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Image de la semaine | 25/09/2006

Icebergs et variations climatiques dans les Alpes

25/09/2006

Pierre Thomas

ENS de Lyon - Laboratoire des Sciences de la Terre

Olivier Dequincey

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Icebergs au lac de Bellecôte et régression des glaciers alpins.


Icebergs au pied du glacier de Bellecôte (Savoie)

A 20 minutes de marche du glacier de la Chiaupe (cf. semaine dernière), on peut atteindre le petit glacier de Bellecôte, par un chemin carrossable. Ce petit glacier, de type « glacier de cirque » se jette dans un petit lac, et c'est l'occasion de découvrir des icebergs, spectacle assez rare en France. La photo 1 montre ces mini-icebergs dans le lac.

Le glacier de Bellecôte et son lac (Savoie)

La photo 2 montre le cadre général de ce petit glacier de cirque se jetant dans un petit lac. On voit la différence entre le glacier proprement dit (les 3 / 4 gauche) et une plaque de neige de l'hiver 2005-2006 non encore fondue (à droite).

Des icebergs à échelle humaine

La photo 3 donne l'échelle de ces petits icebergs, et montre bien que découvertes géologiques et vacances familiales ne sont pas incompatibles.

Le glacier, 1er août 2006 pour référence

La photo 4, prise le 1er août 2006, permet d'appréhender de façon concrète les effets du réchauffement climatique de ces cinquante dernières années.

Grâce au site Geoportail, il est possible d'avoir la carte IGN précise de tout endroit de France, par exemple des glaciers de Bellecôte et de la Chiaupe (voir image 5).

Une carte IGN est un document à plusieurs « couches » : le fond topographique (courbes de niveau, falaises et rochers, glaciers, cotes, réseau hydrographique …), la végétation (forêts, champs, friches …), les constructions humaines (agglomérations isolées, bâtiments, routes …). Lors de la nouvelle édition d'une carte, l'IGN ne change sans doute pas toutes les couches. En particulier on peut supposer qu'à chaque édition, la couche « humaine » est révisée, alors que la couche « topographique » (qui ne change que très peu) ne l'est pas systématiquement. L'IGN ne donne pas la date de la version de la carte disponible sur son Geoportail, et encore moins la date de la dernière révision du fond topographique.


L'image 5 montre le glacier de Bellecôte (en haut) et le glacier de la Chiaupe (cf. semaine précédente) en bas. Le petit lac au pied du glacier de Bellecôte est figuré sur la carte (entre les mots « de » et « Bellecôte », mais il est au moins 2 fois plus petit sur la carte qu'il ne l'est aujourd'hui. Le glacier de Bellecôte lui même comprend deux parties : un glacier de cirque au SE (là ou il est écrit Bellecôte sur la carte), et un glacier/névé permanent allongé sur le flanc NE d'une crête, au NO du lac (là ou il est écrit « glacier de »). Cette deuxième partie du glacier a aujourd'hui disparu. Le point indiqué par la flèche rouge sur la carte, au milieu de ce glacier, correspondait (le 1er août 2006) à des cailloux (flèche rouge sur la photo 4).

Sur la carte, j'ai dessiné approximativement les limites « 2006 » des glaciers de Bellecôte et de la Chiaupe sous forme d'une ligne pointillée bleue ; la grotte de glace de la semaine dernière est marqué par un * bleu.

D'après ce que je sais du recul de ces glaciers de la Plagne, on peut proposer que le fond topographique date des années 1970 à 1980.

Une image de ce même glacier (appelé glacier Nord de la Chiaupe) prise pendant la canicule de 2003 avait déjà été proposée par Planet-Terre en septembre 2003, et permettait d'estimer à plus d'1,2 m la diminution d'épaisseur de ce glacier pendant la première moitié de l'été 2003.

Si la date de la révision du fond topographique n'est pas précisée, la date de prise de vue aérienne de Geoportail l'est. Pour la Savoie, les photos du Geoportail datent de 2001. On pourrait donc en théorie comparer la taille (photographique) du glacier en 2001 avec sa taille (cartographique) en 1970-1980. Ce n'est hélas pas possible pour ces 2 glaciers car quand la photo a été prise, il restait de la neige (non permanente) pas encore fondue (photo sans doute prise en début d'été). Il est impossible de distinguer glaciers et névés permanents de plaques de neige temporaires non encore fondues.

Par contre, si on regarde le mont Pourri, le haut sommet voisin (photos 6 et 7), on peut très bien voir ce recul. En effet, il n'y avait plus de neige temporaire quand la photo IGN (image 8) a été prise, mais seulement les glaciers et la neige éternelle. La comparaison entre l'état photographique du glacier en 2001 et l'état cartographique du glacier en 1970-1980 permet d'estimer ce recul à 300 m.


Image 8 : Comparaison entre l'état (photographique) de 2001 et l'état (cartographique) de1970-1980 du Glacier Sud de la Gurraz (versant NE du Mont Pourri). Photo et carte sont exactement à la même échelle et recouvrent exactement la même surface. Sur la photo, la limite du glacier est renforcée par une ligne blanche.

Ce qui est possible pour certains glaciers des environs de La Plagne (ceux du Mont Pourri) l'est bien sûr pour de très nombreux autres glaciers des Alpes : il suffit qu'il n'y ait plus de neige temporaire quand la photo aérienne a été prise.

A titre d'exemples, nous vous montrons les fonds topographiques (relativement anciens) et photos aériennes (plus récentes) du Glacier des Bossons près de Chamonix (photo 9) et du Glacier de Sarenne (près de l'Alpes d'Huez, photo 10). Dans ces deux cas, en particulier dans le deuxième, le recul qui s'est fait pendant la trentaine d'années séparant établissement de la carte et photo aérienne est nettement visible. En vous promenant sur le Geoportail dans les Alpes ou les Pyrénées, vous trouverez de nombreux autres exemples, mine d'activité à faire faire à vos élèves.

Dans les semaines qui viennent, nous essaierons de commander à l'IGN toute une série de photos aériennes d'un même glacier, depuis les premiers survols (avant la deuxième guerre mondiale) jusqu'à aujourd'hui.