est figuré en rose saumon (m1a), les sables et argiles miocènes en jaune (m1b), l'Éocène imperméable (le mur imperméable de la nappe de Beauce) en orange (e), le Crétacé supérieur en vert (C5) et les alluvions de la Loire en gris clair (Fy et FZ). Le site des sources de Tavers est localisé dans une situation géologique analogue à celle figurée par la flèche rouge.


Carte piézométrique de la nappe des Calcaires de Beauce (état en 1969)

Figure 16. Carte piézométrique de la nappe des Calcaires de Beauce (état en 1969)

La direction des écoulements au sein de cette nappe est figurée par les flèches noires, perpendiculaires aux lignes hydro-isohypses. La zone de sources de Tavers est figurée par la croix rouge.


Vue aérienne et carte topographique obliques du secteur de Tavers (Loiret)

Figure 17. Vue aérienne et carte topographique obliques du secteur de Tavers (Loiret)

Le village de Tavers est situé sur le plateau de Beauce et sur la pente qui le relie à la vallée de la Loire. Le trapèze rouge localise photo et carte (verticales) de la figure suivante.


Vue aérienne et carte verticales à l'ESE du village de Tavers et localisation des points de prise de vues

Figure 18. Vue aérienne et carte verticales à l'ESE du village de Tavers et localisation des points de prise de vues

Chaque croix de couleur localise le plus exactement possible les sites où ont été pris les films et les photos. Le code de couleur est explicité dans la légende de chaque figure.


Coupe schématique simplifiée de ce que pourrait être le substratum du secteur des sources de Tavers avec les contextes des deux différents types de sources, classiques et "bouillonnantes"

Figure 19. Coupe schématique simplifiée de ce que pourrait être le substratum du secteur des sources de Tavers avec les contextes des deux différents types de sources, classiques et "bouillonnantes"

Il y a vraisemblablement un niveau de marnes imperméables sous le village de Tavers. La partie de la nappe située au-dessus est une nappe libre ; les sources qui en sortent au niveau des flancs du val de Loire sont classiques. Sous ce niveau de marnes imperméables, la nappe y est localement captive, et est soumise à une pression hydrostatique notable, due à la hauteur de l'eau à l'extrémité amont de la couche de marnes. L'extrémité aval de cette couche de marnes, recoupée par la vallée de la Loire et recouverte par les alluvions modernes sableuses de ce fleuve, laisse remonter cette eau sous pression, pression suffisante pour qu'elle traverse rapidement les quelques mètres de sable de Loire présent à cet endroit, en occasionnant remous et bouillonnements. D'autres sortie d'eau sous les sables de Loire ont vraisemblablement lieu, mais avec une pression insuffisante pour occasionner des phénomènes visibles en surface. Cette eau issue de la nappe de Beauce doit se mélanger à l'eau de la nappe phréatique de la Loire présente dans ses alluvions quaternaires.


Le bassin des Fontenils

Vue globale du bassin appelé les Fontenils sur les cartes IGN

Figure 20. Vue globale du bassin appelé les Fontenils sur les cartes IGN

Le fond du bassin est constitué de sable de Loire, assez sombre car recouvert d'une micro-pellicule de déchets organiques et/ou de bactéries. Au centre de la photo, le fond a la couleur "jaune clair" caractéristique des sables de Loire propres, car le sable y est retourné et nettoyé en permanence par les remous de la source (source n°1). En haut à gauche de la photo, une agitation dans le bassin révèle l'existence d'une deuxième source (source n°2) visible sur les figures. En ce début avril, le niveau du bassin devrait être plus haut, car (1) la nappe de la Loire, et la Loire elle-même, devraient-être 80 cm à 1 m plus haut que pendant ce printemps 2012 exceptionnellement sec, et (2) le débit des sources issues de la nappe de Beauce devrait être plus important, car la nappe de Beauce, anormalement basse, donne à ces sources une pression (et un débit) anormalement faible.

