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Image de la semaine | 13/10/2003

Les ruines du barrage de Malpasset (Var)

13/10/2003

Pierre Thomas

ENS de Lyon - Laboratoire des Sciences de la Terre

Emmanuelle Cecchi

Florence Kalfoun

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Les restes du barrage de Malpasset (Var), 26 ans après la catastrophe du 2 décembre 1959.


Vue d'ensemble des restes du barrage de Malpasset (Var)

Figure 1. Vue d'ensemble des restes du barrage de Malpasset (Var)

Restes du barrage de Malpasset suite à la catastrophe du 2 décembre 1959. La photographie est prise de l'aval.


Le barrage de Malpasset (nom prédestiné) est un exemple d'échec et d'insuffisance d'études géologiques faites à l'occasion de grands travaux de génie civil.

Le barrage de Malpasset était un barrage voûte, construit en 1954 sur le fleuve côtier le Reyran. Il a été construit sur un substratum schisteux ; il était donc prévu que l'eau puisse s'infiltrer dans la schistosité. Mais ces infiltrations, vu le pendage de la schistosité, ne devaient théoriquement prêter à aucune conséquence. Mais des études géologiques insuffisantes (forages pas assez profonds) n'avaient pas détecté la présence d'une faille profonde recoupant cette schistosité. L'eau sous pression arrivant par la schistosité a pu pénétrer le long du plan de faille, et la forte pression de l'eau à eu tendance à écarter les 2 compartiments de part et d'autre du plan de faille (schéma). Le compartiment supérieur, désolidarisé du comportement inférieur, s'est décollé sous la moitié Sud-Est du barrage, et tout le substratum Sud-Est du barrage a pivoté, et est “parti”, emportant avec lui la moitié orientale de la muraille du barrage, qui s'est évidemment rompue.

Cette catastrophe a eu lieu le 2 décembre 1959, à 21h 13. Une énorme vague de 50 m de haut s'engouffra dans la vallée du Reyran à 70 km/h. Elle déboucha dans la plaine côtière en s'étalant, atteignit Fréjus à 21h 33, fit 423 morts avant de se jeter dans la mer. En nombre de mort, c'est la deuxième catastrophe civile du 20ème siècle en France métropolitaine après le coup de grisou de Courrières (bassin houiller du Nord-Pas de Calais) qui fit plus de 1000 morts.

La première photographie est une vue d'ensemble des restes du barrages (photographie prise de l'aval). On voit bien (hélas dans l'ombre) l'endroit où le socle du barrage a cédé et où il ne reste plus aucun fragment de mur (rive gauche). L'Ouest du barrage (rive droite), où le substratum n'a pas cédé, est bien conservé. La deuxième photographie a été prise depuis la rive gauche en direction de ce qui reste du barrage sur la rive droite. Les troisième et quatrième photographies montrent le contact béton du barrage sur socle micaschisteux au niveau de la rive droite, contact qui n'a pas cédé lors de la catastrophe. La cinquième photographie montre d’énormes blocs de béton transportés vers l’aval par la vague. On trouve de tels blocs sur plusieurs centaines de mètres en aval du barrage. La sixième photographie montre un détail d'un de ces blocs.

Les photographies ont été prises en 1995 ; depuis 1959, la végétation a bien sûr repoussé à la place de l'ancien lac.





Détail sur un bloc transporté par la vague en aval du barrage de Malpasset

Figure 6. Détail sur un bloc transporté par la vague en aval du barrage de Malpasset

Ce bloc est mixte. À droite, il est constitué de béton (béton qui ressemble à une brèche). À gauche, il s'agit de micaschistes. Des barres de fer dépassent et du béton et des micaschistes, ce qui montre que le contact béton/substratum avait été renforcé.


Pour en savoir plus : site du service d'Hydrodynamique et de constructions hydrauliques (Université de Liège), site de l'École des Mines de Nancy.