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Image de la semaine | 24/03/2014

La caldeira des Sept Cités (Sete Cidades), île de Sao Miguel, Açores (Portugal)

24/03/2014

Pierre Thomas

ENS de Lyon - Laboratoire de Géologie de Lyon

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Caldeira principale hébergeant lacs, cônes, maars juxtaposés ou emboîtés. Açores et légende de l'Atlantide.


La Caldeira des Sept Cité (Sete Cidades) vue de son rebord Nord, île de Sao Miguel, archipel des Açores (Portugal)

Figure 1. La Caldeira des Sept Cité (Sete Cidades) vue de son rebord Nord, île de Sao Miguel, archipel des Açores (Portugal)

Au premier plan, le Lagoa Azul.

Vue de puis le point noté "Panorama 1" sur la vue générale annotée (ci-après).


La caldeira des Sept Cités (Sete Cidades) est sans doute l'une des plus belles des Açores. Il s'agit d'une caldeira approximativement circulaire, de 5 km de diamètre, 300 à 500 m de profondeur et dont le fond est occupé par deux lacs communicants : le Lagoa Verde et le Lagoa Azul (respectivement, Lac Vert et Lac Bleu). Six cônes pyroclastiques post-caldeira (dont deux occupés par des petits lacs) agrémentent le fond de la caldeira. Cette caldeira entaille le sommet du volcan des Sept Cités, strato-volcan dont les plus vieilles laves datées ont 210 000 ans. Ce strato-volcan est constitué d'un empilement de coulées et de couches de retombées pyroclastiques acides ou basiques, le tout étant perforé de dykes et de dômes acides. Ce strato-volcan culmine aujourd'hui à 856 m, soit environ 3000 m au-dessus du plateau basaltique qui constitue le sous-bassement de l'archipel des Açores, soit 4000 m au-dessus de la plaine abyssale locale.

D'après les datations radiochronologiques, la caldeira se serait formée en plusieurs étapes dont la plus importante, il y a 22 000 ans, aurait donné à la caldeira ses dimensions actuelles. Ces étapes de formation de la caldeira étaient dues à l'émission d'un grand volume de ponces trachytiques. Depuis cette date, au moins 22 éruptions post-caldeira ont eu lieu, au moins 6 dans l'enceinte de la caldeira elle-même, et au moins 16 sur les flancs du strato-volcan. Les volcans internes à la caldeira sont des cônes pyroclastiques trachytiques avec une forte composante phréato-magmatique. D'après les chroniques historiques, 6 éruptions sous-marines (juste à l'Ouest de la côte) ont eu lieu depuis 1638 ; la dernière a eu lieu en 1880. Il y a eu deux éruptions historiques aériennes, une à l'intérieur de la caldeira en 1444 (Caldeira Seca ?) et une sur le flanc Ouest du volcan en 1713, qui a donné le Pico das Camarinhas et la Ponta da Ferraria.

La beauté et l'étrangeté des paysages avec ces lacs, le fait qu'une éruption ait eu lieu juste après l'arrivée des premiers colons portugais, tout a participé à faire de ce site l'objet de multiples légendes. L'une d'elles disait qu'il y avait sept villes dans cette caldeira, qui furent détruite par l'éruption qui a suivi l'arrivée des Portugais (rappelons que les Açores n'étaient pas peuplées quand sont arrivés les premiers Portugais). Il n'en faut pas plus pour que les Açores en général, et la caldeira des Sept Cités en particulier soient parmi les candidats à être des reliques de l'Atlantide.

Nous allons, en 7 panoramas, faire le tour de la caldeira, puis zoomer sur quatre des 6 édifices phréato-magmatiques trachytiques qui parsèment son plancher. Le climat de cet archipel étant très changeant, nous passerons du soleil à un temps nuageux, parfois plusieurs fois par jours. Nous ferons aussi, bien sûr, une allusion à l'Atlantide.

Vue aérienne brute de la caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 2. Vue aérienne brute de la caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

On voit très bien la forme circulaire de cette caldeira (diamètre de 5 km), les deux grands lacs (Lagoa Azul au deuxième plan et Lagoa Verde au premier plan), les petits édifices post-caldeira qui parsèment son plancher, dont deux qui ont leur cratère sommital (des maars) occupés par un lac.


Vue aérienne annotée de la caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 3. Vue aérienne annotée de la caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

On voit très bien la forme circulaire de cette caldeira (diamètre de 5 km), les deux grands lacs (Lagoa Azul au deuxième plan et Lagoa Verde au premier plan), les petits édifices post-caldeira qui parsèment son plancher, dont deux qui ont leur cratère sommital (des maars) occupés par un lac.

Sont repérés sur cette figure les sites de prise de vue des panoramas (numéroté "Panorama 1" à "Panorama 7"), les quatre volcans post-caldeira détaillés (appelé "Volcan 1" à "Volcan 4") et les deux autres volcans post-caldeira ("V5" et "V6").


La caldeira des Sept Cités et le Lagoa Azul, Açores (Portugal)

Figure 4. La caldeira des Sept Cités et le Lagoa Azul, Açores (Portugal)

Vue depuis le point "Panorama 2", au Nord de la caldeira.


La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 5. La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Vue depuis le point "Panorama 3", à l'Est de la caldeira.