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source n°1 du bassin des Fontenils, vue générale

Figure 21. Source n°1 du bassin des Fontenils, vue générale

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source n°1 du bassin des Fontenils, vue rapprochée

Figure 22. Source n°1 du bassin des Fontenils, vue rapprochée

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source n°1 du bassin des Fontenils et ses remous de sable fin

Figure 23. Source n°1 du bassin des Fontenils et ses remous de sable fin

Notons que les panneaux indicateurs du village nomment cette source sables mouvants, ce qui n'est pas faux puisque ces sables se meuvent, mais qui est source d'ambiguïté puisque cette mouvance n'a rien à voir avec les sables mouvants "classiques" tels qu'on peut en trouver en baie du Mont St Michel ou ici et là dans le lit de la Loire, où il s'agit de phénomène de thixotropie.

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source n°1 du bassin des Fontenils et ses remous de sable fin

Figure 24. Source n°1 du bassin des Fontenils et ses remous de sable fin

Notons que les panneaux indicateurs du village nomment cette source sables mouvants, ce qui n'est pas faux puisque ces sables se meuvent, mais qui est source d'ambiguïté puisque cette mouvance n'a rien à voir avec les sables mouvants "classiques" tels qu'on peut en trouver en baie du Mont St Michel ou ici et là dans le lit de la Loire, où il s'agit de phénomène de thixotropie.

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source remuant du sable fin, bassin dit les Fontenils,Tavers (Loiret)

Source n° 2 du bassin des Fontenils, vue générale

Figure 25. Source n° 2 du bassin des Fontenils, vue générale

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source n° 2 du bassin des Fontenils, vue rapprochée

Figure 26. Source n° 2 du bassin des Fontenils, vue rapprochée

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source n° 2 du bassin des Fontenils et ses remous de graviers

Figure 27. Source n° 2 du bassin des Fontenils et ses remous de graviers

Contrairement à la source n° 1 qui "remue" du sable fin, cette source n° 2 met en mouvement des graviers beaucoup plus grossiers. Il pourrait s'agir d'une variation locale de la granulométrie des sables sous-jacents. Mais plus probablement, il s'agit d'un tri dû à l'énergie de l'eau qui sort : sortant à une vitesse plus élevée, cette eau de la source n°2 a évacué tous le sable fin, contrairement à la source n°1 où la vitesse de sortie des eaux doit être plus faible.

Site de prise de vue : croix rouge sur la carte de localisation.


Source remuant du gravier, bassin dit les Fontenils,Tavers (Loiret)

Ruisseau amont se jetant dans le bassin des Fontenils

Le bassin des Fontenils reçoit une partie de son eau d'un petit ruisseau long d'environ 150 m de long, lui aussi alimenté par des sources issues de la nappe de Beauce. Ces sources occasionnent remous et bouillonnements. Des sources plus ponctuelles engendrent des morphologies qui ne sont pas sans rappeler des mini-volcans, ou plutôt des mini-volcans de boue comme à Nirano (Italie).

Vue du petit ruisseau se jetant dans le bassin des Fontenils

Figure 28. Vue du petit ruisseau se jetant dans le bassin des Fontenils

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Autre vue du petit ruisseau se jetant dans le bassin des Fontenils

Figure 29. Autre vue du petit ruisseau se jetant dans le bassin des Fontenils

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Une source dans le ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils

Figure 30. Une source dans le ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils

Cette source est située au centre de la photo précédente, sur le bord de la rive gauche du ruisseau (sable plus jaune). Le film qui suit correspondent à cette source.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Source remuant du sable doré au fond d'un ruisseau,Tavers (Loiret)

Une source située en bordure du petit ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils, vue générale

Figure 31. Une source située en bordure du petit ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils, vue générale

Cette source ne se "contente" pas de remuer du sable, elle en apporte (venant du dessous). Cela se voit à l'existence de petits deltas progradants.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Une source située en bordure du petit ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils, vue rapprochée

Figure 32. Une source située en bordure du petit ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils, vue rapprochée

Cette source ne se "contente" pas de remuer du sable, elle en apporte (venant du dessous). Cela se voit à l'existence de petits deltas progradants.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Une source située en bordure du petit ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils

Figure 33. Une source située en bordure du petit ruisseau à l'amont du bassin des Fontenils

