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Article | 24/10/2002

Enseigner les variations climatiques en terminale

24/10/2002

Bernard Dupré

Laboratoire des Mécanismes et Transferts en Géologie, Université Paul Sabatier de Toulouse

Benoît Urgelli

ENS de Lyon / DGESCO

Résumé

Intervention de Bernard Dupré sur l'enseignement de la variation des climats et de l'interaction entre les réservoirs terrestres.


Enseigner les variations climatiques en terminale

Durée ~ 4min30s.

Retranscription écrite de l'intervention de Bernard Dupré, le jeudi 24 octobre 2002 à l'ENS-Lyon, dans le cadre du Plan Académique de Formation sur les paléoclimats organisé par l'ENS-Lyon et l'Inspection Régionale :

« À travers cet exposé sur les variations climatiques qui n'a pas été fait comme dans les livres, je voulais vous faire comprendre que, traditionnellement, les Sciences de la Terre c'était la tectonique des plaques, la structure interne du noyau, l'évolution des réservoirs géochimiques, la formation des chaînes de montagnes... En raison des problèmes anthropiques de variations climatiques, ces thématiques ont été remplacées par la question d'avoir un modèle de Terre qui explique l'ensemble des échanges entre les différents réservoirs du globe.

Il y a 10 à 15 ans, les océanographes travaillaient dans leur modèle d'océanographie, les gens de l'atmosphère travaillaient dans leur modèle d'atmosphère, les gens des Sciences de la Terre travaillaient dans la géodynamique interne... Ce que certains appellent la révolution des Sciences de la Terre, c'est que pour les 20 ans à venir, on est obligé de bâtir un modèle complet de Terre dans lequel tous les systèmes interagissent. Ce modèle permettra d'avoir un approche prédictive du climat mais aussi de remonter dans le climat du passé. C'est le défi de ces prochaines années.

Enseigner le climat aux élèves de terminale, c'est donc leur faire comprendre que la Planète est un ensemble global et qu'il y a des interactions entre les réservoirs.

Ce que j'essaie de faire comprendre à l'Université, c'est que l'on a changé la manière de voir les choses et vous enseignants du secondaire, vous avez la chance unique de faire comprendre aux jeunes que l'on est dans une phase de révolution où l'on aborde les problèmes de manière complexe et que derrière il y a un enjeu très important : celui du devenir de la planète, qui oblige les gens à se parler, ce qui ne se faisait pas auparavant.

Quand on présente le climat récent, on aborde l'interaction de l'homme avec le milieu naturel. Pour le climat passé, ce sont les interactions entre les différentes enveloppes du globe, et pour le climat aux échelles de temps du million d'année, les interactions entre la dynamique interne et la dynamique externe. On ne fait pas intervenir ces interactions lorsqu'on travaille sur les derniers 400 000 ans où on regarde comment le système réagit aux variations d'insolation.

Cette approche scientifique de la Planète est passionnante. Mais c'est également une culture, avec un certain nombre de chiffres : combien de temps faut-il pour repomper le CO2 dans les processus naturels ?

Lorsqu'on a la réponse, on est obligé de prendre la décision politique de restocker ce CO2... On développe alors des programmes pour étudier comment transférer du CO2 de l'atmosphère vers les aquifères ou au fond de l'océan, avec tous les problèmes associés.

Si je fais des conférences en milieu rural, en milieu éducatif… c'est parce que je suis convaincu qu'il y a une palette disciplinaire riche derrière ces problèmes d'environnement et qu'il faut faire passer ce message.

Si on forme nos jeunes à cela, lorsqu'ils entendront dans 10 ans parler des flux de CH4 qui sortiront de Sibérie et qui vont modifier l'équilibre de notre système, ils seront préparé, changeront leur habitude et peut-être se passionneront pour des activités de recherche dans ce domaine

Personnellement, cela fait presque 30 ans que je travaille sur ces cycles globaux. Je pense que l'on a la chance d'être dans un milieu scientifique extraordinaire avec des questions majeures à faire passer à l'ensemble de la population ».