Au premier plan, le Lagoa de Santiago qui remplit le cratère d'un édifice post-caldeira.


La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 6. La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Vue depuis le point "Panorama 4", au Sud de la caldeira.

Au premier plan, le Lagoa Verde ; à l'arrière- plan, le Lagoa Azul.


La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 7. La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Vue depuis le point "Panorama 5", au Sud-Ouest de la caldeira


La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 8. La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Vue depuis le point "Panorama 6", au Nord-Ouest de la caldeira.

Au premier plan, le Lagoa Azul.


La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Figure 9. La caldeira des Sept Cités, Açores (Portugal)

Vue depuis le point "Panorama 7", au Nord-Nord-Ouest de la caldeira.

Au premier plan, le Lagoa Azul.


Vue d'ensemble sur deux édifices post-caldeira dont les cratères sont occupés par des petits lacs

Figure 10. Vue d'ensemble sur deux édifices post-caldeira dont les cratères sont occupés par des petits lacs

Le Lagoa de Santiago, au premier plan ("Volcan 1"), et le Lagoa Rasa ("Volcan 2"), à peine visible au deuxième plan à gauche. Ces deux lacs occupent des maars phéato-magmatiques trachytiques. Le maar du Lagoa Santiago recoupe le croissant de débris entourant le Lagoa Rasa. Il est donc plus jeune.


Vue détaillée sur le Lagoa de Santiago, île de Sao Miguel, archipel des Açores (Portugal)

Figure 11. Vue détaillée sur le Lagoa de Santiago, île de Sao Miguel, archipel des Açores (Portugal)

On, devine le Lagoa Rasa ("Volcan 2") à peine visible au deuxième plan à gauche.


Vue détaillée sur le Lagoa Rasa, qui occupe le cratère (maar) sommital d'un cône pyroclastique phréato-trachytique

Figure 12. Vue détaillée sur le Lagoa Rasa, qui occupe le cratère (maar) sommital d'un cône pyroclastique phréato-trachytique

Le maar du Lagoa Santiago (à droite) recoupe le cône pyroclastique du Lagoa Rasa, à gauche. Il est donc plus jeune.


Vue sur la Caldeira Seca ("Volcan 3"), nom local du cône phréato-trachytique dont le maar sommital n'est pas occupé par un lac

Figure 13. Vue sur la Caldeira Seca ("Volcan 3"), nom local du cône phréato-trachytique dont le maar sommital n'est pas occupé par un lac

Rappelons que caldeira, en portugais, signifie "chaudron" et que ce mot n'a pas forcément une signification géologique et génétique. Ce serait ce volcan qui aurait été en éruption en 1444.


La Caldeira do Alferes ("Volcan 4"), nom local de ce quatrième cône phréato-trachytique dont le maar sommital n'est pas occupé par un lac

Figure 14. La Caldeira do Alferes ("Volcan 4"), nom local de ce quatrième cône phréato-trachytique dont le maar sommital n'est pas occupé par un lac

Rappelons que caldeira, en portugais, signifie "chaudron" et que ce mot n'a pas forcément une signification géologique et génétique. Ce serait ce volcan qui aurait été en éruption en 1444.



Vue aérienne de l'île de Sao Miguel aux Açores (Portugal)

Figure 16. Vue aérienne de l'île de Sao Miguel aux Açores (Portugal)

La caldeira des Sept Cités correspond à la punaise jaune. Deux autres caldeiras sont très visibles dans la morphologie : la caldeira du Fogo (punaise rouge) et celle de Furnas (punaise verte). Une quatrième caldeira dont il ne reste que la moitié Nord est visible à l'Est de celle de Furnas : la demi-caldeira de Povoacao. La présence de trois caldeiras, toutes trois remplies d'un lac profond, le fait que chacune de ces caldeira ait donné lieu à des éruptions historiques peu après l'arrivée des Européens (1444 pour les Sept Cités, 1563 pour Fogo et 1439 pour Furnas) … tout a participé à rendre ces lieux mystérieux. Et la légende s'en est emparée et a fait de ces caldeiras la porte de l'Atlantide engloutie.


La caldeira des Sept Cités et l'Atlantide dans la bande dessinée

Figure 17. La caldeira des Sept Cités et l'Atlantide dans la bande dessinée

Associer les Açores à l'Atlantide est assez classique. Edgar P. Jacobs, en 1955, en a fait le cadre de son album L'énigme de l'Atlantide dans la série des aventures de Blake et Mortimer. (album paru en 1957 après publication en épisodes dans le Journal de Tintin en 1955 et 1956). L'auteur s'était bien renseigné sur la géographie locale avant d'écrire son scénario et de dessiner ses planches. Le rapprochement entre une photo prise en 2007 et un des planches de l'album (p. 63) dessinée avant 1957 en est la preuve.


Blake et Mortimer à Sao Miguel

Figure 18. Blake et Mortimer à Sao Miguel

Dans le septième album des aventures de Blake et Mortimer, L'énigme de l'Atlantide, les héros sont amenés à se rendre sur l'île de Sao Miguel, dont une vue aérienne est dessinée en première page, dans la caldeira des Sete Cidades (vignette 8 p.63 représentée sur la figure précédente).


Localisation des îles de Sao Miguel (punaise jaune) et de Faial (punaise rouge) sur le plateau basaltique des Açores, au niveau de la dorsale atlantique