Cette source ne se "contente" pas de remuer du sable, elle en apporte (venant du dessous). Cela se voit sur les figures précédentes avec l'existence de petits deltas progradants.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Source remuant du sable et formant de mini-deltas,Tavers (Loiret)

Petites sources en plein milieu du ruisseau amont des Fontenils

Figure 34. Petites sources en plein milieu du ruisseau amont des Fontenils

Chaque source se repère de loin, tache claire de sable propre au sein d'un fond plus foncé car recouvert de débris organiques et de bactéries.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Petite source en plein milieu du ruisseau amont des Fontenils

Figure 35. Petite source en plein milieu du ruisseau amont des Fontenils

Chaque source se repère de loin, tache claire de sable propre au sein d'un fond plus foncé car recouvert de débris organiques et de bactéries.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Petite source en plein milieu du ruisseau amont des Fontenils

Figure 36. Petite source en plein milieu du ruisseau amont des Fontenils

Chaque source se repère de loin, tache claire de sable propre au sein d'un fond plus foncé car recouvert de débris organiques et de bactéries.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Source remuant du sable clair contrastant avec le sable "immobile" recouvert de matière organique,Tavers (Loiret)

Le débit de ces sources devrait être beaucoup plus important qu'il ne l'est en ce printemps 2012, car avril est habituellement la période à laquelle la nappe de Beauce est au plus haut en pays blésois. Cette épisode de bas débit des sources permet d'en voir de nombreuses qui ne fonctionnent plus. Le sable a alors repris sa couleur foncée normale des fonds de ruisseau. Mais chaque point de sortie inactif se présente sous forme d'un petit monticule, parfois avec une forme de volcan à cratère, mais volcan de taille centimétrique. Certains regroupements de mini-volcans ne sont pas sans rappeler de vraies régions volcaniques où abondent les cônes stromboliens. Je n'ai pas pu m'empêcher de chercher une région volcanique terrestre ressemblant sur plusieurs km2 à ce qui ne mesure que quelques dm2 au fond de ce petit ruisseau du Val de Loire.

Au fond du ruisseau des Fontenils, sources inactives

Figure 37. Au fond du ruisseau des Fontenils, sources inactives

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Champs de sources inactives formant autant de mini-volcans éteints au fond du ruisseau des Fontenils

Figure 38. Champs de sources inactives formant autant de mini-volcans éteints au fond du ruisseau des Fontenils

Chaque point de sortie inactif se présente sous forme d'un petit monticule, mimant un de volcan à cratère, mais volcan de taille centimétrique.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Champs de sources inactives formant autant de mini-volcans éteints au fond du ruisseau des Fontenils

Figure 39. Champs de sources inactives formant autant de mini-volcans éteints au fond du ruisseau des Fontenils

Ensemble de mini-volcans de sable à comparer à la vue suivante d'une vraie région volcanique... quelque part sur Terre. Routes et villages donnent l'échelle. Je vous laisse le soin de chercher où se situe cette région volcanique, l'une des plus belles d'Europe.

Site de prise de vue : entre les croix vertes sur la carte de localisation.


Ensemble de cratères volcaniques, quelque part en Europe

Figure 40. Ensemble de cratères volcaniques, quelque part en Europe

À comparer au regroupement de monticules de sources inactives de la figure précédente. Ici, routes et villages donnent l'échelle des cratères. Je vous laisse le soin de chercher où se situe cette région volcanique, l'une des plus belles d'Europe.


Eaux bleues et travertins

Toutes ces sources qui sortent à travers les sables de Loire forment un ruisseau relativement important, avec de magnifiques couleurs bleu. Cette couleur est très fréquentes pour les eaux issues des nappes karstiques, (cf. Eaux bleues d'origine karstique), cas de la nappe de Beauce. Les eaux circulant dans des karsts (calcaires) se chargent d'ions HCO3- et Ca2+ en solution. Quand ces eaux arrivent en surface au niveau d'une source, elles relâchent vers l'atmosphère un peu de CO2. Cette perte de CO2 qui peut être favorisée par la photosynthèse d'algues ou de bactéries photosynthétiques planctoniques déplace l'équilibre des carbonates vers la droite, et entraine un micro-précipité de CaCO3 en suspension dans l'eau : 2 HCO3- + Ca2+<=> CO2 + CaCO3 + H2O. À ce micro-précipité carbonaté peut s'ajouter une micro-suspension d'argile de décalcification.

