Outils personnels
Navigation

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Vous êtes ici : Accueil RessourcesLa dynamique des cyclones

Article | 31/05/2000

La dynamique des cyclones

31/05/2000

Benoît Urgelli

ENS-Lyon / DGESCO

Benoît Urgelli

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Description, naissance, fonctionnement et mort d'un cyclone.


Les images satellitales et les cartes proviennent du Laboratoire de physique appliquée de l'Université Johns Hopkins et du Space science and engineering center (SSEC) de l'Université du Wisconsin à Madison.

Introduction

Le mot cyclone (du grec kuklos qui évoque l'enroulement du serpent) a été utilisé pour la première fois en 1845 à Calcutta pour désigner une tempête tropicale. Le terme a ensuite été généralisé pour désigner toute dépression, notamment le cyclone norvégien. En Extrême Orient, on parle de typhon (Chine : taï fong, Japon : taï fu, Inde : toofan, Arabie : tufan), aux Philippines : baguio, en Australie : willy-willy, aux Caraïbes : hu ra kan qui a donné le terme anglais hurricane et le terme français ouragan.

Vue satellitale du cyclone atlantique Fran, le 04 septembre 1996

Les cyclones sont les plus importantes tempêtes de notre planète. Ils se forment au-dessus des eaux tropicales, entre 5° et 20° de latitude, à l'exception des régions du Sud-Est Pacifique et de l'Atlantique Sud.

Description

Les cyclones sont définis comme des perturbations tropicales associées à des vents dont la vitesse est supérieure à 120 km/h et dont le mouvement est une rotation spiralée. Le diamètre de ce type de perturbation est de 600 km en moyenne. Le cyclone peut s'étendre jusqu'à 12 km d'altitude au dessus de la surface océanique.


Course du cyclone du 15 au 29 septembre 1998.

Tempêtes tropicales et cyclones dans l'Atlantique Nord, en 1998.

Tempêtes tropicales et cyclones dans l'Atlantique Nord, en 1999.

En fonction de la vitesse des vents, on distingue les dépressions tropicales (TD) avec des vents dont la vitesse n'excède pas 60 km/h, les tempêtes tropicales (TS, tropical storm) avec des vents dont la vitesse est comprise entre 61 et 119 km/h. Chaque année, entre 80 et 100 tempêtes tropicales se développent mais seulement la moitié se transforme en cyclones.

Tableau 1. Échelle d'intensité des cyclones

Catégorie de cyclone

Pression au centre (mbar)

Vitesse des vents (km/h)

Dégâts

1

>980

119-153

minimum

2

965-979

154-177

modérés

3

945-964

178-209

étendus

4

920-944

210-250

extrêmes

5

<920

>250

catastrophiques


De l'extérieur vers l'intérieur de la perturbation cyclonique, la pression passe de 1 010 mbar à 950 mbar, ce qui correspond à une dépression de 60 mbar. Ce gradient de pression est à l'origine de vents violents qui s'enroulent en spirale vers l'intérieur de la dépression. Les mouvements sont également ascendants et ils se forment au cours de l'ascension des cumulonimbus. Il y a donc une convection active autour du centre du cyclone appelé œil.

C'est autour de l'œil que les vents et les précipitations sont les plus forts. L'œil forme un immense Colisée entouré d'une muraille de cumulonimbus qui s'élèvent jusqu'à la tropopause. Les précipitations sont considérables et violentes et se produisent sous l'anneau de cumulonimbus. Le cirque de Cilaos à La Réunion, en a reçu 1 870 mm en 24 heures...

À la surface de l'océan, la dépression entraîne la formation d'un véritable dôme d'eau. L'élévation est de 1 cm par hPa (1 hPa = 1 mbar). Pour une chute de pression de 100 hPa, le niveau de la mer s'élève donc de 1 m. Cette hausse est accentuée par la tension du vent sur l'eau orientée vers le centre du cyclone.

L'œil, zone de 10 à 50 km de large, renseigne à maturité sur l'intensité du phénomène : étroit, il indique un cyclone violent, large, un cyclone peu violent, l'élargissement de l'œil étant souvent le signal du déclin.

Mécanisme de formation et dynamique cyclonique

Le cyclone est une machine thermique dont l'énergie provient de la chaleur latente libérée par la condensation de la vapeur d'eau. La quantité d'énergie nécessaire au fonctionnement du cyclone est équivalente à l'énergie électrique produite par les États-Unis pendant une année entière. Cette chaleur réchauffe l'air, il se produit une dépression près de la surface océanique à l'origine d'un flux d'air rapide vers le cœur de la dépression. Les cyclones se forment à la fin de l'été, lorsque la température de surface des eaux océaniques devient supérieure à 27°C.


Cette donnée thermique permet de comprendre la zonéographie des cyclones. Dans ces conditions, il y a dans l'air une quantité d'humidité et de chaleur suffisante pour amorcer le phénomène. Mais la température de surface de l'océan n'est pas le seul facteur qui explique la zonéographie de ces perturbations. La force de Coriolis intervient aussi. Entre 0° et 5° de latitude, l'intensité de cette force n'est pas suffisante (et même nulle à l'équateur) pour initier le mouvement de rotation caractéristique du cyclone.

Au cours de l'évolution du phénomène cyclonique, on peut distinguer des mouvements à deux échelles différentes :

  • la rotation du cyclone lui-même qui résulte des effets combinés de Coriolis et du gradient de pressions atmosphériques à l'origine de la dépression ;
  • le déplacement du cyclone au dessus de l'océan influencé par l'orientation des vents et également l'effet Coriolis.

Disparition du cyclone

Lorsque les eaux océaniques ne fournissent plus assez de chaleur et d'humidité à l'atmosphère, l'intensité du cyclone diminue. De même, lorsque le cyclone passe au-dessus d'une zone continentale, il perd sa source d'humidité et de chaleur et les frottements avec la surface continentale ralentissent sa course. On comprend pourquoi les dégâts causés par les cyclones sont souvent limités à 200 km à l'intérieur des côtes.

Bibliographie

F. Lutgens, E. Tarbuck, Foundations of Earth Science, Prentice Hall, 1996.

M. Leroux, La dynamique du temps et du climat, Ed. Masson, 1996.