Dans certaines conditions, les particules de cette micro-suspension ont la bonne dimension et la bonne concentration pour entraîner la diffusion des petites longueurs d'onde de la lumière du jour et donner à ces sources d'exceptionnelles couleurs bleues. Les sources et lieu-dit s'appelant "eaux bleues", "source bleue"… abondent en pays calcaire. C'est le cas du quartier de Tavers où sont localisées ces sources, quartier appelé « les eaux bleues ».

Ruisseau en aval du bassin des Fontenils, caractérisé par une très belle couleur bleue

Figure 41. Ruisseau en aval du bassin des Fontenils, caractérisé par une très belle couleur bleue

La couleur bleue de l'eau est très fréquente dans les eaux issues de nappes karstiques.

Site de prise de vue : croix bleue claire sur la carte de localisation.


Sur le flanc de la vallée de la Loire, à quelques mètres au-dessus du niveau de la plaine alluviale de la Loire, dans une propriété privée, une ou plusieurs sources (probablement non bouillonnantes) sortent à flanc de coteau. Elles sont rassemblées dans un bassin aménagé (la Bouture sur la carte IGN). Ce bassin n'est pas accessible au public, mais peut être vu à travers barrière, haie et arbres depuis la petite route menant aux Fontenils. Sa couleur bleue est exceptionnelle. Les eaux de ce bassin se déversent au moins par deux émissaires, l'un vers le NE, l'autre vers le SO. Celui du NE peut être vu à travers haie et arbres ; l'aval de celui du SO peut être vu sans obstacle d'un chemin public. Dans les deux cas, des mousses se sont installées le long de ces écoulements. Leur photosynthèse absorbant le CO2 entraine une précipitation particulièrement intense de calcaire, formant mini-digues et manchons calcaro-moussus (du travertin) autour de ces points de sortie. On retrouve ici "en petit" ce qui est classique au niveau des émergences karstiques (cf par exemple Dépôts de travertin à la sortie de sources karstiques )

Bassin nommé la Bouture sur la carte IGN, remarquable par sa couleur bleue

Figure 42. Bassin nommé la Bouture sur la carte IGN, remarquable par sa couleur bleue

Situé dans une propriété privée, il ne peut être approché, mais seulement photographié à travers une barrière et une haie.

Site de prise de vue : croix marron sur la carte de localisation.


Un émissaire au NE du bassin appelé la Bouture, émissaire bordé de mini-digues de travertin

Figure 43. Un émissaire au NE du bassin appelé la Bouture, émissaire bordé de mini-digues de travertin

Situé dans une propriété privée, cet émissaire n'est pas accessible, mais seulement visible à travers une haie et une barrière.

Site de prise de vue : croix violette sur la carte de localisation.


Un émissaire au NE du bassin appelé la Bouture, zoom sur les mini-digues de travertin

Figure 44. Un émissaire au NE du bassin appelé la Bouture, zoom sur les mini-digues de travertin

Situé dans une propriété privée, cet émissaire n'est pas accessible, mais seulement visible à travers une haie et une barrière.

Site de prise de vue : croix violette sur la carte de localisation.


Petit canal à l'aval de l'exutoire SO du bassin dit la Bouture

Figure 45. Petit canal à l'aval de l'exutoire SO du bassin dit la Bouture

Chaque point de sortie (qui alimentent un petit "canal ") est manchonné d'un dépôt de travertin. Bien que situés dans une propriété privée, ces points de sortie sont visibles d'un chemin public.

Site de prise de vue : croix bleue foncée sur la carte de localisation.


Aval de l'exutoire SO du bassin dit la Bouture, zoom sur des manchons de travertin

Figure 46. Aval de l'exutoire SO du bassin dit la Bouture, zoom sur des manchons de travertin

Chaque point de sortie (qui alimentent un petit "canal ") est manchonné d'un dépôt de travertin. Bien que situés dans une propriété privée, ces points de sortie sont visibles d'un chemin public.

Site de prise de vue : croix bleue foncée sur la carte de localisation.